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     EDITORIAL POLITIQUE

     TUNISIE : PREMIER ASSASSINAT POLITIQUE  
  POST-REVOLUTION POPULAIRE DE 2011 

 Prologue  

Pour la première fois, la Tunisie de l’après Ben Ali sombre dans la violence politique avec l’assassinat d’un farouche opposant du parti islamiste au pouvoir qui a été tué par balles devant son domicile , au milieu d’un quartier résidentiel d’El Manzeh VI , aux portes de Tunis .  Il s’agit de l’avocat et politicien Me Chokri Belaïd .   Dans  l’histoire moderne de la Tunisie, c’est le  troisième assassinat politique qu’a connu la Tunisie depuis soixante et un ans : le premier fut le  syndicaliste feu Farhat Hached  tombé sous les balles du colonialisme français, suivi de feu Salah Ben Youssef, le représentant de l’aile « Nationaliste arabe » de néo-Destour , rival de Habib Bourguiba, assassiné à Munich, par deux sbires de Bourguiba. , actuellement nonagénaires ou morts d’une mort naturelle, sans être jugés par un tribunal pour leur odieux crime . Le troisième martyr de la Nation n’est autre que,  Me Chokri Belaïd, farouche opposant d’Ennahda  et  militant de gauche respecté dans tout le pays, pour son engagement à côté des plus faibles et sa franchise  hors du commun . 

 UN ASSASSINAT QUI FRAGILISE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE EN TUNISIE

  L’émotion fut immense l’onde de choc promet d’être encore plus longue , après l’odieux assassinat de Chokri Belaïd , mercredi, 7 février 2013, figure charismatique de la gauche radicale .  Le secrétaire général du parti des « Patriotes démocrates » , petite formation marxiste, pan-arabiste , a été abattu par trois balles , alors qu’il sortait de son immeuble , situé dans le quartier Menzeh VI, à Tunis . Ses  meurtriers  ont  pris la fuite en moto avec un complice   . Avaient  précisé les autorités  locales  , qui ont diligenté une enquête … 

 Aussitôt la nouvelle connue, des centaines  de personnes se sont précipités à la clinique où Chokri Belaïd avait succombé à ses blessures .   Sous le choc, l’opposition, militants ou simples citoyens ont crié des slogans en forme d’hommage , notamment : « Travail, liberté et dignité nationale «  avaient scandé en écho à la devise de la révolution . Une foule compacte, en rage, mais contenue s’étaient réunie devant le Ministère de l’intérieur , mais avait été brutalement dispersée à coup de gaz lacrymogène et chevrotine lancés par une police plus brutale que jamais qui accomplie sa tâche avec zèle, comme si elle voulait se venger du citoyen lambda qui lui voue une haine , sans équivoque .

 Les affrontements   s’étaient poursuivis tout  l’après-midi faisant un mort dans les rangs de la police .  Ailleurs dans le pays, de nombreux rassemblements avaient eu lieu , de nombreux locaux d’Ennahda avaient été saccagés .   Chokri Belaïd était un symbole : il était l’un des plus agressif envers Ennahda. Sur les plateaux de télévision , l’avocat à la moustache noir et au béret vissé sur sa tâte, dénonçait souvent les dérives autoritaires du parti islamiste au pouvoir . Pour le moment, ni l’identité ni les motivations des tueurs ne sont connus, mais pour nombre de manifestants, c’est l’évidence : le gouvernement ,  tout particulièrement « Ennahda », est coupable .  Tout au moins responsable d’avoir laissé s’installer un climat de violence politique totalement inconnu avant l’arrivée au pouvoir des  islamistes . « Ils ont ignoré pendant des mois la réalité «  , dénonce le jeune député du Parti républicain, Imad Dahmani. Chokri Belaïd , lui avait stigmatisé , à maintes reprises, cette situation et accusait ouvertement Ennahda : « Nous sommes devant une aile d’Ennahda qui refuse les élections , et tient à garder le pouvoir en recourant à la violence «  , explique –t-il dans les colonnes d’un quotidien francophone, paru, la veille de son assassinat . 

