•  
  •  

 

EDITORIAL ECONOMIQUE & FINANCIER


LE KRACH IMMOBILIER DE DUBAÏ SECOUE LA FINANCE OCCIDENTALE

La démesure, serait le maître mot qui conviendrait au cheikh du   petit Émirat de Dubaï, l’un des sept micros entités du conglomérat de l’Union des Émirats Arabes Unis, une entité pétrolière, qui avait émergé des oubliettes de l’histoire, à la suite du départ des Anglais de la région du Golfe arabo-persique, au début des années septante. 

En effet, le risque de faillite de Dubaï a fait trembler les marchés financiers. Les bourses occidentales ont mal réagi aux mauvaises nouvelles venant du Golfe. L’origine de cette peur : Dubaï , touché de plein fouet par la crise financière après des années d’euphorie et de démesure, a annoncé son intention de demander aux créanciers de son conglomérat de Dubaï World, le plus endetté, de surseoir de six mois au paiement de la dette, arrivée à échéance .   

Le conglomérat cherche à venir en aide à son pôle immobilier, Nakheed, qui doit régler en décembre quelques 3,5 milliards de dollars dettes sous forme d’obligations islamiques (…). Selon un analyste du Crédit Suisse, les banques européennes seraient exposées à la hauteur de 13 milliards d’euros .D’autres études plus réalistes font état à une exposition, nettement supérieure.

Tous les grands noms de la finance seraient concernés. Globalement, la Banque des règlements (BRI) évalue à 93 milliards de dollars l’exposition des banques européennes présentes aux Émirats Arabes Unis.

Les marchés financiers redoutent que les difficultés de Dubaï ne fassent ressurgir le spectre de faillites d’États, à l’image de la situation rencontrée par l’Argentine, quelques années plus tôt. Les investisseurs craignent le niveau d’endettement publique de plusieurs pays, notamment en Europe, comme l’Espagne, l’Italie, la Grèce, la Roumanie et l’Ukraine. Afin de parer à ces éventuelles faillites, le Fond monétaire International (FMI) a mis à la disposition de ces pays 500 milliards de dollars sous forme d’aides diverses et de prêts à taux d’intérêts dérisoires.  Lors du dernier G20, le FMI s’est montré très compréhensif à l’égard des pays européens en très grandes difficultés. En ce qui concerne la banqueroute du petit Émirat, les instances de Breton Woods, ne seraient pas concernés, surtout après le refus de ces derniers de venir en aide à ces institutions en 2008, en invoquant leur aide aux pays pauvres du Proche-Orient, notamment l’Égypte, la Syrie, la Palestine   et bien d’autres. Quant à leur folie de grandeur, ils doivent l’assumer et pourquoi pas, ne pas vendre leurs actifs disséminés un peu partout dans le monde financier ?  Ou leurs acquisitions colossales dans les banques européennes. Notamment des banques Suisses. Particulièrement le Crédit Suisse.
 
LA PLANETE FINANCE SE FAIT PEUR EN EVOQUANT LA FAILLITE DE DUBAÏ

En effet, l’incapacité du principal conglomérat de l’émirat à rembourser ses dettes fait plonger les marchés mondiaux .Abu Dhabi pourrait cependant venir à la rescousse de son « petit frère », temporisent certains analystes.    Lors de la crise de la sub-prime, de l’année dernière, les Émirats Arabes Unis Unis furent le sauveur incontesté de plusieurs banques et instituts financières. Ils avaient injecté dans les circuits financiers mondiaux plusieurs milliards de dollars, d’Euros et de yens. Ironie du sort, l’un de leur membre risque de se faire déshonorer en public par une faillite retentissante.

Par ailleurs, l’inquiétude provoquée depuis la confirmation que le petit émirat est en cessation provisoire de payement contrarie l’optimisme ambiant provoqué par la réunion de Pittsburgh qui s’était terminée sur une note mitigée. En effet, l’incapacité du conglomérat Dubaï World et son entité immobilière, Nakheed à honorer à temps, une partie de sa dette de 59 milliards de dollars ont fait trembler les marchés du globe.

Les bourses du Golfe étaient fermées en raisin des fêtes de l’Aïd, mais la valeur des obligations islamiques a plongé de 15%, en Asie, celles émises par Nakheed perdant 27%, selon l’AFP, les CDS, ces polices d’assurance censées protéger contre la faillite des États du Golfe, ont vu leur prix décoller. Les dégâts collatéraux se sont faits ressentir chez le constructeur automobile Porche et Barclays en Europe ont plongé vertigineusement.

En Europe, les marchés boursiers ont connu leur plus forte baisse depuis sept mois. Francfort et Londres ont dévissé de 3,2%. Zürich a également été secoué. HSBC et Standard Chartred, qui figurent parmi les banques les plus exposées aux Émirats, ont vu leurs actions dévisser de plus de 5%.

