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  EDITORIAL POLITIQUE 

 IRAK : CHRONIQUE D’UNE GUERRE  ANNONCEE 

PROLOGUE

 « Si l’invasion de l’Irak par les  Etats-Unis avait pour objectif le contrôle du pétrole, ainsi que confirment les documents récemment déclassifiés , elle s’est  soldée  par un échec cuisant .  La guerre avait également  fait des centaines de milliers de victimes , déstabilisant ainsi un Etat constitué depuis 1924 . 

 QU’EST DEVENU L’IRAK APRES DIX ANS DE COLONISATION ?

 En effet  après d’effroyables violences brisant  ainsi des centaines de milliers de vies , ne laissant quasiment personne , sans  qu’il ait  une  histoire tragique  à raconter .   Sous l’égide de  l’ancien premier ministre,  Nouri  Al Malki, l’Irak s’était  installé  dans  « une nouvelle normalité « . Mais sans prendre un cap    tangible qui permettait  aux Irakiens de se projeter dans l’avenir .   Dix ans  après l’invasion américaine qui  avait mit fin au régime de Saddam Hussein, l’Irak reste  toujours  en crise .  Mais  pour s’en rendre compte,  il est impératif  de se rendre à Bagdad  (…)  . 

Quant aux  attentats sanglants , sans lesquels ce pays cesserait d’exister   dans les médias , ils sont  devenus  beaucoup plus rares qu’il y  avait  quelques années .    Il s’agit d’une  période  jalonnée  de violence venant de toute part,   face  à une occupation barbare qui n’avait épargné personne , aucune !   A cela s’ajoute  les   milices qui faisaient  usage   de voitures   piégées ,  de  Kamikases et de bombes  en tout genre , pour exister !      La cherté de la  vie  n’avait  pas  empêché  de nouveaux arrivants   de bénéficier de la manne pétrolière en  s’adonnant  à  une consommation frénétique .   L’activité semblait   plus intense dans les rues commerçantes de la capitale   que dans les coulisses du pouvoir .  Où  des figures de tout bord paraissaient aborder le dernier conflit en date avec une déconcertante  nonchalance .  

 LENTE AGONIE  DU PEUPLE IRAKIEN  (…)

 Pour la seule année 2012,  malgré le retrait américain,  les statistiques officielles dénombrent plus de quatre mille cinq cents morts civils irakiens  .  Cependant le bilan de dix années de conflit  demeure très difficile à  étayer .     Par contre,  nous savons , à l’unité près , le nombre de soldats américains tombés  en Irak entre le début de l’invasion  (mars 2003) et le retrait des Gis, fin 2011 : ils sont  4'484 unités  .  En revanche, les chiffres des civils irakiens restent très incertains .   Ils varient   entre  plus de cent mille et un million .  « L’Iraq Body Count Project «  avait tenté une évaluation ne recensant que les morts qu’il avait pu documenter de manière précise : « c’est à dire que l’on est très en dessous  de la réalité « . 

 Le bilan  plausible,  se situerait entre 15 000 et 130 000. A cela il faudrait ajouter 80 000 militaires et insurgés  tombés,   le 28 mars 2007 .  Le quotidien britannique « The Gardian »  , citait une étude de l’université Johns Hopkins de Baltimore  selon laquelle cent cinquante mille Irakiens étaient morts des suites de l’intervention américaine .   En 2009, les médecins de l’Hôpital général de Fallouja ,  furent effrayés par ce qu’ils constataient   au fil des ans , avaient adressés un courrier commun  aux Nations Unis pour réclamer des investigations indépendantes : « En septembre 2009, sur cent soixante-dix  nouveau-nés , 24% sont morts  dans leur première semaine , parmi lesquels  75% présentaient des  malformations  importantes «  .  Des enquêtes partielles avaient été menées  à Fallouja  et à Bassora , quelques mois plus tard et  les résultats publiés  dans  «  Bulletin of environnemental Contamination  and Toxicologie «   de l’université du Michigan  l Les résument leurs observations en une phase , qui veut dire «  Le taux de cancer , de leucémie  et de la mortalité infantile observé à Fallouja est plus élevé qu’il le fut  à Hiroshima et Nagasaki  en 1945 «  .   Notons que l’exposition aux métaux toxiques , dont les effets sont reconnus , sont sources de complications sévères pour les femmes enceintes  et le développement du foeutus . Il  est  fort probable que les munitions utilisées pour les bombardements dans les villes de Fallouja et Bassora soient à l’origine de ces tragédies . 

