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Editorial Politique

 EDITORIAL  POLITIQUE & ECONOMIQUE 


LES CONSEQUENCES DU BREXIT   SUR  L’UNION EUROPEENNE (UE)


PROLOGUE

Perçu en Europe comme un risque majeur, le Brexit pourrait être une opportunité pour  transformer  en profondeur l’Union  européenne . En effet, le 23 juin 2016, restera une date historique dans l’histoire  du Royaume-Uni, mais  aussi  de l’Union européenne .  Pour permettre , pour la première fois ,  à la population  d’un pays décidait  par 52% de voix lors d’un référendum, de mettre fin à son statut d’Etat membre de l’Union européenne .

Peu de responsables politique , y compris  parmi ceux qui ont soutenu cette sortie  au sein du parti conservateur , pensaient que le résultat final serait celui-ci .  A 22 heures, le soir  du référendum , un sondage  de YouGov, diffusé   par la télévision britannique  annonçait encore la  victoire de 52% pour les partisans  du maintien .  Les résultats s’inversèrent rapidement au cours de la nuit , montrant une carte électorale très fragmentée . Si l’Ecosse  et l’Irlande  du Nord  ont voté  majoritairement  pour rester dans l’Europe, l’Angleterre ( l’exception du grand Londres)  et quelques métropoles importantes (Birmingham, Leeds, ou Liverpool)se sont prononcés majoritairement pour   la  sortie  de l’Union .

Nommé  première Ministre, le 11 juillet  2016, suite  la démission  du conservateur David Cameron, la nouvelle occupante du  10 Dowding Street, Theresa May, membre du même parti , ayant annoncé qu’elle aurait recours l’article 50 du traité de l’Union européenne , organisant la sortie  formelle , d’ici la fin mars 2017 .

Elle doit  cependant  faire face à des clivages  au sein de sa propre formation entre partisans  du Brexit dur (visant à sortir complètement de l’Union ) et les partisans du Brexit souple , qui permettait  au Royaume-Uni  de conserver les bénéfices  du marché intérieur  européen .

DANS PLUSIEURS PAYS, LES PARTIS  D’EXTRÊME DROITE APPELLENT A DES REFERENDUMS DE SORTIE DE L’UNION EUROPEENNE !

En Europe, le Brexit  est perçu comme une crise supplémentaire  qui s’ajoute à  celle de l’Union économique et monétaire (UEM) ayant particulièrement frappé  l’Europe du Sud depuis 2008 et celle des réfugiés   s’est cristallisé avec l’accueil  par l’Allemagne d’un million de réfugiés , à partir de 2015 .

En effet, le Brexit défie toutes les théories de l’intégration européenne élaborés par des politiciens   : depuis longtemps ils « conceptualisent «  la crise  de l’Union européenne  comme un moyen d’aller  de l’avant par la recherche d’un compromis. Cette fois-ci le scénario   de la désintégration  de l’Union  devient un scénario plausible «   .  

LES MARCHANDISES, MAIS PAS LES HOMMES

Plusieurs partis politiques d’extrême droite  , comme le PVV,  ( Parti pour la liberté ) aux Pays-Bas  ou le Parti  du peuple  danois (DF), appellent à des référendums identiques de sortie de l’Union .  D’autres, comme le Front national  en France, ou le mouvement  cinq étoiles en Italie , se contenteraient  d’une version plus édulcoré , en appelant seulement  à une sortie  de l’UEM. Face à ces tendances lourdes , des mouvements populistes , la réaction des gouvernements des vingt-sept est une  fois de plus  embarrassée . Comment traiter la question  du Brexit sans enflammer  les anti-européens  chez soi ?


En effet, malgré le discours très dur   de Theresa May,  au  congrès du parti conservateur, début octobre 2016, la diplomatie britannique pourrait  chercher à négocier un accord sur une relation privilégiée avec l’Union européenne qui soit  plus favorable aux intérêts de  ses entreprises , lesquelles exportent  encore 45% de  leurs produits vers  le continent .