 Pendant le week-end précédant, son assassinat, des membres du Parti de Chokri Belaïd, avaient été la cible d’un assaut de la part des sympathisants islamistes, faisant plusieurs blessés .  Leur  intention est claire :  Semer la terreur et l’anarchie partout où ils passent pour s’approprier la rue et l’espace publique .   En effet, de nombreux meetings de l’opposition avaient été perturbés, avec à la clé des attaques en règle contre les militants, des élus et des journalistes ainsi que des artistes classés  dans l’opposition laïque .

 Par ailleurs, les violences politiques ont déjà fait une victime , en octobre dernier , à Tataouine , lorsqu’un manifestant  pro gouvernement a généré une bagarre générale dans le local d’un opposant , affidé à l’ancien régime le RCD, dissous , depuis la révolution qui se solda par la mort de ce dernier .  La justice avait été saisie  et l’affaire suit son cours .   Dans un climat délétère, depuis plusieurs mois, le mécontentement populaire est perceptible  à chaque coin de rue,  à cause de la hausse vertigineuse des prix, un chômage de jeunes endémique, et un manque total de gouvernance . La transition est dans l’impasse totale .  Pour en sortir , Ennahda a toujours refusé tout dialogue avec l’opposition , tant que le parti « Nida Tounès , » accusé de recycler les partisans de Ben Ali,  y étaient  inclus .  Les trois partis formant la « Troïka » au pouvoir annoncent un remaniement pour le mois de juillet .

 Cependant, les négociations entamées seulement , le mois dernier , n’ont pas abouti .  Car la « Troïka* * » ne parvient ni à trouver de nouveaux alliés ,  ni à s’entendre sur la composition du futur exécutif . Ennahda refuse de lâcher du lest et de céder des ministères de souveraineté . Le parti islamiste est aussi traversé par de graves luttes intestines, entre le clan Ghannouchi , tenant d’une ligne dure ,  et les proches du Premier ministre , enfin démissionnaire , Hammadi Jebali, qui passent pour des « consensuels «  . Depuis, maintenant, une semaine, Hammadi Jebali menace de former un gouvernement de « technocrates » , option rejetée par l’aile dure du parti   et par l’opposition .   Quant à ce qui reste de la « Troïka », ils ont unanimement, appelé les Tunisiens à l’unité , voyant dans l’assassinat d’un leader de la « Révolution tunisienne », une tentative de déstabilisation du pays . Déjà fragile, la transition démocratique en Tunisie, se complique très sérieusement , du fait du manque cruel de leadership dans la classe politique tunisienne laminée par trente deux ans de « bourghibisme « et vingt-trois ans de dictature analphabète de Ben Ali et son clan mafieux .  

Pour se reconstruire, la classe politique est appelée  à se serrer les rangs autour d’un projet national, toujours manquant à l’appel .    Ils viennent d’assassiner un leader qui aurait pu rassembler autour de lui une large majorité allant de la gauche progressiste à la droite laïque modéré, sans les islamistes   et leur parti « Ennahda » .       

 A QUI PROFITE  CE  CRIME ODIEUX ?  

 La question qui se pose après cet odieux assassinat demeure : « Pourquoi assassiner Chokri Belaïd , alors qu’a priori ne constitue nullement un concurrent électoral de premier plan à « Ennahda », le parti au pouvoir ? «  Les raisons  ne sont pas aussi simple que l’on  puisse imaginer .  Feu, Chokri Belaïd  demeure  l’un des rares hommes politiques qui avait fait une lecture pertinente de la stratégie du parti islamiste et qui n’hésite pas à révéler , à maintes reprises, son plan d’assassinat des opposants politiques, des leaders d’opinion laïques et   des journalistes  . Il dénonçait aussi  le noyautage de l’armée et l’appareil de l’Etat par Ennahda , ainsi que les liens obscurs que ce parti entretient avec des parties étrangères, notamment l’Arabie saoudite et le Qatar, premiers pourvoyeurs  financiers  du parti islamiste tunisien . 