LES  MARIONNETTISTES   AMERICAINS ONT FAIT DE L’IRAK 
UNE    CARICATURE DE LUI-MÊME
 

Les errances de Nouri  Al Maliki auraient  dû  être corrigées  ,  mais les Etats-Unis ont péché  par omission , disent les  amis de l’Oncle Sam  et intentionnellement, rétorquent les Irakiens . Leur retrait , s’était  fait  , contrairement aux objectifs,  qu’ils s’étaient  eux-mêmes fixés .   Par ailleurs, sans  aucun accord sur toutes les questions  qui hantent et hanteront l’Irak  encore l’Irak pendant longtemps : à savoir :  la révision de la constitution , l’allocation des territoires disputés , la répartition des ressources, les rapports entre le pouvoir central et les provinces , les prérogatives  du premier ministre, et enfin  l’institutionnalisation   des contre-pouvoirs  ainsi que le fonctionnement interne du parlement   et surtout la structuration  de l’appareil répressif  qui fonctionne  au gré  de l’homme  fort du moment  .   

Tout reste  à négocier et  renégocier,  encore .  En effet,  de crise politique en  crise institutionnelle , cette indétermination avait été  théorisée par des personnes  dont le seul but demeure l’accaparement   du pouvoir et l’enrichissement illicite .   Le second volet  de » l’héritage américain »  , concerne l’architecture identitaire , bancale et incomplète , dans laquelle les Irakiens  se sont provisoirement empêtrés .  En effet, en projetant une vision rudimentaire de la société ,  en  calquant  sur les Irakiens des concepts  grossiers  de l’ancien régime :  « baaathisme , saddamisme , terrorisme, sectarisme ou tribalisme «   tout en échafaudant une construction politique fondée sur des clichés construits par  les Etats-Unis .  Ils  ont fait de l’Irak une parodie de lui-même .  Il s’agit d’un phénomène qui évoque l’effet  pervers d’un imaginaire colonial , quoique l’invasion n’avait pas, selon les amis de l’Oncle Sam, vocation à « coloniser «  à proprement parler (…) sic ! 

C’est en traitant les sunnites  comme s’ils étaient  tous, des partisans de Saddam Hussein, que l’occupant  les avaient regroupés contre lui . En effet,  en les marginalisant dans  son  système politique , il les avaient  poussé à regretter une ère dont ils avaient,   souffert eux aussi .    Du côté chiite, les Américains avaient  également voulu  distinguer   les « bons »,  des « méchants « .  Aggravant ainsi un simple clivage de classe en s’aliénant le mouvement prolétaire de Moktada  Sadr , accusés à tort ou à raison d’être les suppôts de Téhéran .  Quant aux Kurdes, eux , ils sont apparus comme des alliés naturels de l’ennemi arabe , renforçant ainsi leur autonomisation et leurs  ambitions dans les territoires disputées Par ailleurs,  selon toute vraisemblance, les Irakiens restent en partie prisonniers d’une image d’eux-mêmes , façonnées aux Etats-Unis , et que les Américains ont laissés derrière eux  .   Par ailleurs, si  les identités qu’ils s’affichent le plus ostensiblement,  elles sont souvent caricaturales .  Quant aux quartiers de Bagdad , ils  arborent une abondance de marqueurs identitaires  ( portrais de « martyrs » , drapeaux et graffitis ) qui annoncent sans ambiguïté  possible , leurs  couleurs identitaires et partisanes  .  En effet,  les institutions étatiques ne sont malheureusement pas à l’abri d’une telle absurdité   .  Dans un  pays où les symboles  nationaux  se sont éclipsées  derrière  des emblèmes particularistes  . Ainsi,  des bannières chiites flotte-elles sur la plupart des barrages de contrôle de la  capitale , bannissant ainsi leurs adversaires sunnites (…) !   

