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COMMENTAIRE POLITIQUE

 

PREMIERE GUERRE D’IRAK : L’IMPOSTURE QUI MENE AUX CHOCS DES CULTURES ! 

La première guerre contre l’Irak, en 1990-1991, a été la première guerre froide. Bien qu’ayant été menée au nom du droit, elle n’a pas ouvert la voie à un nouvel ordre mondial. Au contraire, elle inaugura une politique de domination sans partage des Etats-Unis.

Tout a commencé au mois de mars 1990, quand l’émir Jaber, souverain du Koweït menaça Saddam Hussein de mettre en vente les créances de l’Irak à qui veut les acheter à des prix défiant toute concurrence si l’Irak ne lui cède pas le gisement pétrolier de Roumeilah, situé à la frontière irako-koweitienne   . Il s’agit d’un affront au « grand Saddam » par le « nabot » du Koweït qui ose le défier de la sorte. Le sang du raïs n’a fait qu’un tour. Prétextant une « OMRA » * en Arabie Saoudite, il demanda au roi Khaled de faire entendre raison à ce cheikh de peccadille , tout en lui rappelant que la guerre menée huit ans plus tôt, contre l’Iran , était en réalité pour sauvegarder les pétro-bédoucraties du Golfe de l’hégémonie perse qui menace la région . Pour toute réponse, il aurait reçu le Coran en édition spéciale plaqué or, tout en lui rappelant qu’il devrait méditer sur la laïcité dont il se prévoit. En réponse à cet affront,
Le 1er août 1990, les troupes irakiennes envahissent le petit émirat du Koweït avec l’accord explicite de l’ambassadrice des Etats-Unis à Bagdad. Il s’agit en fait d’un traquenard tendu à Saddam Hussein et son gouvernement usés par huit ans de guerre contre l’Iran. Une guerre voulue par l’Occident et financée, en partie par les pétro-bédoucraties du Golfe et leurs protecteurs occidentaux (France, Etats-Unis et Grande Bretagne). Dans le camp Iranien se trouve l’Allemagne, Israël et la Chine qui jouent sur plusieurs tableaux.    
 
En effet, en envahissant le Koweït, Saddam Hussein se croyait à l’abri d’un coup de Jarnac, qui se tramait dans son dos, depuis plusieurs années. Car en le poussant à faire la guerre à son voisin et rival l’Iran, l’Occident voulait affaiblir les deux moyennes puissances régionales au Moyen-Orient qui commençaient à énerver la toute puissante Amérique qui voulait s’installer, pour une durée indéterminée, au proche orient afin d’assurer son approvisionnement en hydro-carbure et contrôler une région clef dans la stratégie militaire dans cette région. 

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* OMRA : rite musulman identique au rite du hadj, qui s’effectue hors de la période officielle du hadj

L’agression irakienne du Koweït réveilla toute une flopé d’humanistes qui s’ignorent en brandissant la charte des Nations Unis invoquant le droit des peuples à la liberté sic !

Bref, dans un monde dominé par la force de l’argent et des armes, quel réconfort d’entendre soudain retentir, avec l’accent de la plus grande fermeté et sincérité la ferme invocation du droit (…) . Des principes qu’on croyait renvoyés dans les oubliettes de la guerre froide.   En effet, sous la houlette d’un chef de guerre improvisé en apparence, George Herbert Bush, la communauté des Nations Unis utilisa les mécanismes prévus par la charte des Nations Unis pour riposter à l’agression. « Redécouvrant sa véritable vocation, elle mobilisa ses forces au service du droit ».

Par ailleurs, l’invasion irakienne du Koweït du mois d’août 1990 aurait donc été pleinement bénéfique : elle réveilla à la fois le sens de la justice, le respect des valeurs trop souvent bafouées et le courage, sans lesquels les démocraties perdraient leur raison d’être mais ainsi leur chance de survivre (…) !

