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EDITORIAL ECONOMIQUE  

EDITORIAL ECONOMIQUE

L’EURO :   MONNAIE DE LA DISCORDE ?  

PROLOGUE

« Joseph Stiglitz prix Nobel de l’économie 2016, propose un constat implacable. Il s’interroge comment en est-on arriver à consacrer une monnaie qui était conçue pour rapprocher les peuples et amener la prospérité mais qui a fini par les diviser et plomber les économies ? « .

Selon toute vraisemblance, la crise financière de 2008 *, avait agi, tel un révélateur, en faisant sortir les défauts originels du projet économique de l’Union européenne. En effet, l’intégration économique avait surpassé le projet politique en se construisant sur des bases qui favorisent les divergences plutôt que les convergences. L’origine du mal est, sans conteste : peut-on encore sauver cette monnaie ?

En mettant en évidence la mauvaise gestion de la Banque Centrale européenne par d’anciens collaborateurs de Goldman Sachs, en l’occurrence, le Français, J.C. T.  Associé au Hollandais W. F, suivis par l’actuel gouverneur, Mario Draghi, aussi un pur produit de la banque d’affaire américaine Goldman Sachs, tous monétaristes qui détestent l’emploi et misent sur un monétarisme débridé qui a ruiné des millions d’américains outre-Atlantique.

Par ailleurs, en mettant en évidence la mauvaise gouvernance de la BCE et en expliquant pourquoi l’austérité ayant condamné l’Europe à la stagnation sans fin.  Joseph Stiglitz, porte un diagnostic sévère sur la situation actuelle.  Il explique dans ce livre, pourquoi l’euro était vicié dès sa naissance et il propose des scénarios concrets, en explorant notamment la liste de l’euro-flexible, pour sortir de l’impasse, qui touche 350 millions d’européens.

Avec « l’euro. Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe « l’auteur tire la sonnette d’alarme et exhorte les Européens à reprendre en main leur destin commun en cessant de louvoyer, au risque d’aggraver profondément encore la crise actuelle.

LE TERRIBLE CONSTAT …

A l’heure où le livre de Joseph Stiglitz, prix   Nobel d’économie 2016, sortait de presse, de nombreux     pays européens arrivent au terme d’une décennie perdue. Leur Produit Intérieur Brut (PIB) ; est plus qu’avant   la crise   financière mondiale de 2008. Par ailleurs, même quand l’Europe fête un succès, il est ressenti comme un échec cuisant.  Par exemple, le taux de chômage avait baissé en Espagne, 26%, en 2013, à 20%, au début de 2016 ! Cependant, près d’un jeune sur deux, reste sans emploi, et le taux de chômage serait nettement   plus   élevé si tant de jeunes, parmi les plus talentueux n’avaient pas quitté le pays pour chercher du travail ailleurs.   La clé de l’énigme : elle est   simple. C’est une décision fatale pris en 1992 :  adopter une monnaie unique sans créer les institutions qui l’auraient fait fonctionner.  Les bons systèmes monétaires ne peuvent, en aucun cas, garantir la prospérité, mais les mauvaises peuvent conduire à des récessions et des dépressions.  Selon les économistes, rien n’impose que L’Europe soit crucifié sur la croix de l’euro, ce dernier peut fonctionner. Les principales réformes sont nécessaires sont à entreprendre dans la structure même de l’union monétaire, pas dans les économies des pays membres. Mais y a - t- il   suffisamment de cohésion politique, assez de solidarité, pour qu’elles soient adoptées ? La question reste ouverte... Sans ces réformes, un divorce à l’amiable serait préférable à l’actuelle navigation à vue.  Les Britanniques   ont choisi le Brexit qui, somme toute peut s’avérer concluant. Il est encore tôt pour tirer des conclusions, mais l’économie de sa majesté se porte comme un charme, pour le moment !  En 2015, l’Union Européenne (UE), à 28, était la 2ème économie du monde, avec une population d’estimée à 507 millions d’habitants et Produit Intérieur Brut (PIB) de 16. 200 milliards    de dollars, légèrement inférieur à celui des Etats-Unis (le taux de change étant très variable, le poids relatif des pays peut changer aussi :  en 2014, l’UE, était la première économie).  En effet, au sein de l’Union européenne, dix-neuf pays partagent une monnaie unique, l’euro n’est entré en circulation qu’en 2002, même si la   décision de sa création n’était pas encore officielle ; les pays de la zone euro ont verrouillé les valeurs de leurs devises les unes   par rapport aux autres, trois ans avant l’apparition des pièces et des billets. En 2008, la région été précipitée, avec le reste du monde*, dans une récession.  Aujourd’hui, la reprise est bien là, aux Etats-Unis. Le reste du monde vit une reprise anémique et tardive mais incontestable.  L’Europe, pour elle, reste enlisée dans la stagnation et tout particulièrement la zone euro.