Pour elle, la situation idéale,  serait la signature  d’un accord  qui  permettrait de rester dans l’Union  pour bénéficier des facilités du marché extérieur , tout  étant pas tenu par les dispositions  de  la libre circulation des personnes  ( l’immigration un sujet essentiel pour  les partisans du Brexit , si possible, sans contribuer au budget européen . Cependant la chancelière allemande Angela Merkel et le président français  François Hollande avaient fait savoir que la non - application du principe de la libre circulation des personnes  serait  inacceptable .  Cela   reviendrait   en effet à rompre le principe  fondateur du marché intérieur . 

En effet, si le Royaume –Uni  veut rester dans le marché intérieur , que ce soit à travers le mécanisme multilatéral  de l’Espace économique européen ( comme la Norvège  et l’Islande ) , ou un accord unilatéral  ( comme la Suisse), il faudra  accepter  la libre circulation des personnes. Sinon , seul un accord de libre-échange  semblable à celui difficilement négocié par l’Union européenne avec le Canada pourra entrer en vigueur  .


UNE  UNION    EUROPEENNE    A   DEUX  OU PLUSIEURS  CERCLES  …


Cependant, le Brexit  pourrait être plus largement l’occasion  pour les vingt-sept de transformer la difficulté en vertu :  en insufflant une réorganisation complète  de l’Union  qui validerait une structure institutionnelle à deux cercles  .  Si les gouvernements n’ont pas encore  commencé à faire circuler  des scénarios appelant à réorganiser  l’Europe dans sa globalité , le think tank  Bruegel  appelle à inclure le Royaume –Uni  dans le marché intérieur  grâce à des mécanismes de décisions intergouvernementaux . La limite de ce projet est qu’il accepte une application  partielle  par le Royaume-Uni  du principe  de la libre circulation des personnes  en validant un système de quotas .


Par ailleurs, la Fondation Robert    Schuman prévoit , au contraire , une entrée  du Royaume –Uni  dans une espace  économique européen réformé qui forcerait Londres  à accepter la libre circulation des personnes , mais qui lui donnerait plus  de garanties pour  participer à  la décision.  A côté  de ce  premier cercle, il y en aurait un deuxième , plus central , composé des Etats qui ont vocation  d’adhérer à l’UEM. C’est le noyau central , composé  d’Etats  qui ont vocation à adhérer à l’UEM. C’est ce noyau  Central qui deviendrait ce qu’on  appelle aujourd’hui l’Union  européenne .  Tout ça pour ça vous dira l’autre ou bien pourquoi faire simple ? …


Peut-on   espérer que les chefs d’Etats et de gouvernements valident de telles solutions  à court terme ?  Force est de constater que les obstacles ne sont pas maigres .  Les élections en  France  en mai-juin 2017   et  en Allemagne , en septembre 2017  amèneront les partis  politiques des dits gouvernements à ne pas vouloir prendre trop de risques face à la montée des partis populistes anti-européens .  Quant à l’asymétrie économique grandissante entre la France et l’Allemagne, elle apporte  l’eau   au   moulin des eurosceptiques  et ne favorise pas non plus une vision commune de ce que devrait  être le fonctionnement  de l’UEM.  C’est ce noyau central qui deviendrait  ce qu’on appelle  aujourd’hui l’Union européenne .

Peut-on espérer que les chefs d’Etats et de gouvernements de telles solutions à termes ?  Rien n’est moins sûr . Force est de constater que les embûches  ne  manquent pas .  Les élections en France  arrivent dans un climat  surréaliste :  un Président de la République  en exercice jette  l’éponge, trahi par son Premier ministre, à son tour  balayé le suffrage  de ses camarades socialistes .  Et c’est un frondeur  qui  s’imposa  comme  porte drapeau  d’un parti socialiste en loque, plus divisé que jamais . Pour corser le tout , le  petit Macron , avec son mouvement » en marche » devint de facto  le leader  de ce «  presque rien  invertébré «  qui s’agite dans tous les sens et promet tout et son contraire . Il  est crédité  de 24% des sondages (..,)  Autant que la fille Le Pen qui caracole  devant .  Se voyant marginalisé,  François Bayrou,  s’est joint à  son cadet  en scellant  une improbable alliance !  La gauche  radicale  , crédité de 12% avait refusé la main tendue  de Benoît  Hamon, le représentant officiel du parti socialiste , lui aussi, crédité de 12%. 