En effet, la résurgence des faits qui avaient mystérieusement disparus dans la trappe de l’oublie en ces temps pas aussi lointains, où la France fournissait à Saddam Hussein des armes ultramodernes, pendant que les Etats-Unis, obsédés par l’imam Khomeiny et par le colonel Mouammar Kadhafi, rayait l’Irak de la liste « des pays terroristes » et lui ouvraient des lignes de crédits garantis qui lui permettaient d’acheter, pour plusieurs milliards de dollars des produits « Made In USA «.  Tout en résistant au Congrès, qui voulait imposer des sanctions économiques à Bagdad pour violation des droits de l’homme. Le département d’État répondait : « Ce sont les fermiers   et les exportateurs américains qui seraient punis «. Par ailleurs, aucun responsable ne l’ignorait que le parti Baas a accédé au pouvoir en 1968, après l’élimination d’Abdessalam Aref, successeur du général Abdel Karim Kacem qui s’empara du pouvoir en 1959 . Mettant ainsi le pays en feu et en sang et en massacrant plusieurs milliers de communistes en 1963. Au passage, le Baas participa aussi au massacre des religieux chiites de Baker Sadr et sa famille. La litanie de complots, exécutions et autres règlements de comptes furent le lot quotidien des Irakiens pendant plusieurs années.

Financés par Israël, l’Iran et la Turquie, les kurdes, Barzani, père et fils menèrent la vie dure à l’Irak pendant quinze ans. Pressée par une guérilla féroce (peshmerga), l’armée irakienne, dans son dernier retranchement employa les gaz chimique contre la localité de Hallabja. Les protestations internationales furent à la fois timides et tardives, ce qui encouragea Saddam Hussein. Sachant qu’il était considéré comme le moindre mal par les Occidentaux, il récidiva avec l’invasion du Koweït. On l’avait choyé, il n’a pas compris, maintenant, il faut l’abattre.

Perspicace et ambitieux, Saddam Hussein, n’en a pas moins commis des erreurs de calcul. D’abord il crut gagner en un temps record une guerre qui dura huit ans. Lorsqu’il lança ses troupes à l’assaut de l’Iran, à peine la communauté des « nations libres », fière gardienne du droit, fonça-t-elle à peine les sourcils (…) sic !

 Pour un Saddam qui aurait crut que certaines frontières seraient donc moins inviolables que d’autres. Le « Boucher de Bagdad « , comme on  l’appelait désormais, paraissait moins dangereux que  l’imam  Khomeiny il était même utile et méritait d’être aidé (…) .

Saddam Hussein crut alors -deuxième erreur- qu’il avait gagné la guerre contre l’Iran. Certes, il avait fournit les troupes (chaire à canon), mais une puissante coalition internationale qui finança son effort de guerre en même temps qu’elle l’asphyxiait, comme son fanatique adversaire. S’agit-il d’un classique jeu de pouvoir qui, sous toutes les latitudes, ne considère que les gouvernements, sans trop se préoccuper des populations ?

En effet, l’affrontement entre les frères ennemis ébranla durablement le statu quo au Proche Orient, marquant ainsi le crépuscule d’une époque révolue. Par ailleurs, ni le pétrole, ni l’islam ne sauraient enfermer les peuples arabes dans le choix absurde entre des dictatures du type irakien ou syrien et des monarchies féodales comme les pétro-bédoucraties du golfe, à peine sorties  des ténèbres de la « Jahilia ** «  . Courtisées soit-elles, par les « démocraties occidentales **** « qui visent avant tout les richesses pétrolières dont regorge le sol de ces contrées désertiques.
     
Le choix de l’occident est déjà fait depuis belle lurette : préparer en douceur la mutation socioculturelle des pétro-bédoucraties du Golfe selon les canons de l’Occident. Tout en les entraînant sur le terrain glissant du chauvinisme afin de pouvoir les manipuler durablement. Car rien ne prédestine les plus riches clients à demeurer éternellement les meilleurs amis et les atouts les plus sûrs. En témoignent d’illustres précédents : le chah d’Iran, Ferdinand Marcos ainsi que quelques dictateurs latino-américains.