Cet échec est grave pour le monde entier, pas seulement pour les pays qui   font partie de la zone monétaire.  Par ailleurs, il est particulièrement éprouvant pour   tous les habitants des pays en crises, voire en dépression.  Cependant, avec la mondialisation, ce qui crée la stagnation dans une partie si importante de l’économie mondiale, nuit aux intérêts de tous.

Pour un économiste, l’expérience de l’euro est fascinante, cependant, les économistes ne peuvent pas faire d’expériences en laboratoire. Ils doivent vérifier les idées avec celles qu’apporte la nature ou la politique.  L’euro nous a appris beaucoup de choses. Il a été conçu avec un mélange de mauvaise science économique et d’idiologie perverse.  C’était un système qui ne pouvait pas fonctionner longtemps. 

En effet, au moment de la grande récession, ses défauts sont devenus flagrants aux yeux de tous. Pour qui voulait voir, ses faiblesses internes, étaient si évidents depuis le début. Elles ont contribué à faire grandir des déséquilibres qui jouent un rôle central dans les crises en cours et qu’il faudra des années pour surmonter.

Aujourd’hui, le monde est assailli par de nouvelles initiatives qui visent à mettre en puissance de la mondialisation au service des puissants, particulièrement les accords de commerce transatlantique et Trans pacifique. En effet, le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP ou TAFTA) et le partenariat Trans pacifique (TPP), respectivement, sont élaborés à huis clos, une fois de plus, par des dirigeants   politiques, avec des grandes entreprises autour de la table.

Pour la plupart des Européens, le projet européen, la poursuite de l’intégration des pays du continent, est l’évènement politique le plus marquant de ces soixante dernières années. A leurs yeux, c’est une hérésie de prévoir l’échec de ce projet, ou de suggérer qu’il allait peut-être échouer, ou qu’un de ses aspects, notamment son système monétaire risque d’échouer lamentablement. Mais la réalité envoie parfois des messages douloureux, à savoir : le mécanisme de l’euro est cassé, et si on ne répare pas au plus vite, les coûts seront énormes.  Même avec les réformes récentes, le système actuel n’est pas viable à long terme sans que les coûts gigantesques soient imposés à un grand nombre de citoyens. Et ces coûts sont loin de se limiter au champ de l’économie. Ils peuvent englober la politique et la société, notamment la montée de l’extrémisme et le populisme de droite.  En effet, si la faillite de l’euro n’est pas l’unique raison de ces évolutions de fond, l’énorme tribut économique qu’on a fait payer à tant de citoyens européens en est une des causes principales. Si ce n’est pas la principale. En effet, ces coûts sont particulièrement lourds pour la jeunesse européenne : son avenir est compromise ses aspirations détruites.  Peut-être, ces jeunes   comprennent-ils pas ce qui s’est passé et ne saisissent pas complètement les mécanismes économiques qui sont à l’œuvre, mais qu’ils ne comprennent pas, ce qu’on leur a menti.