En refusant la main tendue de Benoît  Hamon, le parti des « insoumis »  de Jean-Luc  Mélenchon,  avait  torpillé   une possible  sélection au second tour  des élections , compte tenu  des déboires du sélectionné  de la droite , traînant derrière lui  des batteries  de casseroles .

Le coup de pied de l’âne  n’est  pas  à exclure  avec l’élection de Madame Le Pen après un second tour chaotique !  Hitler  , n’est-il  pas arrivé par les urnes  comme la flopée  de populistes  dans toute l’Europe ( Hollande,  Hongrie, mouvement 5 étoiles  en Italie  etc.…) Cette  époque rappelle les années trente  avec l’arrivée du fascisme  et le national -socialisme  de Hitler  !

Peut-être, le salut de l’Europe est en Allemagne  .  M. Martin  Schulz  ,  en gagnant les élections  de septembre 2017,  écartant  ainsi  la Merkel , retournant ainsi la page  de 12 ans  d’immobilisme doctrinaire .  En cas de reconduite   de   Madame Merkel, l’Union européen aura  donc du mal  à se saisir du Brexit  pour se réformer complètement .  Cela confirme qu’il est devenu difficile  d’entrevoir  des projets à long terme  pour l’Union européenne . 

Par ailleurs, la montée des forces politiques qui contestent le principe même  de la construction européenne , pour des raisons plus  souvent identitaires qu’économiques est devenue un sérieux obstacle . Le retour dans  les Etats membres des débats  de souveraineté  et  des identités nationales  s’inscrit dans un mouvement plus large que la question identitaire .  Il ne s’agit pas simplement d’une question économique  liée au rejet de la mondialisation libérale . Il existe en effet  un lien explicite entre le rejet de l’Union européenne et celui de l’islam, ou plus généralement l’altérité que l’immigration  représente dans la société . 

L’identité et la souveraineté  nationale  sont  d’autant plus l’objet d’un retour   en force quelle sont perçues comme l’ultime  Rampart  par  tous ceux , qui sont , parfois  seulement  qui pensent être  , les victimes de l’Etat-providence .

L’Europe ayant cru    permettre  un dépassement des identités , en favorisant  une adaptation  des sociétés  à la globalisation  économiques , mais aussi culturelles .
Elle est parvenue  assez bien chez les élites, qui, globalement continuent à la soutenir , mais elle avait échoué avec  le plus grand nombre de la  population . Quel gâchis !


 Le retrait  britannique  entre dans une phase irréversible des négociations  avec les 27.  Une épreuve de vérité pour le futur de la cohésion  européenne .  En effet,  le 23 juin  2016, les britanniques  ont voté  en faveur  d’une sortie  de l’Union européenne .  Ce vote avait ouvert une crise politique au Royaume –Uni et fait planer la menace de la  dislocation à terme  de l’Union : la quitter  devient un choix possible .  Le vote  britannique  reflète ainsi un malaise grandissant  dans toute l’Union .  L’Europe  est gérée par un  fédéralisme  libéral et technocratique  qui impose  des politiques et des réformes  que  les peuples refusent .

Le vote britannique reflète un malaise grandissant dans  toute l’Union  . Ses citoyens sont  d’autant plus réticents à aller vers une Europe  plus fédérale que la discipline budgétaire et la libéralisation promues  à Bruxelles n’emportent  sur  leur adhésion .   

Rappelons-nous,  que  les Britanniques sont entrés  dans l’Europe  du marché   commun à reculons, en 1973 . Ils  ont toujours été hostiles à tout transfert de souveraineté nationale   et  à l’Europe sociale .  L’accord  négocié  par David Cameron en février 2016 accordait aux britanniques des garanties en matière de souveraineté et  de restriction de l’immigration  des travailleurs  des autres Etats membres . Cela  n’a pas  suffi à  les  convaincre de  rester dans l’Union .