 LES IDEES RECUES  AVAIENT RENFORCES  LES PREJUGES IDENTITAIRES 

 Depuis 2003, les discours  ont été empreints d’un sectarisme ostentatoire qui, avant 2003, était absent de la sociologie irakienne ,  du moins  dans  l’espace publique . Les préjugés réciproques  s’expriment désormais sans aucune retenue .   Loin des interminables propos convenus tenus naguère sur « la fraternité nationale «  chanté par le premier interlocuteur pris au hasard , ne prendra  que quelques minutes pour faire tomber le masque .  Le même interlocuteur ne se gênerait pas d’accuser les « manifestants de l’Ouest de l’Irak «  d’être  un mélange de «  baassistes « , de membres d’Al Qaïda  et d’agents infiltrés  et de décréter que maintenant ,  c’est  aux chiites   de régner « .   Par ailleurs,  dans ce registre ,  ça  relève moins de la profession de foi que de la provocation gratuite .  Mais qu’importe les affichages identitaires des uns et des autres  qui viennent confirmer et renforcer les idées reçues de chacun  (…)  Et pourtant , dans une  publique  saturé d’images d’Epinal , les rappels  des enchevêtrements identitaires irakiens  sont à foison .   En somme  de nombreux facteurs peuvent venir aplanir les identités les plus contrastées.

 Cependant, ce qui manque pour que  ces modulations s’exprimant plus vigoureusement,  c’est un peu de calme et de relâchement .   Par ailleurs, le spectre des journées noires où   des évènements extraordinaires explosent une violence , souvent très intime que les euphémismes  tentent d’exorciser  par une pirouette.  Chacun se tourne vers  ses lieux familiers   et rassurants .  Quant  aux zones dangereuses, chacun essaye  d’oublier   son malheur en  regardant ailleurs .  Escamotant au passage, toutes les crispations identitaires  de  son répertoire communautariste  infligé  par les évènements  .  

En attendant une normalisation  réelle  ou lointaine, les Irakiens se bricolent un quotidien  plus au moins plausible  .  En s’orientant bien dans le dédale d’un système politique alambiqué d’une société désaxée  ,  dans une ville déstructurée et d’une économie compliquée  par mille et une forme de prédation.   La plus  troublante dans ce climat malsain,   c’est  l’attitude de la classe politique  irakienne , qui s’accommode de la situation plus qu’en elle essaie de la changer . En effet,   le nouveau régime s’est coulé dans les vêtements de l’ancien sans faire de grands  efforts.  Les responsables squattent les résidences opulentes de leurs prédécesseurs  qu’ils se sont appropriés sans vergogne, au lendemain  de l’installation du sieur Paul Brumer , comme proconsul de l’Oncle Sam en Irak .  Suivirent des années de pillage systématique des richesses  économiques  et culturelles  du pays .  A  Bagdad, presque  aucune  infrastructure n’a été  construite  durant la décennie  écoulée, à l’exception du siège de la municipalité , de la route de l’aéroport et quelques passerelles automobiles . Des stands censés abriter les policiers aux carrefours sont estampillés  « cadeau de la mairie », dans une logique qui évoque les largesses de l’’ancien régime .   

Quant aux salaires  de la fonction publique, ils demeurent insuffisants , poussant ainsi ses membres à rechercher des revenues supplémentaires légaux ou non .  La corruption à haut niveau est institutionnalisée et utilisée comme moyen  de pression au besoin .  L’arrivisme, le népotisme  et incompétence gangrènent les institutions , du moins ce qui en restent .  Aujourd’hui,  encore tout est à espérer parce que  tout est à faire . Le potentiel , les ressources  au moins sont là. Le pays est riche en pétrole , bien que la corruption est bien ancrée et veille à ce qu’il n’en paraisse rien .  La fuite des cerveaux pourrait un jour s’inverser , quad l’appareil d’Etat se nourrira à nouveau des compétences  plus qu’il  n’engraissera les fidèles, amis  et les cousins  et autres affidés .  Il est impératif de sortir de cette nouvelle impasse  d’un  système  politique dont l’intermédiation demeure une condition sine qua none d’un provisoire qui dure depuis deux décennies ( Première invasion de l’Irak en 1991 Par George Herbert Bush ) . 