 En effet, fidèle à leur habitude, Ennahda  et ses sympathisants se sont empressés d’utiliser la théorie du complot , sur les réseaux sociaux , pour donner leur version des faits et reprendre en cœur , le mot d’ordre de leur chef, Rached Ghannouchi : « A qui profite le crime ? » Une façon de convaincre les esprits simples qu’ils sont, non seulement, étrangers à cet acte inqualifiable, mais qu’ils en sont l’une des victimes (…) sic !

  Par ailleurs, si « Ennahda » n’était pas le commanditaire direct de cet assassinat, et l’enquête policière le dira, peut-être, un jour, le gouvernement issu de ce parti et des autres membres de la Troïka , est au moins responsable du climat d’impunité qui règne dans le pays et qui a conduit à l’assassinat , non seulement de Chokri  Belaïd , mais aussi de Lotfi Nagdh, le représentant du parti de l’opposition « Nida Tounès ( l’appel de la Tunisie), mort le 18 octobre 2012,, lors d’une marche organisée à Tataouine , suite à un affrontement avec les partisans d’Ennahda .   En effet, la question qui se pose : S’agit-il d’un gouvernement laxiste ou complice ? Pour le moment, aucune poursuite judiciaire n’a été engagée contre les imams qui appellent à la haine ,  à la violence, voir à l’assassinat d’hommes politiques de l’opposition et qui, de surcroît , encouragent les jeunes à partir au « djihad », en Syrie et ailleurs, au vu et au su de tout le monde . Aujourd’hui, une nouvelle étape est franchie : l’élimination physique des opposants politiques !

Même pendant les années sombres de la dictature de Ben Ali, la Tunisie n’a  pas connu des assassinats politiques aussi flagrants .   Jusqu’à présent , Ennahda, a bénéficié du doute raisonnable, cependant, le doute n’est plus permis  maintenant . Force est de constater que l’aile radicale de ce parti a pris le dessus . Celle-ci n’acceptera jamais de jouer le jeu démocratique  . Aujourd’hui, plus que jamais, une clarification s’impose : les militants issus du parti Ennahda  et qui acceptent le jeu démocratique ,  qui sont épris de justice et de tolérance  devraient faire un choix sans équivoque . Ils devraient dénoncer clairement et sans ambiguïté , l’aile radicale de leur parti , même si le prix à payer serait la scission , voir l’implosion d’Ennahda .   Par ailleurs, il est impératif que les membres du Congrès pour la République (CPR) et leurs alliés d’Ettakattol (les deux parties laïcs qui partagent le pouvoir avec Ennahda), du moins ce qui en reste, devraient  ,  pour leur part, mettre l’intérêt du pays au-dessus de leur ambition  personnelle  et assumer leur responsabilité devant le peuple tunisien et devant l’histoire . « Monsieur Marzouki, séchez vos larmes  de saurien  et contentez-vous de donner une orientation à  ce  navire  ivre,   nommé Troïka, qui n’a plus raison d’être et qui sombre dans les abîmes  sous les hués de votre peuple, livré à lui même par votre alignement  aveugle sur   l’Union Européenne  . Faites appel au peuple et exigez la tenue , le plus vite que possible des élections libres et honnêtes, pour sauver notre belle Tunisie d’un naufrage plus que certains .  Pour une fois, montrez-vous à la hauteur de votre mission en usant de votre pouvoir présidentiel qui n’est pas seulement « honorer les chrysanthèmes «  et larmoyer devant le parlement Européen  aux larmes ou,  aux anges , faites votre choix ! «  Sachez M. Marzouki , que  l’avenir de la Tunisie reste  dans l’Union du Maghreb et non dans l’Europe des 27, 35 ou XXL . La révision de l’accord  avec l’Union européenne de 1995 , doit être impérativement aboli par la nouvelle Assemblée nationale issue des urnes , afin de pourvoir le  remplacer par un accord plus équitable en traitant d’égal à égal avec  ce gros mollusque qu’est l’Union  européenne » . Si  vous ne le faites pas, de votre gré  c’est  le peuple qui exigera un coup de balaie , s’est écrié le jeune universitaire, Lotfi Ben  Salem,  militant de base de la gauche parlementaire (…) !   Cependant, dans l’immédiat, il est du devoir de la police de déployer tous les moyens nécessaires pour arrêter les assassins de Chokri Belaïd et de les traduire devant la justice, car si ce crime reste impuni, il en provoquera d’autres .