Theresa  May , nommée  Premier ministre, le 13 juillet 2016, s’est   longtemps limitée  à confirmer qu’il y aurait  un «  Brexit » . « Brexit means Brexit «  . Ce  n’est que le 2 octobre , au congrès des conservateurs , quelle  avait annoncé qu’elle déclencherait au plus tard, en mars 2017 l’article 50 du traité de l’Union  . Puis le 17  janvier , Theresa  May  avait  enfin  précisé son  projet  pour le Brexit .

Elle souhaite signer un accord de libre-échange pour maintenir les relations commerciales et financières privilégiées avec l’Union .  Cela    minimiserait les conséquences économiques du Brexit  tant pour le Royaume-Uni  que pour l’Union des 27 .  Mais les Vingt-Sept  ne veulent pas faciliter  un tel accord , voulant éviter que d’autres pays membres suivent l’exemple britannique  et puissent bénéficier  des avantages du marché unique  sans contrepartie .

En effet, en quittant le  marché  unique , le  Royaume-Uni prend le risque de   relever   de l’Organisation  Mondiale du Commerce (OMC), avec le risque que des  multinationales relocalisent, ailleurs  dans l’Union , leurs usines et leurs sièges sociaux  et qu’une large  partie  des activités bancaires  et financières  de la zone euro quittent Londres, , pour  Paris, Francfort,  Amsterdam ou Dublin .  La menace  d’une guerre commerciale entre l’Union et la Grande Bretagne  existe déjà  depuis belle lurette, mais l’Union  favorable , à la libre circulation des marchandises , ses services et  des personnes  et des entreprises , ne dressera  probablement pas  d’obstacles  contre le Royaume –Uni  d’autant que l’Union affiche un excédent courant de 130 milliards d’euros, vis-à-vis  du Royaume-Uni .  De même, ces accords  de coopération industrielles ( Airbus, armement, énergie etc.) , pourront  difficilement être remis en question .

Pour  Theresa May, le Royaume-Uni  doit  devenir un champion du libre marché mondialisé .  En effet, le pays affiche un excédent commercial avec le monde, hors Union , avant  tout  avec les Etats-Unis . Et  il  conserve  des liens historiques avec les pays du Commonwealth ..  Londres  pourrait aussi  jouer la carte  du paradis  fiscal  et réglementaire . Cependant, il est peu probable   que le Royaume-Uni , dont la législation est déjà  la plus libérale , bénéficie  d’un choix important de croissance  induit  par les réformes encore  plus libérales .


LA  TENTATION SOUVRAINISTE !

La stratégie  mise en œuvre par l’Union européenne depuis 1999 et renforcée après la crise de  2008, ( discipline budgétaire et réformes libérales ) naguère  eu de résultats économiques et sociaux satisfaisants .  Elle donne  aux  peuples  le sentiment  d’être  dépossédés  de tout pouvoir   démocratiques . C’est particulièrement vrai pour  ces   pays  ) Grèce, Portugal, , Irlande )qui ont  dû  accepter l’assistance   et les conditions  draconiennes  de la funeste troïka  ou la Banque Centrale  Européenne (BCE) .  Depuis 2015, le plan Junker  destiné à relancer l’investissement en Europe  fut  un flop mémorable . Il  n’a marqué   qu’une infime   inflexion  .

En effet, pour sortir du  marasme, l’Europe aurait besoin d’une stratégie économique pérenne  forte , mais compte tenu  des contraintes institutionnelles  actuelles et les divergences de situations et surtout d’intérêts entre les pays membres, celle-ci ne peut être actuellement décidée collectivement .  L’Europe  est aujourd’hui  gérée  par un pseudo fédéralisme  mou , libéral et technocratique qui  impose des politiques  et des réformes que les  peuples  refusent ,  pour des raisons  parfois légitimes , parfois discutables . Des règles sans  fondement économique ont été introduites dans le pacte de stabilité , puis dans le traité budgétaire : elles n’ont pas été remises en cause après la crise financière de 2008 .   En raison des disparités nationales, de nombreux dispositifs  européens ( politique  monétaire unique, liberté de  circulation des personnes , statut des travailleurs détachés )  qui  posent  problème .  De ce fait  , la tentation  d’un  retour à la souveraineté nationale  se généralise comme  une trainée de poudre …