La seconde invasion  a été perpétré  par son fils  George Walker Bush qui voulait montrer au monde entier qu’il n’était pas  «  l’idiot du Texas «  , comme l’appellent ses amis .  Après dix ans de guerre, il reste  aussi idiot  qu’avant .  Deux guerres, deux échecs  pour toute l’humanité  qui n’a pas  su anticiper   le coup de Jarnac  à venir .     Le pire  est  à  craindre avec  l’arrivée d’une  nouvelle  génération de combattants  assoiffés de vengeance et de revanche  d’un Occident qui les prend, au mieux, pour des imbéciles et au pire pour de la chaire à canon pour valider ses expériences militaires sur le terrain ( bombardements à l’uranium appauvrie à  Fallouja  en Irak,   entre 2003 et  2008 ,  à Gaza, en 2007 et maintenant à Rakka et Alep en Syrie .    Et on s’étonne, pourquoi, le Deach  triomphe  malgré les bombardements  alliés en Syrie et en Irak ?    

L’ETAT ISLAMIQUE EN IRAQ   « CE MONSTRE PROVIDENTIEL »  ! 
 

«  Selon le chercheur pour l’l’Institut International Crisis  Group, M. Peter HARLING *, le mouvement djihadiste L’Etat islamique en Irak qui contrôle désormais une grande partie du Nord-Est de la Syrie et Nord-Ouest de l’Irak apparaît aussi déterminé et sûr de lui que la région qui l’entoure  est confuse
«  .   En effet, les conquêtes militaires de l’Etat Islamique en Irak  et en Syrie ont stupéfié le monde par leur rapidité  et surtout leur brutalité .  Elles  avaient profité de la décomposition des Etats du Proche –Orient et  avaient contrarié la stratégie des Etats-Unis .  Afin de pouvoir « extirper le cancer djihadiste «  , M. Barak Obama prétend compter avant tout sur les acteurs régionaux .  En effet,  la  focalisation sur cet épouvantail commode,  épargne à tous des remises en question douloureuses .    Cette entité ne constitue en rien un nouvel Etat , puisqu’il rejette la notion de frontières et se passe largement d’institutions .  En revanche ,  il nous en apprend beaucoup sur la situation du Proche-Orient , et notamment sur celles des Etats  de la région , sans parler des politiques étrangères occidentales .  

  Par ailleurs,  cette entité conquérante possède étonnamment une ligne rigide   qui, à long terme la dessert  ,  compte  tenu de la  composition de ses membres.  Tous,  des  volontaires venus de partout  et  de tous les horizons .   Quant à l’histoire de ce mouvement,  elle   avait commencé en Irak , à la suite  de la deuxième invasion de l’Irak , en 2003.   Ils étaient une poignée  d’anciens «  bathistes «  ayant fait une alliance contre nature  avec  d’anciens  « Moujahidins »   rescapés de  la guerre d’Afghanistan , ayant mis en Irak, une franchise locale d’Al-Qaida . Très vite, leur doctrine se dissocie de celle de la maison mère  en affirmant de s’occuper en priorité de leurs ennemis les plus proches plutôt  qu’à  un adversaire  lointain  comme  les  Etats-Unis ou Israël .  En effet, en ignorant superbement  l’occupant  américain , ils avaient amorcé une guerre confessionnelle entre sunnites et chiites .  Puis,  en rentrant dans leur, logique ,  ultra violence  s’est  retournée  contre  « les traîtres et apostats supposés « , parmi les sunnites .         Par ailleurs, l’autodestruction qui s’en suivie  , entre 2007 et 2008, avait réduit cette mouvance  à quelques  radicaux  retranchés  dans les confins du désert irakien . Si l’Etat islamique effectue un retour spectaculaire aux affaires , ce n’est pas le fait de hasard   et aux circonstances .  L’idéologie  islamiste est le fruit  d’une longue réflexion élaborée par une poignée d’hommes de l’ombre .  