Quoi qu’il en soit , la situation ne peut pas durer, puisque ce gouvernement n’a plus de légitimité depuis le 23 octobre 2012, date qui était  censée marquer la fin des travaux de l’Assemblée nationale constituante .  Maintenant si la troïka cherche à gagner du temps pour noyauter tous les appareils de l’Etat y compris la police et l’armée, comme l’avait fort justement dénoncé, feu chokri Belaïd  .

  Par ailleurs, il  appartient à la société civile , aux partis d’opposition et  tout Tunisien attaché à son pays d’appeler à la démission du gouvernement actuel et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale,  ou de technocrates,  et dont le seul but , serait d’accélérer  la rédaction de la constitution en attendant les prochaines élections dans un délai qui ne dépasse pas les  quarante  jours , à partir de lundi 18 février  2013 .  Aucun pays ne  supporte  une si longue période de transition et d’incertitude .   

 LEGITIMITE LAPIDEE ET TRANSITION EN DANGER ! 

 Après moult tergiversations, le premier ministre tunisien a finalement démissionné après s’être rendu compte de sa solitude au sein même de son parti politique  Ennahda  dont il est toujours le secrétaire général .  En effet, le premier ministre tunisien, Hammadi Jebali, a annoncé , mardi dernier, sa démission après l’échec de son projet de cabinet de technocrates, torpillé par son parti Ennahda , laissant le pays plus enlisé que jamais dans sa pire crise politique depuis la révolution .   « J’ai promis et assuré qu’en cas d’échec de mon initiative ,  je démissionnerais de la présidence du gouvernement , c’est ce que je viens de faire «  , a-t-il dit après une entrevue avec le chef de l’Etat,  M. Moncef Marzouki . Il aura été à la tête du gouvernement durant quatorze mois, ayant pris ses fonctions en décembre 2011,  après la victoire de son parti  aux premières élections libres de l’histoire de la Tunisie deux mois plus tôt .  «  Notre peuple est déçu par sa classe politique , il faut restaurer la confiance «  , a-t-il souligné , semblant mettre en garde son futur successeur et les grands partis politiques qui doivent trouver un compromis sur le cabinet . 

 Par ailleurs, Hammadi Jebali, qui doit gérer les affaires courantes jusqu’à la nomination d’un successeur, a assuré qu’il  n’y aurait pas de vacance de pouvoir à la tête de l’Etat . Il a de nouveau insisté sur l’urgence de fixer la date des prochaines élections , alors que toute possibilité de scrutin est paralysé  par l’impasse de la rédaction de la Constitution par une Assemblée Nationale Constituante (ANC) qui traine les  pieds et ne se soucie guère de l’avenir du pays .  Il est temps que la classe politique tunisienne prenne ses responsabilités et cesser de se chamailler pour une virgule .   Quant au successeur de Hammadi Jebali, ils ne se bousculent pas au portillon : parmi les noms qui circulent , pour le poste du Premier ministre , on compte Abdellatif Mekki, ministre de la santé, Noureddine Bhiri , ministre de la justice.  Cependant, Ennahda, pourrait  aussi décider de reconduire Hammadi Jebali .

 Selon la loi en vigueur, tout candidat au poste de Premier ministre, doit être déterminée par Ennahda , qui contrôle le plus grand groupe de députés à l’ANC (89/217) . Celui qui sera nommé  par Moncef Marzouki, aura quinze jours pour former un gouvernement , appelé à obtenir la confiance de l’ANC (109 votes), ce qui suppose qu’Ennahda forme une coalition  . Avec qui ?  L’avenir nous le dira .  