LE RÊVE  AVORTE D’UN FEDERALISME  EUROPEEN … *

Le Brexit et les réticences de  biens d’Etats membres ( Pologne, Hongrie, Danemark , Suède  et Hollande ( à aller vers plus d’Europe pourrait conduire à une Union  à trois cercles .   Le premier regrouperait les pays de la zone euro, qui  accepteraient de nouveaux transferts de souveraineté  et bâtiraient  une union budgétaire , fiscale , sociale  et politique .  Les pays européens  qui ne pourraient  ou ne souhaiteraient pas participer à cette Union étroite , formeraient  un deuxième cercle, tandis que le dernier  réunirait les pays liés  à l’Union par un accord de libre-échange :  Norvège, Islande, Liechtenstein, et la Suisse, aujourd’hui, le Royaume-Uni et  autres pays ( Turquie, Maroc, Ukraine), demain .

Ce projet pose de nombreux problèmes . Le fonctionnement  européen serait encore plus compliqué que  maintenant , car toutes les institutions devraient être dédoublées pour les pays ayant adoptés le système fédéral et les autres . Surtout beaucoup d’Etat ne souhaitent pas être  marginalisés comme membres  de la seconde zone . De plus, il n’existe  pas de consensus politique , même dans la zone euro , pour aller vers l’Europe fédérale .  Publié en 2015, le rapport des cinq présidents sur l’union économique et monétaire ayant proposé  de nouveaux pas  vers  le fédéralisme européen, comme la création d’un Compté budgétaire européen , la mise  en place  d’un Trésor européen, une Union  des marchés de capitaux , un socle européen des droits sociaux et une unification  partielle des systèmes d’assurance chômage .

Cependant, les évolutions envisagées risquent fortement de renforcer  les pouvoirs  d’organismes technocratiques  au détriment  des  gouvernements  élus  démocratiquement  .
Un pouvoir fédéral , même  démocratique, pourrait-il tenir en compte des spécificités  nationales ?  Dans une Europe composée  de pays hétérogènes, rien n’est moins sûr .  En tout état de cause l’Europe ne progressera vers   une «  Union , toujours plus étroite » , que si  au préalable , elle ne met en œuvre  des politiques   la  qui rendraient légitime aux yeux  des  citoyens .


PREMIERE CONSEQUENCE DU BREXIT :  LES EUROPEENS SE METTENT A QUITTER LE ROYUME-UNI


Les premiers  chiffres de l’immigration après  le référendum  indiquent un départ des Européens de l’Est .  Les entreprise peinent  désormais  à recruter . En effet, quand les  Britanniques ont voté pour sortir de l’Union européenne le 23 juin 2016, la  réduction de l’immigration était  l’une  de leurs  principales motivation .  Avant même le Brexit ne soit   effectif , leur vœu semble en train d’être exaucé .

Depuis une quinzaine d’années, plusieurs  millions  d’émigrants  européens sont installés au Royaume –Uni , mais  le flot semble  être inversé . C’est  particulièrement vrai  avec l’Europe de l’Est  .  Lundi dernier, le Ministère  du développement  polonais avait estimé  d’entre  100 000 et 200 000 émigrants  installés au Royaume-Uni  , sur un total d’un million , pourraient  revenir dans les années qui viennent .  Le mouvement est motivé par un effet de ciseau : d’une part, la croissance polonaise  est solide   et trouver un emploi est aujourd’hui facile ; d’autre part, avec le Brexit , la livre sterling ayant baissé de 20% et l’écart  entre  les salaires des  deux pays  est en baisse .

Le mouvement  de retour  est  confirmé par des chiffres de l’immigration  au Royaume-Uni . Selon  les  données publiées , jeudi dernier, par l’Office National  des Statistiques (ONS), l’immigration nette ( immigration – émigration  ) au Royaume-Uni  avait atteint 273 000 personnes  , entre octobre 2015 et septembre 2016, une baisse  de 49 000  personnes , par rapport  à l’année précédente .