Ses ennemis déclarés , dont la liste est impressionnante ,  comparable à un Who’s Who de la scène stratégique régionale , lui ont ouvert un boulevard . Les régimes sectaires du sieur Nouri Al Maliki,  et son corolaire , le président syrien Bachar  al Assad, qui  utilisé tous les moyens possibles et imaginables et mêmes les plus inimaginables (les armes chimiques) , pour combattre au « nom de la lutte contre le terrorisme » , une opposition sunnite qu’ils s’étaient évertués à radicaliser .  Leurs partenaires de circonstances , Washington  dans un cas,  et Moscou dans l’autre , ensuite , qui les avaient encouragés .  Quant  à l’Iran, il  leur avait  offert  un soutien  inconditionnel à travers ses réseaux occultes,   infiltrés  au Liban .  Téhéran  avait poursuivi et poursuit encore une politique étrangère qui se résume , de plus en plus,  à l’entretien des poches de miliciens chiites , qui   contribuent  à une polarisation confessionnelle .  

LE RÔLE NOCIF DES BEDOUCRATIES DU GOLFE
 DANS LES GUERRES
CONFESSIONNELLES QUI SECOUE LA
 REGION DEPUIS TRENTE ANS
 

Force est de constater  que le rôle des pétro-bédoucraties du golfe demeure la source  de nuisance dans la région .  Avec des milliards de pétrodollars , jetés aux quatre vents , finançant ainsi  une économie islamiste , partiellement ou complètement occulte .  La Turquie , elle , avait pendant longtemps  ouvert ses frontières avec la Syrie  aux djihadistes , venus, du Maghreb ( selon des estimations sérieuses, ils dépassent les cinq mille , spécialement venus de Tunisie ) , quelques centaines de France et de Navarre qui se mélangent avec apprentis djihadistes venus de toute part , même d’Australie (…) sic ! 

Les Etats-Unis devrait être jugés par contumace : après une décennie d’agitation insensées sous l’égide de George W. Bush, alias l’idiot du Texas , M. Barak Obama  ayant opté pour une posture inverse , à savoir un laisser-faire  flegmatique et hautin .  Alors que les régimes en faillite , en Syrie et en Irak , apparaissaient clairement comme des pépinières de djihadistes de tout poil .    En effet, en  l’espace de deux ans, non seulement l’Etat Islamique ayant envahit ses voisins, mais il s’est répliqué  de plus en plus  , jusqu’à envahir de grandes villes comme Fallouja,   dans la province insurgé  d’Al  Anbar, Rakka  en Syrie et surtout la deuxième ville d’Irak, Mossoul  connue pour sa  mixité et sa tolérance  où  cohabitent sunnites, chrétiens , chiites, Yazidis  et bien d’autres .  

Fait marquant : c’est le premier mouvement , dans le monde arabe , qui  avait sorti le «  djihadisme «  de son cocon . Il serait de bon aloi, de tenir compte qu’une partie de son succès tenait  de sa stratégie  conquérante , qui  ambitionne de « conquérir le monde »  , comme  le suggère sa propagande ,  ses vassaux et ses détracteurs .  Il veut , en effet, s’ancrer dans l’espace qu’il occupe  .Ce qui l’avait  poussé au pragmatisme qu’on ne lui  connaissait pas .  jusqu’à présent.  Ses combattants rançonnaient  des prisonniers occidentaux au lieu de les exécuter  sommairement  .   En effet, l’exécution d’un otage américain , en réponse  aux frappes en Irak, le 19 août 2014 , avait représenté ,  un changement significatif  .  Les djihadistes  ont montré leurs vrais visages de cupides prêts à se battre  pour le pétrole  qui leur assure une autonomie financière .  Ils s’attaquent volontiers à de fragiles rivaux sunnites dans leurs zones de prédilection, mais leur vaillance  retombait   lors  de confrontations trop coûteuses avec des adversaires plus farouche qu’eux .    Ils participent  très peu  à la lutte contre le régime syrien  et évitent  le face-à face avec les milices chiites  irakiennes et modèrent leur antagonisme envers les factions kurdes .  Pour autant , que l’Etat islamique ait peu à offrir .  En effet, la situation désastreuse à Mossoul, l’illustre parfaitement .  