Les observateurs notent qu’avec l’assassinat de Chokri Belaïd , le pourrissement de la situation politique à l’œuvre depuis des mois, pourrait bien avoir conduit la Tunisie au point de non retour . Ou la mort tragique d’un  militant d’extrême gauche s’impose à la classe politique comme un électrochoc, la transition post révolutionnaire se remet rapidement sur les rails .  Ou  le pire est envisageable , si les uns , extrémistes , les autres, assoiffés de revanches, et d’autres encore, frustrés de n’avoir toujours pas le moindre fruit à récolter de la révolution , deux ans après le départ de Ben Ali, exploitant l’incertitude qui s’installe pour semer le désordre .   Il y a deux ans, lorsque la Tunisie avait ouvert le chemin  en courageuse éclaireuse des printemps arabes , avait soulevé de formidables élans d’espoir , charriant beaucoup d’attentes , à la fois légitimes , après vingt-trois ans de dictature analphabète . Des attentes candides par leur impatience .  Les Tunisiens sont pressés , ils voulaient régler tout en même temps .

 La traduction en justice  de tous les suppôts  des anciens régimes , la libéralisation de la parole,  et le difficile apprentissage de la démocratie . Mais la situation économique a été négligée par les « révolutionnaires » .  L’émancipation  est un acquis indéniable de la Révolution ,  cependant il ne faut pas confondre démocratie et anarchie . Sur la durée de 24 mois de la révolution , pas moins de cent cinquante perturbations en tout genre : grèves, débordements , interventions musclées de salafistes , perturbations , manifestations pour un oui ou un non etc…  Tout ces imperfections de la révolutions  auraient pu être mis à son crédit , si l’Assemblée constituante n’a pas manqué à son devoir et ne s’était pas égarée dans les dédales de l’incurie crasse d’une classe politique qui a mis ses intérêts personnels au dessus de l’intérêt général .  Trainer les pattes pour des broutilles, montre que la classe politique tunisienne est vraiment inconséquente .  

 En effet, c’est avant que l’Assemblée Constituante manque à la confiance placée en elle , en ne parvenant pas à rédiger une loi fondamentale dans l’année qu’elle s’était donnée. Le texte est toujours en travaux  et personne ne peut dire à  ces Messieurs-dames,  de mettre un peu plus d’ardeur  afin de finir la rédaction de cette Constitution dans les meilleurs délais .       Par ailleurs, en laissant les incidents fomentés pares les extrémistes se multiplier, les appels à la haine proliférer, et en échouant lamentablement à améliorer , même à la marge, la conjoncture, le gouvernement a lui  dilapidé  le capital de confiance populaire .

Ennahda, en particulier , qui détient les portefeuilles régaliens, s’est ensablé à l’épreuve du pouvoir .   Tiraillé qu’il est entre ses éléments modérés et son aile radicale , il apparaît dorénavant incapable de montrer la voie . Maintenant que son secrétaire général a tiré les conclusions de son échec en démissionnant de son poste de chef de gouvernement ,  il est temps que  la classe politique tire, elle aussi les conséquences en appelant à  des élections générales dans les 40 jours .  

BILAN CONTRASTE DE QUATORZE MOIS DE TERGIVERSATIONS
 DU GOUVERNEMENT JEBALI ***
 

 Après quatorze mois de gouvernance tâtonnante entachée de maladresses, dû à son inexpérience  .  Voici, une personne  qui avait passé seize  ans dans les geôles deBen Ali , dont huit ans à l’isolement total , et comme par miracle, se trouve propulsé  à la tête d’un gouvernement issu d’un « partage de tâches entre les vainqueurs de Ben Ali « , en l’occurrence, Ennahda , (islamiste), le CPR (Nationaliste arabe) et les (Sociaux-démocrates ) . Une troïka hybride , dont le but principal fut « accaparer le pouvoir » , quitte à priver 42% de Tunisiens du pouvoir sous prétexte qu’ils n’ont pas de représentation  ou peu , à l’Assemblée Constituante . Une Assemblée Constituante qui s’est vite ensablée dans ses contradictions  et ses divisions . Au lieu de constituer un cabinet d’Union Nationale  , Hammadi jebali  s’est cantonné dans sa coquille d’ancien « taulier » d’Ennahda ,  durant la période d’exil de Rached Ghannouchi , en Angleterre  .   C’est finalement Ali Laarayedh, actuel ministre de l’intérieur qui va remplacer Hammadi Jebali, premier ministre démissionnaire depuis le 19 février  et qui a décliné l’offre de diriger un nouveau cabinet , a annoncé jeudi, 21 février, Ennahda , son parti, dont il reste, néanmoins secrétaire général . Hammadi Jebali a démissionné après le rejet par son propre parti son idée d’un gouvernement de technocrates . L’idé avait été avancée , le 6 février , le jour même de l’assassinat  de l’opposant de gauche , Chokri Belaïd, ce qui a aggravé la crise politique latente dans le pays . 