L’une des principales explications est le départ  des Européens de  l’Est .  Selon l’ONS , 39 000 migrants venant  des pays devenus membres  de l’UE , en 2004 ( Pologne,  République  Tchèque, Slovaquie , Pays Baltes, Slovénie et Hongrie )  ont quitté  le Royaume-Uni  sur la même période de douze mois, soit 12 000  de plus  que  l’année précédente .  Dans le même temps ,  le   nombre  d’arrivées  venant de ces pays,  avait  baissé  de 10 000 personnes .

Par ailleurs,  dans les entreprises britanniques, ces départs  commencent à se faire sentir .  « Staff Line «  , une  agence de  travail    temporaire basée à Nottingham, tirait  le mois dernier la sonnette d’alarme ,  lors de la présentation de ses résultats  annuels  «  Nous avons vu des Européens de l’Est rentrer chez eux  parce qu’ils  ne se sentent  plus  les bienvenus et c’est inquiétant « , confiait au « Nottingham Post «  , son directeur  général .  Il affirme  avoir recensé  plusieurs incidents à caractère racistes , après le  Référendum .  Cela  s’est  calmé  maintenant, mais il en reste des traces .

De nombreuses  anecdotes  similaires   semblent indiquer que le Brexit ayant  brisé l’attractivité du Royaume-Uni pour les Européens , pas seulement de l’Est . S. S.   Une Française  qui  a fondé « Saeb  Energy, » , une  entreprise qui transforme  les déchets organiques en électricité  s’inquiète  pour  l’avenir  de ses employés  Britanniques  et Euro cinq  Européens   et affirme ne plus  recevoir  de CV européens .


Outre  l’aspect  financier, de nombreux  Européens hésitent à s’installer  outre-Manche  à  cause  du symbole  négatif du Brexit .  D. H. , un associé   d’un cabinet d’audit , basé à Londres, en a fait l’expérience  « on a de plus en plus de  mal à attirer des Européens  pour des  postes au Royaume-Uni «  . Depuis  le référendum, à cinq  reprises , il avait essuyé  des refus d’Allemands, de Scandinaves et des Européens de l’Est qui travaillaient  dans son entreprise . L’incertitude est entretenue par Theresa  May , qui refuse de garantir le droit de résidence  aux Européens déjà installés au Royaume –Uni .  Elle exige pour cela que le reste des pays de l’UE accorde la réciprocité  aux citoyens Britanniques installés en Europe, ce qu’elle  n’a pas obtenu, pour l’instant .

La chambre des lords se bat pour essayer de débloquer la  situation ,  mais le gouvernement britannique résiste .  Pour Theresa  May, le sort des Européens  est une carte  de négociation importante, qu’elle  veut conserver . Mais  ces derniers  n’apprécient guère de servir de monnaie  de change .

LONDRES  , ELDORADO INATTENDU DES  BANQUES GENEVOISES

Si  les banques internationales désertent la City après le brexit, les banques genevoises s’implantent à Londres , ville aux 500 000 millionnaires .  En effet, les lumières de la City brillent-elles encore  pour le secteur bancaire ?  Alors  que le Brexit  est sur les rails, les grandes banques internationales  - UBS, Goldman Sachs, ou HSBC , ont  annoncé vouloir déplacer des milliers d’employés  vers d’autres cieux  plus attractifs , comme Francfort ou Paris .  Mais , à contre-courant , les banques genevoises ne cessent, de renforcer leur présence  sur les rives  de la Tamise en y implantant des bureaux .

Dans leur cible : une clientèle potentielle de près de 500 000  millionnaires  de tous les pays, un rêve pour n’importe  quel  gestionnaire de fortune privé . « Londres est une plateforme unique en Europe , qui permet d’être en contact avec de grandes fortunes asiatiques, du Moyen-Orient ou d’Europe , qui se rendent  dans cette ville  est , et pas spécifiquement  pour des raisons fiscales «  , relève le porte-parole d’une banque genevoise .