Quant aux    ressources colossaux  amassées durant ces dernières années , sous forme de butins de guerre (450 millions de dollars, venant  de la Banque centrale de Mossoul ) qui s’ajoutent à la centaine de millions de dollars collectés comme rançons  payés par les pays occidentaux , en échange de la libération de leurs ressortissants . Ceux qui ont refusé de payer, ils ont vu leurs citoyens exécutés froidement .  Cependant,  ces ressources considérables  ne suffisent pas pour une quelconque  redistribution .  Quant à leurs principes de gouvernement, elles relèvent de l’anachronisme :  une résurrection des pratiques du prophète de l’islam , ce qui serait incommode  même si elles étaient bien comprises . En effet, au delà de cette utopie mal dégrossie  qui ne s’appuie sur aucune théorie tangible   de l’Etat islamique . Il s’agit d’une lacune dans le monde sunnite en général , mais colle aux principes du chiisme de la révolution iranienne .  

Ce qui montre que la théologie de l’Etat islamique repose sur  des dunes de sable mouvant . Au mieux, il met en œuvre une vision plus codifiée de la guerre , ce qui lui procure un avantage par rapport aux autres groupes armés s’adonnant à la criminalité pure et simple .  Cette codification renforce sa cohésion d’ensemble  grâce à des pratiques et à un discours violent, mais relativement  contredit par les faits sur le terrain .         

 LE  SENTIMENT   D’INJUSTICE VECU PAR LES SUNNITES  D’IRAK  

 L’incurie crasse des gouvernements Nouri Al Maliki,  ont  généré un vide , que l’Etat islamique essaye de combler en occupant le Nord-est de la Syrie, et le Nord de l’Irak,  parce que le régime de Bachar Al Assad l’avait abandonné depuis trois ans , et parce que l’opposition qui l’aurait éventuellement pu suppléer avait été laissée en déshérence par ses parrains présumés , notamment les Etats-Unis .  Ils s’étaient engouffrés dans des villes comme Fallouja  et Mossoul, parce que le pouvoir central , à Bagdad, ne s’en souciait guère, considérant ce territoire comme hostile à son égard .  Il y maintenait une présence, tout à la fois corrompue , répressive et précaire. 

Quant à son expansion rapide dans des zones  contrôlés par les forces kurdes , mais habités par des chrétiens  et yézidies , s’explique par le peu d’intérêt pour les victimes de la part de leurs défenseurs  supposés , les kurdes, qui ont préféré se replier sur leur territoire naturel , laissant leurs supposés protégés patauger dans leur sang et leurs larmes   (…) sic !  Aussi connu sous l’appellation «  Daesh »  , son acronyme en arabe, à consonance péjorative , l’Etat islamique  remplit  également un vide  sur le plan abstrait .   Par ailleurs, le monde sunnite peine autant à rendre compte de son passé qu’à  envisager son avenir .   Après  VIII   siècles   de domination ottomane et un siècle de domination britannique, le monde arabe est sorti divisé, laminé et au bout de souffle .  Après un XXe siècle décousu, faisant suite  à une longue occupation ottomane qui avait réduit à néant la culture arabe et abaissé l’individu arabe au rang  d’esclave , corvéable à souhait , dépendant d’un empire maléfique qui se disloqua en 1914 , au grand soulagement des populations . Suivirent des années d’incertitudes et d’échecs  patents : anti-impérialisme, socialisme, diverses formes d’islamisme , capitalisme éhonté , qui n’avaient débouché que sur des expériences  ambigües et amères .