Par ailleurs, aucun expert américain n’a jamais pensé que le simple face-à-face instauré dès la première semaine d’août 1990 suffirait de faire fléchir Saddam Hussein. Tous pensent, avec Henry Kissinger, en tête, qui affirmait « que le temps ne joue pas en faveur des américains » ***.  

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** Jahilia : Époque qui avait précédée L’ISLAM

*** Newsweek, New York 20/08/1990
**** The Time - New York 13/08/1990 

 
Son prolongement ne peut que faire grandir dans le monde arabe des sentiments anti-américains en particulier et anti-occidentaux, en général, alors qui sont déjà plus intenses qu’ils ne furent depuis l’époque de Nasser. Dans une déclaration à l’International Herald Tribune du 1/08/1990, le Président Bush déclarait : « il ne sera pas facile de défendre des principes; cela prendra du temps et peut nous coûter un prix très élevé «.  Le temps et l’argent ne suffiront pas. Il faut aussi des principes qui ont été hélas, trop souvent malmenés par ceux qui doivent aujourd’hui les faire respecter (…).

Comme par enchantement, quarante huit heures avant l’invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein, un important article de l’International Herald Tribune ***** déplore que se fût développée aux Etats-Unis et - ajoutera-t-on, en bien d’autres pays « une attitude de dédain du droit international «. Évoquant au passage, des interventions armées au Cambodge, à la Grenade, et au Panama. L’auteur souhaitait que ce soit « rétabli à Washington et d’autres capitales, le respect du droit international comme fondement d’une politique étrangère reconstruite «.  Rien que ça ! Quant à l’occupation de la Palestine par l’État Hébreu depuis 1948, ça compte pour du beurre. Les Arabes n’ont le droit qu’à se taire (…) sic !

En effet, le respect des normes juridiques internationales « librement acceptées «  n’a jamais dispensé, bien au contraire, de tenir le plus grand compte des rapports de forces.
L’imprévoyance et le cynisme ont souvent placé en position de faiblesse les États assez peu réalistes pour violer eux-mêmes les principes qu’ils devront, un jour, imposer aux autres. Hélas, ce débat est évacué avec dédain au nom d’oh bien « compréhensible aversion pour on ne sait quel moralisme «. C’est portant le plus strict réalisme qui recommande de ne pas utiliser, au gré des circonstances, deux poids, deux mesures. Il s’agit aujourd’hui de rendre l’agression irakienne « nulle et non avenue «, et de dissuader ainsi, pour l’avenir, quiconque serait tenter d’imiter Saddam Hussein.  En somme, faire un exemple dissuasif dans toute la région.

Cette démonstration aurait pu - aurait dû - être faîte plus tôt. L’Irak n’aurait alors eu sans aucun doute, sur les risques auxquels l’exposait son aventure. La dissuasion n’étant pas un secret pour personne.


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***** International Herald Tribune

Pour sa défense, l’Irak avait fait valoir, que avant l’annexion du Koweït, d’autres invasions avait pu se dérouler en toute impunité. Sa référence vise les présences syriennes et israéliennes au Liban .Au vu et au su de tous les pays arabes.

Par ailleurs, des commentateurs n’ont pas manqué de faire remarquer qu’on ne saurait comparer des situations aussi dissemblables. Rapprochement en effet incongru : Contrairement au Koweït ou à l’Arabie Saoudite, le Liban, lui ne figure pas parmi les grands producteurs de pétrole.  Ce qu’a échappé à ce timoré de Saddam c’est que « Les Etats-Unis ont engagé des troupes pour un objectif économique : assurer les approvisionnements vitaux en pétrole venant d’Arabie Saoudite «. Dans un mémorable éditorial, écrivait Flora Lewis, du New York Times « qu’il y aurait probablement eu peu de réactions dans le monde arabe si le pétrole et la richesse n’avaient pas été en jeu.  L’économisme qui obscurcissait toute la pensée occidentale signifie-t-il que les objectifs économiques seraient les seuls à justifier l’engagement des troupes ?