Par ailleurs, la Banque des Règlements Internationaux (BRI), évalue à 93 milliards de dollars, l’exposition des banques Européennes à l’ensemble des Émirats Arabes Unis, plus de la moitié concernant des établissements britanniques. Les prêts accordés aux seules sociétés de Dubaï atteindraient treize (13) milliards de dollars, selon une note du Crédit Suisse.

Les industriels réalisant une part importante de leur activité dans le Golfe, comme Porsche, BMW, Daimler ou EDS ont été également secoués en bourse.  Par crainte de banqueroute, les agences de notation S & P et Moody’s ont revu à la baisse leur estimation de la capacité de plusieurs groupes parapublics de Dubaï à rembourser leur dette, ce qui n’a fait qu’accroître l’inquiétude quant à la banqueroute d’un pays croulant sous 80 milliards de dollars de dettes.
 
Par ailleurs, tous les regards se focalisent sur Dubaï World, piller de l’Émirat à l’origine de ses projets pharaoniques comme l’île artificielle, Palm Jumeirah.

Parmi les 70 créanciers figurent HSBC, Barclays, Iloyds ou RBS, mais aussi le Crédit Suisse, selon l’agence Bloomberg. La banque suisse rétorquait « que son exposition restait immatérielle ». Sic !

Selon toute vraisemblance, la situation n’est cependant pas comparable à celle de l’Argentine en 2001. Le plus important prêteur de Dubaï World reste Abu Dhabi, l’un des plus grands producteurs de pétrole du monde. L’Émirat voisin devrait fournir la moitié des 10 milliards de dollars que le cheikh Mohamed Ben Rachid Al Maktoum, le dirigeant de Dubaï, prévoyait d’emprunter jusqu’à la fin de l’année. Selon les spécialistes, « Abu Dhabi ne laissera jamais tomber Dubaï, car cela secouerait toute la région «.   Toujours est-il, que la démesure dont a fait Dubaï reste une aberration macroéconomique à enseigner dans les hautes écoles de Business Administration. Abu Dhabi devrait racheter Abu Dhabi World afin de la réformer en profondeur et mettre fin à ce gigantisme inutile.

Pour l’instant, cela n’empêche pas cet émirat de regarder avec une certaine satisfaction le « Manhattan du Golfe « de débattre dans ses difficultés. Une façon d’humilier les Al Maktoum, la dynastie régnante dur Dubaï qui, a longtemps regardé de haut ses voisins, en se targuant d’avoir pu construire, sans l’aide du pétrole, un empire financier.       

L’EMIRAT DE DUBAÏ AVAIT   MEILLEUR TEMPS À VENDRE SES ACTIFS À L’ETRANGER POUR ASSAINIR SES FINANCES

Grâce aux pétrodollars amassés depuis trente ans, l’Émirat de Dubaï pourrait se délester de certaines acquisitions afin de faire face à sa dette colossale. Certains analystes penchent vers une solution solitaire qui consiste à se départir de certaines sociétés acquises pendant les années fastes et dont la rentabilité reste sujette à caution.

En effet, grâce aux pétrodollars, l’Émirat avait fait de nombreux investissements, par le biais d’Instithumar, Infinity Development Corp et de la Nakheed, institutions nationales spécialisées dans les acquisitions à l’étranger. Selon le « Financial Times, des agents immobiliers internationaux se disent prêts à stopper les transactions. A terme, Dubaï a besoin de quatre-vingt milliards de dollars pour honorer ses créances.

Le rachat de la société P & O Ports a été la plus spectaculaire de la ville-Etat. En février 2006, Dubaï Ports World (DPW) a déboursé 8,9 milliards de Francs pour acquérir l’opérateur britannique de gestion portuaire. Grâce cette transaction, DPW est devenu le 3e acteur mondial dans ce domaine avec 29 terminaux, dans une vingtaine de pays. Quelques semaines plus tôt, ce dernier avait financé le rachat d’Inchape Shipping Services (GB), l’un des plus importants agents maritimes.
Toujours dans le domaine transport, Dubaï a investi 15 milliards de dollars dans des activités de location et de réparation d’avions et de gestion d’Aéreports. Les pétrodollars ont aussi financé l’acquisition de plusieurs biens touristiques. Infinity Development Corp détient 9,5% de MGM Mirage, un complexe hôtelier à Las Vegas. Pour sa part, Nakheed a investi 50 millions de dollars pour acquérir un paquebot qui servira d’hôtel flottant au large de l’Etat-ville.