 Hormis  la Tunisie , qui sonna le glas à quarante ans  de navigation à vue .  Des espoirs sont nés des soulèvements de 2011, hélas de courte durée . Le « printemps arabe s’est transformé en hiver islamique nauséabond, partout  dans le monde arabe :  Tunisie, Egypte, Libye, Yémen, Syrie,  et Bahreïn .  Ce tremblement de terre politique, effraya  les «  bédoucraties «  du CCG ** qui, du jour au lendemain se trouvèrent nus , sans  la protection de la «  doctrine Carter «  qui préconise  que tout intervention sur les ressources pétrolières dans les pays du Golfe , entraînera l’intervention des Etats-Unis …Et ses alliés naturels .  Une coalition contre l’Etat Islamique est entrain de se constituer … Avec les « bédoucraties «   du Golfe,   réussira-t-elle ?  Ou bien ,   ne  réussira pas ?  L’avenir nous le dira …   Mais la question qui se pose :  -Vers qui se tourner pour trouver une source d’inspiration et de confiance en soi et de fierté ?  - Les réactionnaires des pays du Golfe ?  L’Egypte du maréchal  El Sissi ?  Et pendant ce temps , le monde chiite , lui commence  à se remuer  et à s’imposer comme interlocuteur indispensable pour l’Occident  et entend jouer un rôle , toujours plus grand dans le monde arabe .

 Le Hezbollah dicte sa loi au Liban, et un axe confessionnel reliant Beyrouth, Damas , Bagdad et  Téhéran  se consolide de jour en jour .  Il en découle un phénomène alarmant :  la majorité  sunnite dans la région développe un complexe  minoritaire – un sentiment confus mais puissant  de marginalisation , dépossession et  d’humiliation .  Ils sont  de plus en plus nombreux , dans plus  d’endroits , les sunnites qui se croient et se disent privés de leurs droits élémentaires et persécutés .   Le plus inquiétant peut-être ,c’est que l’Etat islamique est devenue un cache-sexe d’une vacuité politique généralisée .  Tous ceux qui abhorraient «  une guerre contre  le terrorisme «  de W. Bush , y voyait en soit une idée naïve de pompier pyromane , soit la rémanence aberrante d’une logique impériale .

 Daesh  justifie tous les excès de la fuite en avant iranienne vers plus de sectarisme chiite , en réponse  à son équivalent sunnite . Par ailleurs, les ambivalences  de l’Occident qui ne sait plus où  donner  la tête , sans oublier les compromissions d’une grande partie des élites du monde arabe  dans une orgie  de violence contre-révolutionnaire , ou encore l’aliénation croissante des minorités par rapport à leur environnement .  Il s’agit d’une dynamique dont elles sont les victimes , mais aussi les actrices , puisqu’elles se raccrochent à des formes de répression qui aggravent le problème .   Les Etats-Unis ont fini par réagir en Irak  parce qu’ils pouvait le faire à bon compte : pas de risque d’escalade avec l’Etat islamique , qui n’a pas de moyens de rétorsion immédiate . Pas de tollé  dans l’opinion publique américaine ou internationale , largement acquise à la cause .  Pas de complications  diplomatiques non plus . Puisque Deash fait l’unanimité contre lui au sein  du gouvernement irakien et au leadership kurde comme chez le voisin iranien, turc et saoudien .  **** 

 TRENTE PAYS S’UNISSENT POUR LUTTER CONTRE L’ETAT  ISLAMIQUE
 , CEPENDANT DE NOMBREUSES QUESTIONS   RESTENT OUVERTES !
 

La communauté internationale  a promis , lundi 15 septembre 2014, de soutenir la lutte de Bagdad contre les djihadistes islamique (EI), «  par tous les moyens nécessaires , y compris  militaires » . Elle  a pris   cet engagement  à l’issue de la conférence internationale de Paris sur la sécurité en Irak .  Les participants affirment «   que « Deach »  , acronyme arabe de « EI » , constitue une menace pour l’Irak , mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale .  Une trentaine de pays , dont cinq membres permanents  du Conseil de Sécurité de l’ONU, ont débattu , au cours de cette conférence  des aspects sécuritaires,  humanitaires  et politiques  de la réponse  à apporter  du défi  posé par l’Etat islamique , qui a pris par surprise la communauté internationale cet été en s’emparant  de plusieurs régions en Irak  et en Syrie .