LA VIOLATION DU DROIT INTERNATIONAL EST DEVENUE LA RÈGLE DEPUIS 1967


En effet, même condamnées avec solennité, d’innombrables violations du droit international n’ont attiré aucune riposte, la liste n’est pas exhaustive : annexion de Jérusalem -Est en 1968, occupation des îles de Tomb par le chah d’Iran en 1974, annexion du Golan par Israël en 1981, l’invasion du Liban par la Syrie depuis 1976 et par Israël depuis 1978. Il faudrait y ajouter, par exemple, le raid américain sur la Libye ou le minage des ports nicaraguayens et le refus des Etats-Unis, dans ce cas, de reconnaître la compétence de la Cour Internationale de justice de La Haye.

Par ailleurs, depuis novembre 1967, la résolution 242 des Nations Unies condamne l’acquisition de la Cisjordanie et de Gaza par la force. Depuis, aucune mesure pratique n’a jamais été prise pour la faire respecter. Les mauvais coucheurs, affirment : « Serait-ce parce qu’ils ne possèdent pas de pétrole que ces deux territoires échappent au droit international ? Il s’agit tout bonnement d’une application sélective de la loi, connu communément sous l’appellation « deux poids, deux mesures «.  La conduite aberrante des affaires au Proche-Orient a fait perdre au « machin «, toute crédibilité.

En effet, une résolution qui condamnait l’Irak avait aboutit sans délai, à un impressionnant déploiement de forces, alors que tant d’autres textes, non moins clairs, sont pendant des années, restés lettres mortes. Et la Syrie qui, sans la moindre légitimité, occupe une partie le Liban, contribuerait à chasser les troupes irakiennes du Koweït ? Il s’agit, en effet, d’un sinistre plaisanterie !

 
Par ailleurs, les démocraties Occidentales avaient su se montrer fort attentives à la menace communiste, à la défense de leurs positions stratégiques et à la protection de leurs intérêts économiques, au besoin en pactisant avec des dictatures peu soucieuses du droit, mais elles sembleraient avoir pris leur parti d’un net déclin du droit international. Est-ce bien lui qu’on veut aujourd’hui opposer à l’Irak ?

En effet, seuls la raison et le droit peuvent, force à l’appui, être efficacement opposés à la passion et à la violence qui se sont déchaînées dans un climat de croisade. Un peu partout se propage que M. Zbigniew Brzzenski appelle « une hystérie publique, délibérément déclanchées « face à « un nouveau Hitler «, il conviendrait de rappeler les « leçons de Munich «   et ce qu’il en coûte lorsqu’on refuse de « mourir pour Dantzig » ou le Koweït.

      

DEPUIS LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE, LES Etats-Unis ONT TOUT ESSAYÈ POUR S’INSTALLER MILITAIREMENT AU PROCHE-ORIENT

Pour le citoyen arabe lambda, chaque crise qui éclate au Moyen-Orient, on constate, une fois de plus, qu’elle engendre ses fanatiques. Partant du principe que l’Islam ne détient pas le monopole de la guerre sainte. Celle que prêchent trop d’Occidentaux manque de subtilité. Tous les états-majors ont pourtant appris la leçon : l’issue d’un conflit armé dépend en grande partie, dépend de la claire formulation des buts de guerre. S’agit-il aujourd’hui de rétablir, selon le discours officiel « la souveraineté et l’intégrité territoriale du Koweït » ? Ou bien faut-il croire, comme le dit le titre d’un article du sieur Brzzenski, que « le but réel est de ce conflit est d’assurer l’approvisionnement pétrolier «. S’il en est ainsi et en se fiant aux commentaires qui permettent de penser, alors il faut tenir compte de l’importante distinction qu’introduit l’ancien conseiller de la Maison Blanche : « Protéger les flux pétroliers, écrit-il, est en fin de compte un impératif américain; libérer le Koweït, relève de la responsabilité de la communauté internationale « ******. Toute confusion entre les deux missions exacerberait les divergences entre alliés, conduirait à des erreurs dans le choix des moyens, et au bout de compte ne pourrait que transformer une victoire militaire en défaite politique.