CRISE DE l’EURO : L’IMPLACABLE ECHEC DE LA MONNAIE UNIQUE

L’Europe, qui, jusqu’en 2008, fut source de lumière, berceau de la science moderne est actuellement en crise. La crise financière de 2008, venue des Etats-Unis suite à la crise des sub-primes s’est métamorphosée en deux ans en crise de l’euro, en 2010.  Cette région du monde, où a eu lieu la révolution industrielle qui avait conduit à la montée sans précédent   des niveaux de vie de deux siècles, vit, depuis cette crise, une longue période de stagnation. Le PIB réel (ajusté en fonction de l’inflation) par habitant de la zone euro dans les 19 pays de l’Europe, dont l’euro est la monnaie, a été à peine plus élevé en 2015, qu’en 2007.  Certains pays sont en dépression depuis des années.

En revanche, aux Etats-Unis, quand le taux de chômage avait atteint 10% de la population active, en   octobre   2009, la plupart des Américains avaient jugé cette situation intolérable. Depuis, il avait baissé à 5%.  Mais dans la zone euro, où le chômage avait également monté   à 10%, en 2009, il n’a jamais cessé de grimper atteignant deux chiffres. En   moyenne, il touche plus d’un jeune sur cinq de la population active, principalement dans les pays en crise aigüe, notamment l’Europe latine et l’Irlande (…)  Derrière la sécheresse des chiffres sur le chômage des jeunes, se cache les rêves gâchés et des aspirations détruites de millions de jeunes Européens, dont beaucoup avaient travaillé et étudié avec ardeur.

Ce que les statistiques ne montrent pas, ce sont les familles déchirées, par ce que l’émigration à l’intérieur de l’Europe n’est pas souvent facile. L’adaptation de l’individu est tributaire de ses connaissances.  Avec une croissance qui frôle le néant, elle annonce une Europe future plus renfermée et plus frileuse.

En effet, l’échec de l’euro a rendu plus difficile à l’Europe d’affronter ces autres crises.  Donc si ce livre porte sur l’économie – les raisons économiques de l’échec de l’euro et ce qu’on pourrait faire à ce sujet, l’économie est l’instrument de la politique et non le contraire.  En réalité, la politique a toujours fait obstacle à la création des dispositifs économiques qui permettraient à l’euro de fonctionner. Et l’échec de l’euro lui-même engendre de graves conséquences politiques.

Ce livre explique clairement pourquoi les mesures prises jusqu’ici pour résoudre la crise de l’euro n’ont pas été que des palliatifs temporaires. Le prochain épisode de cette crise aura probablement lieu dans un avenir éloigné.

Si de nombreux facteurs contribuent aux souffrances de l’Europe, ils sont sous tendus par une seule erreur :la création de la monnaie unique, l’euro, ou plus exactement, la création d’une monnaie unique sans la mise en place d’un ensemble d’institutions qui permettraient à une région aussi diversifiée que l’Europe de fonctionner efficacement avec une monnaie unique.
 La deuxième partie   du livre précise quelles sont les conditions nécessaires succès d’une union monétaire, ce que l’Europe a fait, et comment l’écart entre ce qui était nécessaire et ce qu’elle a fait, ayant conduit aux échecs de l’euro, aux crises apparues   peu après sa création. Et le fossé qui s’est creusé entre pays riches et pays pauvres de la zone euro. Les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent encore plus. L’euro n’a atteint aucun de ses grands objectifs : ni la prospérité, ni l’intégration politique. Nous en sommes très loin à présent qu’avant la création de l’euro.  Ce n’est pas dans la paix et l’harmonie, mais avec méfiance et colère que les pays européens se regardent entre eux en ce moment.  Les vieux clichés reprennent vie lorsque l’Europe du Nord fustige le Sud, le disant paresseux, peu fiable, et que les souvenirs du comportement de l’Allemagne dans les guerres mondiales resurgissent.