 De son côté l’Iran a rejeté une demande  de coopération américaine .  Au delà de leur  détermination  affichée , les participants à la conférence, de Paris , n’ont pas dévoilé aucun  contour du «  plan international «  à venir , ni donné le moindre détail de calendrier ou de liste de membres d’une possible coalition .  Pour le moment il s’agit d’une agitation intense générée par la France, en  mal de publicité après la débandade des élections municipales du printemps dernier .  La nomination de M. Manuel Vallls, a la tête du gouvernement  n’a pas arrangé les affaires du PS  et ses alliés verts, qui ont claqué la porte, laissant les socialistes seuls ou presque , face à leur  sort .  Une fuite  en avant entraîne une autre, M. Hollande multiplia les  interventions belliqueuses en Afrique  ( Côte d’Ivoire, Mali. Centre Afrique )  au nom  d’un néo-colonialisme  qui ne dit pas  son nom .  Très bas dans  les sondages ( moins de 15% de l’opinion publique française lui fait confiance ) à cause de son manque de charisme et surtout son incompétence  flagrante .  Certes, il est énarque de la promotion «  Voltaire »,  Mais il est resté figé  en perpétuel  «  contrôleur de finance «  . Son évolution  est restée confinée dans les cabinets politiques ( secrétaire général du Parti socialiste pendant douze ans )  .  Ce  dernier coup  de va-ton- guerre  n’est qu’agitations pour camoufler son échec patent de redresser la France . 

Ce qui ne l’empêche pas de s’attribuer «  un rôle majeur «  en Irak .   Ce qui est  ,  très loin de la réalité sur le terrain .   Craignant de se faire  qualifier de «  supplétif des Américains »  , le Président s’est flatté d’être «  le premier chef d’Etat » à se rendre à Bagdad pendant l’offensive des djihadistes. ***** 

 Quant aux Arabes, ils sont toujours fidèles à leur image  de plâtre sur une jambe de bois  qui, non seulement ils ont encouragé les extrémistes  à s’épanouir , mais ils l’ont inondé de pétrodollars et l’inondent encore à travers leurs œuvres caritatives  qui maillent la planète entière .     Certains pays arabes sont nommément accusés d’avoir fait prospérer l’Etat islamique en lui apportant leur soutien inconditionnel partout où il opère .  A cet égard, une seconde conférence , dont la date n’est pas encore fixée , devrait se tenir prochainement à Bahreïn , afin de déterminer les moyens de couper les circuits d’approvisionnement de l’EI, en nouvelles recrues et en ressources financières (…) sic !   

CONCLUSION  

Dans sa  longue  histoire, l’Irak  avait vu passer les pires dictateurs , sans sourciller , même les plus abjects,  a commencer par  Abou Jâfar Al Mansour, dit l’Assassin,   El Hajaj  Ben Youssef Al Thakfi,  Jengis   Khan, Abdel Karim Kacem , Abdessalam  Aref  et maintenant une kyrielles  d’assassins  en herbe qui veulent asseoir une notoriété  qu’ils n’ont pas et n’auront jamais  malgré leur terreur  aveugle  que sèment les djihadistes de  l’Etat islamiste . 
 L’Irak  restera  l’Irak éternel , malgré les soubresauts qui le secouent durant ces vingt dernières années . 
Quand à nous, nous condamnons fermement toutes les violences et la barbarie d’où elles viennent   . Les barbares n’ont pas de place   dans une société civilisée  .

 
* Peter HARLING – Chercheur pour International Crisis Group ;
** Le Monde Diplomatique  No 726 –Septembre  2014;
***  Bédoucratie : Terme utilisé pour la première fois par le soussigné en 1991, désignant un Etat croupion qui règne sur des sujets plus bêtes que méchants capable de faire appel à l’ennemi  pour se protéger de son propre peuple ;
Le Koweït fut l’exemple le plus affligeant   .

 ****  La guerre des Bush – Eric Laurent –LE GRAND LIVRE DU MOIS
–  Editions PLON 2003


***** Le Canard enchainé  du mercredi 17 septembre  2014  
 

 DR Mohamed  BEN ABDALLAH
DR OF BUSINESS  ADMINISTRATION
 
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB;
 AUTEUR DE «  L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE
LE POSSIBLE   & LE REALISABLE « 
;
DEPUIS  LE 1er mars 2009
 

 &

EDITORIALISTE – REDACTEUR EN CHEF  DU SITE 


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EN LIGNE    DEPUIS  LE  1er Mars 2009   
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02/10/2014