Loin d’être stupide, le parti Baas, savait depuis toujours que les Etats-Unis voulaient mettre la main sur ses richesses pétrolières. Dans une publication interne qui circulait en être les mains des cadres du parti, ce dernier mettait en garde quiconque qui voulait s’attaquer à ses richesses.

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****** The Goal assuring oil Suppley - International Herald Tribune 17 août 1990


Une des raisons du rapprochement entre la France et l’Irak, fut son émancipation du joug anglais, puis soviétique qui le prenaient en tenaille : le premier, en tant qu’ancienne force occupante et la seconde en tant que premier fournisseur officiel en armes classiques.

En effet, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont tout essayé pour s’installer militairement et d’une façon durable au Proche Orient. D’abord en soutenant la création de l’éphémère Pacte de Bagdad (Pacte anti-soviétique signé en 1955 entre l’Irak et la Turquie, auquel se joignirent, l’Iran, le Royaume Uni et le Pakistan). Vite condamné par le renversement de la monarchie irakienne.

Empêtrés dans leur sale guerre du Vietnam, les Américains, comme les Britanniques abandonnèrent leur « souveraineté à l’Est du Suez ». Enfin le Président James Carter donna le feu vert pour la création du « Central Command « dont la responsabilité stratégique s’étendait de l’Égypte jusqu’au Pakistan. Heureusement, aucun autre pays de la région n’acceptera d’en accueillir l’état-major. Dépités, les Américains installèrent leur commandement en Floride.  Quant à l’actuel déploiement des forces américaines, il avait été obtenu par une ruse, faisant croire que les Saoudiens l’avaient autorisé. Ce qui est, le moins qu’on puisse dire fallacieux, compte tenu du refus catégorique saoudien d’un tel déploiement.

Selon toute vraisemblance la véritable signification de cette guerre de pétrole, selon les déclarations d’un haut responsable de l’administration « cette guerre entre dans le cadre d’une nouvelle définition du monde après la guerre froide ». Par ailleurs, dans un monde aussi incertain, les plus prétoires prévisions se vérifient rarement. Cette crise contribuera à dissuader d’autres agressions, elle n’éliminera pas, pour autant, l’instabilité qui porte en elle les germes de futurs conflits. Par ailleurs, éteindre un foyer d’incendie ne suffit pas à garantir la sécurité, et nombreuses sont les autres causes d’explosion.  

Les seuls absents dans cette première guerre du Golfe, restent les victimes qui dépassent les 250’000 du côté irakien et quelques centaines du côté de la coalition, malgré et/ce malgré la déferlante   médiatique qui avait montré ses limites. Après cette guerre, les journalistes ne sont pas sortis grandis. Ils furent les larbins de CNN jusqu’à l’alignement total. Ils sont assimilables à des supplétifs qui méritent sanction.

Pour conclure, nous sommes en droit de nous demander : pourquoi en est il si peu question ? Tous les plans politico-stratégiques élaborés jusqu’à maintenant sont largement dépassés.

Une des conséquences de la première guerre du Golfe , la banalisation  des interventions internationales, souvent menées au nom des causes « humanitaires «  mais qui renouent avec les logiques des guerres coloniales d’antan . Elles sont menées parfois au nom des Nations Unis. 