MAUVAIS RESULTATS ECONOMIQUES 

Les résultats économiques des pays de la zone euro ont été décevants. En effet, fondamentalement est en stagnation et ses résultats ont été particulièrement lamentables depuis la crise financière de 2008.  Ceux qui restaient septiques à l’euro le disaient depuis toujours : son heure de vérité sonnerait lorsque les pays de la zone euro subiraient un choc asymétrique sous forme de changement qui frapperait différemment certains pays par rapport aux autres. Par ailleurs, au lendemain de la crise financière de 2008, les craintes se sont concrétisées et au-delà : les économies de la zone euro ont fait encore pire que les censeurs les plus sévères de l’euro ne l’avaient prédit. La crise avait commencé aux Etats-Unis, mais les Etats-Unis ont eu une reprise, certes faible, puisque    leur PIB, réel en 2015 a été supérieur d’environ 10% de celui de 2007.

Le PIB de la zone euro, n’a pratiquement pas bougé depuis 2007. De fait, il y a eu une baisse sur le revenu réel par habitant. La zone avait même subi une récession à double creux.  Certains pays extérieurs à la zone euro, comme la Suède et la Norvège, s’en sont très bien sortis. Un seul facteur massif, explique les mauvais résultats de la zone euro : c’est l’euro (…)

COMMENT L’EURO AVAIT CREE LA CRISE DE L’EURO ?

Les partisans de l’euro répliquent que « l’euro a bel et bien fonctionné «, même s’il ne l’avait fait que pendant une très brève période. De 1999 à 2007, la « convergence » avait eu lieu. Les pays à faibles revenus avaient connu une croissance rapide et les taux d’intérêt que devaient payer   les Etats et les entreprises quand ils empruntaient avaient diminué.

L’euro avait réussi à promouvoir l’intégration économique, puisque les capitaux avaient afflué vers les pays   les plus pauvres. Pour ceux qui tiennent ce discours, l’euro a été victime d’un désastre fortuit : une tempête venue d’outre-Atlantique, un ouragan comme on en voit une fois par siècle. Si l’ouragan ayant tout détruit, il ne faut pas en accuser l’euro. Et ajoutent « Les bons systèmes économiques sont faits   pour résister aux tempêtes normales, même mieux, conçues ne peuvent tenir le choc de ce type d’évènement rare. Voilà la thèse de la défense.
Il est vrai, que la crise financière mondiale avait mis à nu le point     faible de l’euro : il entrave les ajustements aux chocs qui touchent diverses régions de la zone euro différemment. Mais l’euro n’était pas l’innocente victime d’une crise créée ailleurs. Les marchés, toujours enclins au pessimisme irrationnels, avaient présumé, à tort, et contre toute logique, qu’élimination du risque de change, voulait dire, élimination du risque tout court, autrement dit, ils s’étaient imaginé que, puisqu’avec la monnaie unique il n’y avait aucun risque de voir changer, puisque la souveraineté   de la monnaie est sous-jacente , par exemple, la valeur de lire italienne par rapport de la peseta espagnole , le risque  de voir l’Etat incapable de rembourser ce qu’il devait avait disparu .  Les marchés ont partagé l’euphorie de la création de l’euro, et, comme les responsables politiques qui y avaient contribué, ils ont beaucoup réfléchi aux ressorts économiques de ce qu’ils ont créé. Ils ont compris que la façon dont on avait créé l’euro avait, en fait, accru le risque souverain.
En effet, quand l’euro a été créé en 1999, les capitaux ont afflué dans les pays périphériques (les petits pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande, qui entourent le noyau dur   de l’Europe : l’Allemagne, la France et le Royaume Uni) et les taux d’intérêt ont baissé. Après quoi, le scénario constaté dans le monde entier, où partout   où   on   avait libéralisé les marchés s’est répété : l’entrée massive des capitaux dans un pays a été suivie par leur sortie massive, quand les marchés ont soudain compris qu’ils étaient   trop euphoriques.