En effet, Pictet  emploie déjà 307 personnes dans la capitale du Royaume-Uni, soit 24 de plus qu’une année plut tôt .  Lombard  &  Odier  ayant  envoyé  cent –vingt  personnes et  prévoit  d’accroître  ses  effectifs  de 5% par an sur le long terme .  Mirabaud , dénombre  130 personnes dans  ses bureaux londoniens , situés à deux pas du palais  de Buckingham. 

Contrairement aux grandes banques internationales, les établissements basés à Genève, misent sur le rendez-vous  mondial  des  millionnaires que constitue la capitale britannique .  Tout en suivant de près la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne .  En effet, aux yeux  de maintes grandes banques internationales,  la City de Londres  ayant  perdu  son attrait depuis  le vote sur le Brexit .  L’UBS, Goldman Sachs, HSBC et City Group, ont annoncé  le déplacement  de  milliers  de leurs employés dans d’autres métropoles financières .  C’est  tout le contraire  pour les principales banques genevoises . Pictet, Lombard et Odier, Mirabaud, UBP ou encore Sys,  ne cessent de se  renforcer  sur les rives de la Tamise .

Loin d’être sinistrés par les incertitudes issues  du Brexit, ces établissements parient plus que jamais  sur les promesses de  la capitale britannique  . « Londres est, et restera , un centre financier  de première importance  pour l’Europe  et le monde entier « , témoigne  un banquier  privé  préférant l’anonymat .  En effet, ce rôle de la capitale financière ne tient que par la banque d’affaires , activité  à qui  pourtant explosée depuis  les années 1980 .  Mais aussi la  présence  d’une cinquantaine  de milliardaires , la plus  forte fortune d’Europe , et surtout , de plus  d’un demi-million de millionnaires , selon  le magazine « Forbes ».  Le durcissement  des conditions pour obtenir le statut de « résident  non domicilié «  , qui permet à ses bénéficiaires  de substantielles baisses d’impôts qui ne dérange nullement  les grandes fortunes et ne décourage pas  les grandes fortunes de prendre pied sur les rives de la  Tamise .

Citoyens  britanniques , ou simples résidants  étrangers, ces personnes fortunées sont autant de clients potentiels pour les banques spécialisées dans la gestion de fortune privé , le cœur de  métier  des établissements genevois .  De plus , la fonction  de  rendez-vous  de la  jet-set internationale tenue par  Londres  n’est pas remise en question par le Brexit .  Plusieurs  personnes fortunées prennent Londres pour  y installer leur  domicile . Car  donner une adresse à Londres confère à son détenteur , entre autres avantage , de  pouvoir  entrer  facilement  en affaires avec une banque qu’en fournissant une référence  dans un pays de moindre réputation.


EFFECTIFS EN PROGRESSION : « NOTRE STRATEGIE  DE DEVELOPPEMENT A LONDRES N’EST PAS REMISE EN QUESTION PAR LE BREXIT » 

Pictet, la plus grande banque de gestion de fortune basée à Genève, emploie déjà 307 personnes  réparties dans deux implantations  Maifaire  ( pour la clientèle privée ) et de la City ( pour la gestion institutionnelle) . C’est  24 de plus qu’une année plus tôt .  La banque prévoit d’accroître  ses  effectifs  de 7% cette année, selon un porte-parole  de l’établissement . Sa demande  de  licence bancaire  britannique  a été maintenue en dépit du Brexit .

LOMARD ODIER , qui emploie quelque 120 personnes , à une   rue de Saville Row, la mythique  adresse  des plus beaux costumes , prévoit d’accroître  ses effectifs  de 5% sur le long terme .  Mirabaud , de taille similaire  avec 130  personnes  à Belgravia , juste  derrière  le parc du palais  Buckingham , mais ne donne  pas  de renseignements  concernant  son développement . « Notre stratégie de développement à Londres n’est pas remise en question par le Brexit « , indique simplement  un porte-parole .

Avec une soixantaine  de personnes  à  Saint-James, non loin de Piccadilly Circus , l’UBP, n’envisage pas non plus  de   réduction  de sa présence. A quelques pas de là, sur Regent Street, Sys , enfin, est de taille modeste : une petite quinzaine  de personnes. Mais cette organisation ne devrait pas être marginalement affectée par le Brexit .