LA MARCHE VERS UNE NOUVELLE BASTONNADE

Depuis quelques jours, le torchon brûle entre le Conseil de sécurité de l’Onu et l’Irak. Les médias occidentaux, fidèles à leurs habitudes, font l’écho de prévisibles représailles contre l’Irak, si ce dernier ne laisse pas les “experts” des Nations Unis terminer ce que la guerre du golfe n’a pas atteint en l’occurrence la destruction totale du potentiel militaire et économique de l’Irak. Car hormis les fanfaronnades qui ont suivi la “tempête du désert” et malgré le blocus économique et militaire contre l’Irak, le pays n’a pas perdu totalement ses potentialités économiques grâces aux réserves colossales qui avaient   pu être amassées pendant la période faste, des années quatre vingt, évaluées à vingt milliards de dollars, bien placées à travers le monde via des sociétés offshore.

Par ailleurs, malgré le déluge de feu qui s’était abattu sur l’Irak en quarante jours, selon les experts pas moins de 18’000 tonnes de bombes par jours, soit quatre-vingt dix fois la somme des deux guerres mondiales en si peu de temps. Il s’agissait d’une démonstration de force de la part des coalisés dont cinq pays arabes (la Syrie, l’Arabie Saoudite, l’Égypte et le Maroc). L’Irak avait pu sauver un potentiel de défense qui lui assure aujourd’hui la sauvegarde de son intégrité territoriale et de quoi mâter les insurgés chiites au Sud et kurdes au Nord.

En effet, le zèle dont avaient fait preuve les “experts” des Nations Unis frôle l’acharnement. Ils avaient poussé le bouchon jusqu’à camper devant le ministère de l’agriculture irakienne pendant trois semaines. Il manquait peu qu’ils fassent la grève de la faim pour “attirer l’attention de l’opinion publique internationale “ sur leur lourde tâche, qui consistait d’anéantir un pays souverain.   

Par ailleurs, ce qu’avaient omis les experts de l’Onu, c’est de d’inscrire dans leur rapport : le démembrement, voire l’anéantissement de l’Irak par la famine qui ravage les couches les plus défavorisés de la société, la mortalité infantile galopante, causée par le manque chronique de médicaments, du lait et autres produits de première nécessité mis sous embargo par le machin afin de satisfaire ses bailleurs de fonds.

En effet, conscient de sa lourde tâche, le pouvoir irakien avait pris son mal à bras le corps, en autorisant cette nouvelle génération de bidasses déguisés en “experts “ de détruire ses armes balistiques et chimiques . A maintes reprises, le gouvernement irakien avait proposé la conversion de ses usines militaires en usines civiles, mais ses appels sont restés lettres mortes. Ce qui nous amène à tirer une première conclusion : Le conseil de sécurité dominé par le trio Bush, Major et Mitterrand, veut réellement anéantir un pays souverain sous le prétexte fallacieux de sauvegarder la souveraineté d’un autre pays pétrolier, en l’occurrence, le Koweït. L’application de la loi du vainqueur prime sur l’équité du droit international.


Devant un tel acharnement, le pouvoir irakien avait le droit de se méfier comme de la peste de ce nouveau “gendarme du monde“ en l’occurrence le Conseil de sécurité de l’Onu. Car rappelons-le, la guerre du Golfe, avait pour but “la libération du Koweït“. Chose faite depuis quelques mois. Le cheikh Jaber trône sur son Émirat, sous la protection rapprochée de l’oncle SAM et/ce dans la continuité du processus familial ! Seize familles régnantes se partagent l’équivalent du PNB d’un État émergeant comme au Brésil des généraux. La seule nouveauté dans ce processus “égalitaire”, demeure la répression des 400’000 Palestiniens qui avaient mal choisit leur camp en s’alliant de fait avec Saddam Hussein. A la fin de la guerre du golfe, il n’était que 80’000, en majorité des vieillards, des femmes et des enfants. Dont personne ne se soucie de leur triste sort.