Par   ailleurs, la crise de la zone euro dure maintenant, depuis huit ans, et il est improbable que l’Europe reviendra à une croissance robuste dans un avenir prochain. S’il est clair qu’elle va enregistrer perdue :la production de la zone euro sera inférieure à ce qu’elle était avant la crise monétaire de 2008. Quand les Irlandais, par exemple, célébraient le retour de la croissance, en 2015, ils devraient se souvenir que toute l’économie ou presque avait fini par se relever d’une récession.  Il s’agit d’un mirage.  Il est évident que l’économie de ‘Europe ne va pas bien et elle se comporte mal depuis le début de la crise. Mais avant comment se comportait-elle et quelle étaient ses perspectives ?

En effet, pour la période 1999-2009, tous les indicateurs étaient à l’orange : »il n’y a même pas eu de poussée générale de croissance dans l’espace de l’euro après la formation de l’euro «. Ce qui laisse penser   que l’euro aurait contribué à la formation de la bulle immobilière en Espagne et en Irlande, cependant, il ne semble pas avoir accéléré la croissance de la zone euro dans son ensemble.

Les revenus sont aujourd’hui, très inférieurs à la tendance longue que suivit le PIB, avant l’avènement de l’euro. En effet, à la fin de 2005, l’écart entre   les chiffres et le PIB réel de la zone euro était de 18%, soit une perte sèche de 2100 milliards d’euros ou 2300 milliards de dollars. Et si nous ajoutons les écarts année, par année, la perte cumulée   de 2015, dépasse 11 milliards d’euros, soit 12100 milliards d’euros.

  Quant aux coûts réels de l’euro, aucun économiste ne possède la clef de voûte fiable. Les partisans de l’euro   peuvent clamer haut et fort que l’euro va permettre un redressement puissant.  L’argument aurait porté il y a quelques années.  Maintenant que la crise et la récession se prolongent, l’ombre d’une reprise robuste s’éloignent   gentiment.

Quant aux effets de ces turbulences sur les citoyens européens, particulièrement, ceux qui sont en crise, il faut s’armer de courage et de patience pour ne pas perdre la tête.  Avec une Banque centrale, plus monétariste que jamais, faute de créer la croissance, elle distribue les crédits à tout va, mais ces derniers ne trouvent pas preneurs, alors elle l’entête et multiplie les taux négatifs et pense même à distribuer l’argent à la populace comme au bon vieux temps des rois.  Le gouverneur actuel de la BCE, doit vraiment réviser sa stratégie générale, faute de quoi, l’euro deviendra une monnaie de singe qui ne vaut même pas le papier sur lequel est couché.


LA POLITIQUE MONETAIRE DE LA BANQUE CENTRALE EUROPEENNE (BCE)

Après les errements  de l’ancien gouverneur  de la banque centrale européenne, le Français Jean Claude  T. l’Union  européenne avait  mis la banque centrale européenne au centre  de ses préoccupation en mettant  au cœur  de l’union monétaire européenne, la banque  centrale européenne (BCE),  une institution qui s’est révélée,  contrairement  de ce que  pense  la   majorité  des citoyens européens, la   plus forte  et plus  efficace de la zone euro  et peut-être  de toute l’union  européenne (…)  De fait, Mario Draghi, gouverneur de la BCE, depuis 2011, ayant peut-être sauvé la zone euro : «   la BCE fera tout ce qu’il faudra pour préserver l’euro «, avait-il dit dans son célèbre discours, et en prononçant ces mots, il a rétabli   la confiance dans les obligations de ces pays.

Pour une fois, la BCE   avait joué un rôle constructif pour protéger la zone euro. Mais au vu de son mandat, de sa gouvernance et de ses actes au fil de sa quinzaine d’années d’existence, on peut se demander si, sous sa forme actuelle, elle sera adaptée à la tâche assignée à la BCE ?