Par ailleurs, les stratèges financiers de l’émirat ont aussi misé sur l’industrie des loisirs. Ils ont acheté 20% des actions du groupe canadien Cirque du Soleil. Celui -ci aménagé à présent en théâtre en plein air à Dubaï. Trois autres acquisitions dont un prestigieux terrain de Golfe en Écosse complètent la frénésie d’acquisitions convulsives qui s’ajoutent à une station de ski, dans les rocheuses aux Etats-Unis.

Quant au développement immobilier à Dubaï, il a mobilisé les capitaux de l’Émirat dans des investissements à Cape Towton, en Afrique du Sud. L’Émirat a aussi acheté en 2007, le commerce de luxe Barneys, à New York pour 835 millions de dollars. Investissements qui complètent panoplie d’acquisitions d’innombrables immeubles prestigieux dans les grandes villes, notamment les hôtels Mandarin Oriental à New York et à Genève.

Si l’Émirat se délaisse d’une grande partie de son patrimoine immobilier inutile et ses acquisitions farfelus, le cheikh Al Maktoum, peut éviter une humiliation que ses pairs ne tarderont pas de lui infliger avec l’aide des créanciers les plus avides. Quant au possible faillite de cet Émirat, il ne fera du mal à personne, sachant que le maître mot de ce cheikh de peccadille, est le gigantisme. Une faillite retentissante servira de leçon aux autres composantes de l’Union des Émirats Arabes qui, aveuglés par leur incurie crasse et leur stupidité congénitale, ont perdu tout sens de la mesure.

LE CHEIKH DE DUBAÏ SE REBIFFE AFIN D’ASSURER LES MARCHES FINANCIERS

Le cheikh Al Maktoum a pris la parole, pour la première fois depuis le début de la crise, afin de rassurer les marchés financiers. Manque de pot, il s’en est pris à la presse internationale et aux investisseurs étrangers. « C’est la faute aux médias et aux investisseurs étrangers qui ne comprennent rien « a déclaré en substance le cheikh de Dubaï, Mohammad ben Rached Al Maktoum, qui a pris, pour la première fois publiquement, la parole pour défendre son économie, ébranlée depuis l’annonce la semaine dernière, du défaut de paiement de Dubaï World.  En effet, « faire l’amalgame entre Dubaï World et le gouvernement de Dubaï est erroné » a-t-il martelé, tout en ajoutant, sans convaincre personne « Notre économie est aujourd’hui l’une des économies du monde les plus solides en raison de sa diversité, de ses grands moyens et d’une planification stratégique « (…).

Hélas, le cheikh n’a rassuré personne. La dégringolade boursière a continué sa chute vertigineuse atteignant - 5,5%. En effet, peu après cette déclaration, le moins qu’on puisse dire « iconoclaste », compte tenu de la situation boursière et politique de l’Émirat de Dubaï. Peu après, ce fut le tour du président de la fédération des Émirats Arabes Unis, le cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane, de prendre la parole pour rassurer les marchés : « je tiens à rassurer tout le monde que notre économie est saine ». (…) sic ! La bourse de Dubaï a malgré les assurances des cheikhs, a tout de même, clôturé sur une perte de près de 6%. L’agence de notation Mood’s a estimé la dette de l’Émirat à 100 milliards de dollars, plus de 100% de son Produit Intérieur Brut (PIB).

Dans la nuit de lundi à mardi, Dubaï World a par ailleurs annoncé une restructuration. Le processus concernera uniquement Nakheed World et Limitlees World, selon le communiqué officiel. Par conséquent, DP World, troisième opérateur portuaire mondial, et Iinsthmar World and Ports, qui contrôle les investissements du groupe à l’étranger, ne sont pas touchés car « ils sont dans une situation financière stable « sic !

Par ailleurs, la valeur totale de la dette des compagnies concernées par le processus de restructuration s’élève à environ 26 milliards de dollars, dont environ six milliards relatifs aux Souks de Nakheed, a encore précisé Dubaï World, le 25 novembre dernier, les autorités de l’Émirat avaient annoncé leur intention de demander un moratoire de six mois sur le paiement de 3,5 milliards de dollars sous forme d’obligations islamiques (…) sic !

LA PLANCHE DE SALUT DE DUBAÏ POURRAIT ÊTRE SON GRAND FILLEUL, ABU DAHBI 
              
Véritable pilier des Émirats Arabes Unis, la capitale de cette confédération des sept mini-Etats qui fêtait, fin novembre, ses trente huit ans d’existence, ont de quoi venir à la rescousse de son filleul dont les dettes s’élèveraient à 100 milliards de dollars. Confortablement assise sur 8% de la réserve mondiale de pétrole, elle figure au troisième rang des exportateurs d’or noir. Dans un éditorial du quotidien de Dubaï, « Al Bayan », relève « qu’il suffirait à Abu Dhabi de réduire sa production pétrolière de 10% , pendant deux semaines, pour provoquer une hausse immédiate du baril à 90 dollars qui épongerait cette dette, en un mois de production «   . A cela s’ajoute le Fonds souverain « l’ADIA », d’Abu Dhabi, considéré comme le plus important du monde et qui, selon l’agence de notation financière « Moody’s «, dépasse considérablement à lui seul la dette extérieure du pays. Au total, les réserves d’Abu Dhabi, sont estimées au moins de 500 milliards de dollars, selon des sources financières fiables.