Par ailleurs, si on croit les experts, la guerre avait atteint ses objectifs et toutes les dispositions prises avant cette dernière doivent disparaître. Rappelons que la guerre de Bush père avait coûté la bagatelle de 1000 milliards dollars, payés grassement par les pétro-bédoucraties du Golfe, l’Allemagne et le Japon (pays ayant perdu la guerre de 1939-45). Cette petite croisade représente en coût réel cent projets semblables à celui de la création d’une nouvelle puce par IBM, Siemens et Toshiba, l’effacement total d’un tiers de la dette de tout le monde arabe. Soit 274 milliards de dollars. La liste est longue … quel gâchis !

En effet, le résultat peu glorieux de la guerre du golfe avait généré la kleptomanie dans le Tiers-monde et un réel désordre mondial et local : les émeutes à Loos Angeles, le bradage des ex-pays de l’Est et la guerre civile en Yougoslavie, sans oublier la chute libre des revenus dans les pays de l’OCDE qui s’ajoutent à l’augmentation du chômage et des faillites par milliers dans les entreprises.

Quant aux manœuvres onusiennes qui avaient suivis le retour “triomphal” des forces coalisés, ils ont généré une nouvelle donne, préconisée par “le droit d’ingérence” par le sieur Bernard Kouchner. Ministre de son État en ancien Président de MSF, viré par ses pairs, quelques années plus tôt, pour incompétence en tant que médecin …

Quelle époque ? Où tout mène à l’ingérence : les missionnaires d’autrefois “civilisaient “ les sauvages, les ministres d’aujourd’hui préconisent le “droit d’ingérence” au nom des “droits de l’homme “ et autres clichés qui puisent leurs sources dans le colonialisme.

Par ailleurs, l’échec cuisant d’installer un “Etat-Croupion  “ kurde au nord de l’Irak malgré la présence de quelques milliers de soldats français, britanniques, et américains, avec à la clef, l’organisation des élections sur les territoires kurdes n’avait pas été pris au sérieux par la communauté  internationale  du moins ce qui reste . 


Quant au refus légitime des irakiens de laisser entrer les espions déguisés en experts des nations Unies dans leurs laboratoires et leurs installations stratégiques, il est un bon aloi. Ce refus est justifié aussi par le refus de “machin” d’alléger l’embargo qui frappe, depuis deux longues années la population irakienne. Population qui s’enfonce dans le cycle infernal de la paupérisation résultant des effets de l’embargo inhumain imposé aux plus vulnérables de la société, en l’occurrence les femmes, les enfants et les vieillards .

Par ailleurs, ce qui ressemblait à un canular de mauvais goût est devenue une réalité affligeante. Il s’agit, en l’occurrence de la distribution sélective des secours à la population. En effet, malgré l’affluence massive des secours au peuple irakien, la distribution est organisée à la tête du client : le kurde trône au sommet de cette hièrachique   , suivi des minorités de confession chrétienne, après viennent les chiites et en queue de peloton les sunnites et leurs alliés palestiniens.

En effet, les aides internationales de toutes natures affluent au Kurdistan et ne repartent pas pour couvrir les autres régions du pays comme c’était convenu au départ, comme si l’identité irakienne a été bannie depuis la guerre du golfe.

Ce qui est encore plus grave, à notre avis, c’est que des personnalités de stature internationale comme Bernard Couchner et Danielle  Mitterrand cautionnent la ségrégation et ne se gênent pas de parler “droit de l’homme “ .   

En effet, sataniser Saddam Hussein est devenu à la portée  de n’importe quel quidam, mais punir tout un peuple ça  relève du crime contre l’humanité , que ça plaise ou non au sieur Kouchner et “tata Danielle”.

Par ailleurs, le peuple irakien subit, dans son ensemble, le même triste sort, qu’ils soient kurdes, arméniens, assyriens, catholiques, sunnites, chiites, turkmènes ou yazidistes et j’en oublie d’autres qu’ils me pardonnent, restent attachés à la terre de leurs ancêtres et croient en un seul et unique pays qui s’appelle Irak .