Ou peut-elle conduire une politique monétaire qui garantisse la croissance, la stabilité et la prospérité commune de toute la zone euro ? La BCE a pour mission de se concentrer sur l’inflation.  Alors qu’aujourd’hui, nous l’avons vu, le problème vital   auquel l’Europe est confrontée est le chômage, et que beaucoup craignent la déflation et surtout la baisse des prix. Plus largement son comportement semble manifester ce que ces censeurs voient son défaut fondamental :la mauvaise gouvernance, preuve du déficit démocratique, qui mine le projet européen en général. Ce qu’elle paraît souvent correspondre aux intérêts et aux perceptions des banquiers plus qu’à ceux des citoyens des pays qu’elle est censée servir !


L’ECHEC DE LA POLITIQUE D’AUSTERITE


En été 2011, quand sont apparus les premiers signes d’échec de la politique d’austérité, les dirigeants européens ont compris qu’il fallait une stratégie de croissance. Ils ont promis une à la Grèce.  Mais ne lui ont pas donné. Il n’y avait eu que de la gesticulation. Et pour tout le monde. L’objectif réel fut :  le renflouement de l’Espagne, de la Grèce et bien d’autres pays en crise : il est clair, ils visaient à sauver les banques européennes qui avaient prêtée de l’argent à ces pays plus qu’à secourir ces derniers. Ils visaient à sauver l’euro, plus qu’à préserver le bien-être et l’économie de ces pays.

Résultat final : moins de solidarité européenne que l’intérêt personnel qui avait inspiré l’aide qu’avait fournie l’Allemagne à ses voisins. Restructurer la dette grecque aurait été la solution économiquement la plus raisonnable quand la crise avait éclaté en 2010. Mais l’Allemagne avait d’autres chats à fouetter :  elle aidait ses propres banques. Ces mêmes banques avaient fait barrage à l’aide de la Grèce sous prétexte que ce   pays est insuffisamment réglementée. Pour les responsables européens, notamment les responsables politiques allemands qui fustigeaient la Grèce.  En effet, il leur était plus facile de fustiger la Grèce que d’apporter une aide indirecte aux banques allemandes par le biais d’un   plan de renflouement   qu’on appelaient « renflouement de la Grèce ».  Puis d’imposer à la Grèce des conditions de politique économique qui donnait l’impression qu’on la forçait à rembourser ce qu’elle avait emprunté.

En fin de compte, la politique économique n’a pas fonctionné. Elle n’a fonctionné ni pour les pays créanciers.  Elle n’a pas fonctionné non plus pour la zone euro prise en bloc.  La Grèce n’a pas pu rembourser.  Et les Grecs ont payé le pari politique de l’Allemagne à un prix colossal. La crise de l’euro suivant son cours, il est trop tôt pour dire si la stratégie a fonctionné ou non dans la vie politique allemande, pour Merkel et son gouvernement.

Il aurait été facile de ramener la Grèce à la croissance en restructurant la dette en profondeur en reconnaissant simplement que l’argent qui était impossible à rembourser ne serait pas remboursable en fixant l’excédent primaire à 2018 à 1%, et pas aux 3,5 qu’avait exigé l’Europe, tout en effectuant des réformes structurelles raisonnables, concentrées sur les problèmes vitaux auxquels est confronté l’économie grecque aujourd’hui.  Les conséquences économiques à court terme des programmes inappropriés mis en œuvrent    par la Grèce   sont déjà manifestes.  Les conséquences à long terme restent : une croissance du PIB   très lente et très basse ne parviendra pas à se relever   d’une récession aussi grave qui l’empêche de rebondir jusqu’à retrouver la production perdue. Ce qui est perdu reste perdu à jamais.

DES REFORMES STRUCTURELLES QUI ONT AGGRAVE LE DESASTRE

Dans ses programmes abracadabrants, la Troïka ayant imposé   ses « réformes structurelles « aux pays en crise : elle a en fait une condition sine qua none à une éventuelle aide financière. Par « réformes structurelles «, on entend simplement des changements dans la structure de l’économie.