C’est en toute sérénité que la Banque Centrale d’Abu Dhabi offert d’abreuver en liquidités les banques des Émirats arabes unis, moyennant un surcoût de 50 points de base, après l’annonce par Dubaï , trois semaines en arrière, d’un moratoire sur une partie de ses dettes.

En revanche, Abu Dhabi s’est bien gardée de secourir, en une seule traite son turbulent voisin. « Nous allons examiner et aborder au cas par cas les engagements de Dubaï « souligne un responsable d’Abu Dhabi, interrogé par l’Agence de presse Reuters ».    Le grand frère cherche-t-il à remettre les pendules à l’heure, en refusant de jouer les vaches à lait ? Ou bien tente-t-il, tout simplement, de monnayer son rachat ?  « C’est une façon de dire à Dubaï : assume tes responsabilités, fais tes devoirs, et reviens me voir, une fois que tu auras mis de l’ordre dans tes affaires «. 

En effet, début 2009, alors que la crise internationale faisait, pour la première fois, explose la bulle immobilière de Dubaï, la Banque Centrale avait déjà volé au secours, par deux fois , à la hauteur de 15 milliards de dollars. « Depuis, on s’attendait à un assainissement. D’où l’effet surprise de l’annonce du moratoire, fin novembre dernier, qui a choqué tout le monde », souligne un analyste financier, travaillant pour le compte d’une banque d’Abu Dhabi.

Par ailleurs, la folie des grandeurs de Dubaï, aurait, selon un fin observateur de la vie politique Emiratis, commençait à agacer sérieusement Abu Dhabi, plus mature et pragmatique. Dans leur course commune à la modernité, les approches ont été différentes, dès le début. Dubaï a misé, à crédit, sur l’extravagance, à l’image de sa piste de ski artificielle ou de sa tour la plus haute du monde, tandis qu’Abu Dhabi a préféré de jouer la carte de diversification. D’abord tourné vers le pétrole, Abu Dhabi a élargi ses compétences, en se lançant dans l’industrie sidérurgique, en développant les transports en commun, comme le train, en misant sur la culture et les arts.

Concurrence oblige, certains y voient une discrète revanche d’Abu Dhabi. Pendant longtemps, tous les regards se sont tournés ver Dubaï. La crise est entrain de provoquer un rééquilibrage en faveur d’Abu Dhabi. Mais l’aide sélective offerte par la capitale des Émirats Arabes Unis relève également, de considérations purement financières. Tous les actifs détenus par le conglomérat Dubaï World, l’entité la plus endettée, ne se valent pas. Abu Dhabi louche, sans rougir, sur les sociétés les plus lucratives comme Dubaï Port ou Emirates Air Lines, les projets de Nakheed, filiale immobilière de Dubaï World, dont la valeur avait  chuté vertigineusement, avec la crise, mais   qui restent alléchants (…) .

A l’heure du bilan, il va falloir repenser le modèle de la fédération des Émirats Arabes Unis. Le modèle actuel est arrivé à ses limites. L’heure de recentrage a sonné clament les centralisateurs qui redoutent une disloquation de cette union très fragilisée par les égoïsmes des composantes les plus impatientes pour jouer dans la cour des grands. Pour conclure, les Émirats du Golfe, peuvent devenir victimes de leur inconséquences, comme fut le cas des petits sultanats andalous balayés par Catherine, la pieuse en 1492, date du départ du dernier des Béni Al Ahmar d’Espagne, après VIII siècles  de présence . Une autre bourde comme celle-ci et l’Iran les annexera, sans aucune autre forme. Aux dernières nouvelles, Dubaï a obtenu une aide de dix milliards de dollars, de son cousin protecteur, Abu Dhabi, afin de régler une partie de sa dette avant échéances. L’annonce de cette aide est intervenue, le jour même de l’arrivée à maturité des obligations islamiques de Nakheed, alors que les milieux financiers craignaient un défaut de paiement. Ce qui n’exclu pas, d’autres problèmes à venir.

  


DR MOHAMED BEN ABDALLAH

DR OF BUSINESS ADMINISTRATION

SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB

&

ANCIEN REDACTEUR  EN CHEF DE L’AGENCE DE PRESSE

IPA PRESS & COMMUNICATION AGENCY SARL

BASEE A 1215 GENEVE COINTRIN 

 

07/01/10