La volte face irakienne se justifie aussi par le fait, que même si l’Irak va subir une nouvelle bastonnade, l’opinion internationale est de son coté -ça lui fera une belle jambe, vous dura l’autre - . Par ailleurs, la maladresse des militaires coalisés avait montré à quel point la subornation de l’opinion publique par une presse plus que complaisante était à la portée de importe quel galonné.

En effet, après deux ans de coma éthylique, l’opinion publique a fait son choix. Les journalistes bafoués, ne font plus le même jeu comme pendant la guerre du golfe. Car il n’y a pas de plus humiliant pour un journaliste que de lui faire avaler des couleuvres, à l’instar des politicards, qui, eux en raffolent. 
 
A ce refus des journalistes, d’assumer une couverture complaisante, d’une nouvelle bastonnade de l’Irak, s’ajoute une situation politique défavorable : Les Etats-Unis, en pleine campagne électorale ne se permettent pas de s’offrir une nouvelle “tempête du désert”.   Car les bailleurs de fonds principaux, en l’occurrence l’Allemagne et le Japon ont d’autres chats à fouetter, notamment leurs économies saignées à blanc par une récession qui perdure depuis des années et refuseraient de payer les pots cassés.
Les seuls susceptibles de participer à une éventuelle bastonnade, restent les Anglais, ennemis héréditaires des arabes et les Français de Mitterrand, alliés de l’État hébreux et qui ne rechignent pas à une démonstration de force comme ce fut le cas en 1956 contre le colonel Nasser.

Mais le contexte a bien changé : Les saoudiens et leurs satellites ont payé la totalité de la guerre du Golfe et ne sont pas prêts à casquer encore une fois pour la gloire de Bush. Reste les mangeurs à tous les râteliers, notamment les syriens et les égyptiens, ils n’oseront plus refaire la même chose, car c’est leurs populations respectives qui se dressent contre eux.

Par ailleurs, une nouvelle campagne militaire n’aura pas l’unanimité du Conseil de sécurité de l’Onu, malgré la pression américaine. Bush, qui d’ailleurs, si on croit les sondages, n’a aucune chance de gagner les élections, Mitterrand, empêtrés avec ses camionneurs en grève depuis plusieurs jours, ses agriculteurs ainsi qu’avec les opposants au traité de Maastricht, trouverait du mal à convaincre son opposition chiraquienne de jouer les gendarmes du Golfe . Quant à Major, il doit colmater les fissures de sa droite, afin de faire passer incognito l’héritage sordide de la dame de fer. La Russie du clown Borice Helsine, doit faire face à son incurie légendaire et à ses guerres civiles héritées de la défunte URSS. Quant à la Chine, elle a plus à gagner en s’abstenant que cautionner une incertaine campagne militaire à des milliers de kilomètres loin de chez elle.

Si malgré tous ces inconvénients, Bush dans un acte de désespoir pour gagner les élections, lance ses troupes dans le désert, les conséquences seront terribles pour tous les coalisés, car Saddam, sera contraint d’utiliser ce qui lui reste d’armes chimiques contre ses ennemis. Hélas, il ne l’avait pas fait, ce qui est dommageable. En tout cas, il paya cher ses imprévisions. Il fut pendu,   le dernier jour de Ramadan sur ordre de George W. Bush, fils de George Herbert Bush. L’Irak n’aura pas fini avec cette dynastie de salauds. 

 

 



DR MOHAMED BEN ABDALLAH

DR OF BUSINESS ADMINISTRATION

SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB

 

&

ANCIEN REDACTEUR EN CHEF DE

L’AGENCE DE PRESSE IPA PRESS & COMMUNICATION AGENCY SARL - BASEE A COINTRIN -GENEVE       
  
05/11/2009