Dans les pays en crise, la Troïka avait exigé, comme condition pour fournir son aide, un pot-pourri de réformes allant du trivial contre-productif et peu concentré sur les points importants. Les réformes les plus exigeantes ont été celles qu’on avait imposées à la Grèce, et elles ont été remarquablement inefficaces, parfois même novices.  Il y a en anglais pour ce genre de comportement une expression « to   fidèle while rimes bruns » et dans la langue de Molière, veut dire « jouer de la flûte quand Rome brûle «, allusion à l’empereur Néron. La Grèce était en dépression. Son peuple avait faim. Chacun aurait dû          sentir l’urgence de la situation, c’est évident ! Â l’hôpital, les médecins faisaient le tri : Ils examinaient d’abord les problèmes qui risquent de causer la mort du patient, et s’occupent plus   tard, des maladies moins importantes. Or, non seulement la Troïka n’a pas donné priorité à l’essentiel, mais, parmi les changements les plus importants aurait dû figurer, sur la liste des réformes, beaucoup n’y étaient pas.

Pour se dédouaner, la Troïka avait fait valoir que la crise était due à des problèmes structurels et qu’il fallait donc s’en occuper immédiatement. Mais les problèmes structurels n’apparaissaient pas brusquement. Il n’y avait eu aucun changement de structures dans les pays concernés   qui pût expliquer pourquoi ils étaient passés du quasi plein emploi, avant la crise, au chômage de masse après 2010 ? Par ailleurs, certains psys en crise, ont assisté à une expansion rapide du chômage, même que la croissance moyenne de toute l’Europe stagnait.   Sans la moindre réforme structurelle, la Grèce vit   depuis   1995 à 2007, jusqu’à la crise mondiale, une croissance plus dynamique de 3,9%, alors que l’Union européenne affiche une pâle croissance de 2,6%. Et l’Espagne aussi affichait crânement 3,8%.

La Troïka répondrait peut-être que, même si les problèmes structurels n’ont pas provoqué les crises, ses réformes vont aider les économies à se redresser et s’en relever.  Mais ce ne sont pas les obstacles structurels qui empêchent les pays en crise d’aller de l’avant. Mais ce sont les agissements inconsidérés de la Troïka qui font payer cher les errances de la zone euro à une population européenne, le moins qu’on puisse dire floué par les bureaucrates d’une Troïka suffisante, aveugle et sourde aux cris de douleur de cinq pays européens, en l’occurrence : l’Espagne, L’Irlande, la Grèce, le Portugal et en moindre mesure l’Italie.

En effet, les dirigeants de la zone euro, ont prétendu, avec une mauvaise foi manifeste, que ces réformes allaient améliorer le bien-être des citoyens de ces pays en crise. Aujourd’hui, avec le recul,  nous  constatons  avec amertume   que  rien n’est  fait  pour  améliorer  le quotidien  de millions  d’Européens  qui ne voient  pas  le bout  du tunnel  à cause du cynisme  manifeste de certains  pays  européens , notamment  l’Allemagne, la Hollande, le Luxembourg, la Belgique , et à moindre mesure, la France et toute la flopé  des pays  de l’Est européen, plus royalistes  que le roi, capables  d’étriper  le mouton noir  qui n’applique pas  les directives  de  sa majesté  la Troïka  …

CONCLUSION

Dans un scénario catastrophique ; le Royaume uni a été piégé, en partie, par la cacophonie qui n’avait frappé les Etats-Unis avec l’élection de M. Donald Trump, un iconoclaste magnat du bâtiment, de la presse et soutenu par une grande banque Allemande. Des deux côtés de l’Atlantique, le citoyen lambda en a assez. Il y a un paramètre qui relie les résultats du second tour des élections américaines avec le résultat qu’on sait et ceux du référendum britannique sur l’Union européenne : de vastes composantes de la population sont en situation d’échec.

Le programme néo-libéral   des trente-cinq ans dernières années avait été, peut-être bon pour 1%, mais pas pour les autres. L’auteur de ce livre, avait prédit depuis longtemps que cette stagnation est la pire, pour qui n’ont pas fait d’études supérieures et qui subissent en plein fouet les conséquences politiques de l’inconséquences de certaines banques d’affaires qui ont joué avec le feu et ont laissé les modestes se brûler à leur place.