 L’EXCEPTION

Seule exception à cette unanime confiance , la Banque  Edmond de Rothschild .  La banque ayant annoncé par écrit , à la fin de l’année dernière, la fermeture  de son implantation  de Saint-James . « En cohérence  avec la stratégie  définie pour ses différents métier , et le rassemblement  d’une partie des activités  de Londres vers  ses principaux  bureaux à Paris, à Genève  et au Luxembourg , où  elle bénéficieront d’une grande convergence «  . Elle refuse de dire d’avantage .  Il est à noter  que l’institution  avait aussi annoncé   en   décembre dernier, la fermeture de son bureau  à Hongkong .


Toutes les autres banques   se  disent   néanmoins très attentives à l’évolution  du dossier  du Brexit .  « Notre stratégie sera  conditionnée par le type de liens que le Royaume-Uni  maintiendra avec l’Union Européenne «  poursuit  le banquier  genevois . La question centrale  est de savoir si le pays gardera son accès au marché unique, qui  permet ainsi de distribuer  sur tout le territoire de l’Union des fonds domiciliés en Grande Bretagne . 

En cas de fermeture des frontières, ces fonds  devront  être domiciliés ailleurs , dans un pays  membre  de l’UE .  Cependant, cette perspective qui suscite les inquiétudes  de tout le secteur financier de la City, n’est pas à  même d’affecter sérieusement le choix des banquiers genevois.


CONCLUSION

En guise  de conclusion nous  vous offrons  ce que  pensent les économistes  du Brexit  notamment M. A. H. , économiste en chef  à la Banque d’Angleterre  qui  préconise que l’échec  des modèles de prévisions récents est dû  au comportement irrationnel  des agents économiques. Le fait  de ne pas repérer  cette irrationalité avait conduit les décideurs à prévoir que l’économie  Britannique ralentirait dans le sillage du référendum sur le Brexit de juin dernier .  Au lieu de cela , les consommateurs britanniques se sont lancés dans une frénésie de dépenses inconsidérées, depuis la décision  de quitter l’Union européenne . De manière aussi illogique, les secteurs de la construction , des produits manufacturés et  des services  ont rebondit .

Par ailleurs, les modèles de prévision des banques centrales utilisent essentiellement la même logique .  Par exemple  la BoE , a ( correctement) ayant prédit  une baisse de taux de change de la livre sterling après le vote du Brexit . .Cela devrait entraîner  une baisse des prix, donc un ralentissement  des dépenses  de consommation .  Justifié  ou non , à propos de ce sentiment intime comme en 1940, immédiatement après  la chute  de la France aux mains des Allemands, l’économiste John Maynard  Keynes , écrivait à un  correspondant « Pour ma part , à présent je me sens, pour la première fois, complètement confiant que nous allons gagner la guerre «  . De même , de nombreux britannique sont maintenant plus confiants quant à leur avenir .




















*Pourquoi l’Europe peine à défendre son marché intérieur ? –Par Guillaume  DUVAL . Alternatives Economiques    No 111- Février 2017.


REFERENCES

ALTERNATIVES ECONOMIQUES No 111 /Février 2017 ;
ALTERNATIVES ECONOMIQUES HORS SERIE – QUEL MONDE EN 2017 ?

GRAND ATLAS  2017 ;  SOUS   LA DIRECTION  DE FRANK TETARD , Institut  FRANÇAIS de Géopolitique ( Université Paris VIII, Editions  LE CLUB  - PARIS- France 





DR BEN ABDALLAH  Mohamed ;
DR OF BUSINESS  ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE  EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR  DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB,
ENTRE LE POSSIBLE & LE REALISABLE » ;
EN  LIGNE  SUR NOTRE SITE  www.dr-ben-abdallah.ch;
DEPUIS  LE 1er MARS   2009 ;

&
EDITORIALISTE – REDACTEUR EN CHEF DU SITE  www.dr-ben-abdallah.ch;

DEPUIS  LE 1er MARS 2009 ;




DEMEURANT  SIS  1202 GENEVE II ;

21.03.2017