Pour les Etats-Unis, les chiffres révèlent une situation catastrophique dans tous les domaines : le revenu médian réel des ménages, dépasse aujourd’hui, de moins de 1%, son niveau de 1989.  Les hommes blancs en colère, d’âge moyen et appartenant à la classe moyenne comptent parmi les partisans, les plus déterminés de M. Donald Trump. C’est sans aucune surprise, là encore. En effet, le revenu réel du travailleur ordinaire, à plein temps, de sexe masculin est plus bas qu’il n’était, il y a plus de quarante ans !

L’angoisse créée par la stagnation des salaires et l’aggravation de l’insécurité économique ainsi que la réduction drastique des dispositifs de protection de l’emploi, avec à la clé, la disparition programmée des syndicats aboutissant sur situation Kafkaïenne menant tout droit aux maladies sociales comme la clochardisation des plus vulnérables.  En face, les revenues des nantis ont été multipliés par 20, 40, voire 200 ou 2000.  Le fossé s’est creusé au point de ne plus trouver l’ombre de cette fameuse classe moyenne qui avait fait la fierté   de l’Oncle Sam.
Les chiffres du Royaume Uni et de l’Europe, sont légèrement meilleurs. Selon une étude menée par M. M., avait montré, que, de 1988 à 2008, les revenus des différents groupes sociaux dans le monde, avaient évolué, en accusant des écarts saisissants.  Les grands gagnants ont été de 1% mondial englobant les plus riches du monde entier. Et les nouvelles classes moyennes des marchés émergeants comme la Chine, l’Inde et le Brésil. Quant au revenu de la classe moyenne mondiale ont augmenté de 70 à 80%, tandis que ceux de 1% de la classe supérieure se sont accrus de 60%, captant ainsi, à eux seuls 27% du total des gains.

En revanche, deux catégories ont perdu du terrain, pendant ces deux décennies et continuent à reculer ou à stagner.   Les   plus défavorisés, d’abord, notamment les agriculteurs pauvres, des pays pauvres, ont été frappés par les accords de commerce qui autorisent les pays riches à maintenir leurs subventions massives.  Les intérêts privés agricoles des Etats-Unis et de l’Union européenne ont été cupides au pont d’obtenir de leurs gouvernements qu’ils se retirent du « Doha Round «, « cycle de développement «, négociations commerciales qui, avait fini par rendre l’âme, en 2015.

En mettant en évidence la mauvaise gouvernance de la Banque Centrale Européenne (BCE), et en expliquant pourquoi l’austérité a condamné l’Europe à la stagnation sans fin, le prix Nobel d’économie 2016, Joseph Stiglitz, porte ici un diagnostic sévère sur la situation actuelle. Il tire la sonnette d’alarme et exhorte les Européens à se ressaisir en cessant de louvoyer, au risque d’aggraver la situation à jamais.



*Notre éditorial du  05/06/2009 – DU KRASH  A LA BANQUEROUTE – SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch;


** LA FACE CACHEE DES BANQUES – EDITIONS PLON – PARIS- France – 2009 ;


REFERENCES

Le Prix de l’inégalité ou le Triomphe de la Cupidité (Les liens qui libèrent.
Edition exclusivement réservée aux adhérents du Club - LE Grand Livre du Mois – Dépôt légal septembre 2016.

DR BEN ABDALLAH Mohamed ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGREB ENTRE LE
POSSIBLE  &  LE REALISABLE « ; EDITE PAR NOTRE SITE  www.dr-ben-abdallah.ch ;
Le 1er Mars 2009 ;

&

EDITORIALISTE – REDACTEUR EN CHEF DU SITE  www.dr-dr-ben-abdallah.ch;
RESIDENT SIS  1202 GENEVE II.

Fait à Genève le 1er décembre 2016