 Ennahda, craignant  de perdre sa position dominante, y était défavorable .   Le parti islamiste propose un gouvernement mélangeant « techniciens » et politiques.  Signes  que  la tension  est très vive, deux policiers ont été blessés dans un échange de tirs  avec les salafistes présumés  dans la ville de Sidi Bouzid, le berceau de la révolution  .   Par ailleurs, des suspects dans l’assassinat de  feu Chori Belaïd , ont été arrêtés , jeudi, 21 février, a annoncé le ministère de l’intérieur , sans préciser  le  nombre ou l’identité des personnes arrêtées . «  l’enquête  n’a pas abouti encore à l’identification du tueur, de ceux qui sont derrière cet assassinat et ses mobiles », a ajouté le ministère, refusant de donner plus de détails en invoquant le secret de l’instruction .   Rappelons que la famille de feu Chokri Belaïd , avait accusé Ennahda, qui dément toute implication dans cet assassinat, qui a été suivi d’émeutes dans tout le pays .  C’est le successeur de Hammadi Jenali, en l’occurrence , son ancien ministre de l’intérieur, promu,  entre-temps premier ministre,  qui aura la lourde charge d’élucider l’énigme de cet assassinat politique , absent des mœurs politiques de la Tunisie , à deux  ou trois exceptions près .

En attendant la nomination officielle du nouveau premier ministre, la Tunisie attend dans l’angoisse l’éclaircissement de son ciel politique bouché par l’incurie crasse de sa classe politique .   Une nomination qui a soulevé l’ire de la gauche de la gauche tunisienne qui  avait défilé , samedi dernier , dans les rues de Tunis , réclamant sa démission . En effet, considéré, comme un homme de dialogue , il affiche cependant un bilan ministériel contrasté et controversé .  La  comédie des chaises musicales  bat son plein . Après l’insipide et indolore Hammadi Jebali , poussé à l’échec de former « un gouvernement de technocrates   , que proposait son  « premier ministre sortant «  , Ennahda , joue désormais la carte Ali Laryedh  .   Parmi les quatre, il est sans doute, celui  qui a le plus de chances de faire le consensus « , estime le politologue Omeyya Seddik . Un constat corroboré au sein même de son parti , au moment où il est traversé par de profondes divisions . Il y a ceux qui, à l’image du numéro un, Rached Ghannouchi, ont vécu l’exil et sont dans une logique de rupture, plus proches de l’internationale  des Frères musulmans  . Ceux qui privilégient l’aspect politique au religieux .  Ceux qui sont tentés par une alliance avec les salafistes, comme Ellouze .  ceux qui prônent une rupture radicale et rapide avec le régime Ben Ali, comme Mekki  et enfin, ceux qui tendent à la réconciliation, comme Hammadi Jebli et Ali Laryedh  , ce dernier a toujours refusé à se positionner dans les confrontations, sans pour autant jouer les « conciliateurs « , ajoute Seddik Omeyya.   

 QUI EST ALI LARYEDH ?  

A 57 ans, Ali Laryedh, a une longue carrière de militante derrière lui . Cadre du mouvement islamiste, dès les premiers temps, il sera l’un des plus férocement   réprimés sous Ben  Ali. Condamné à 15 ans de prison, il en passe 10 ans à l’isolement . Ses geôliers  le torturent , menaçant de lui inoculer le virus du sida, humilient son épouse, fabriquent et font circuler une vidéo pornographique le montrant avec un autre homme  .   Une pratique  très courante pour salir les opposants à cet infecte régime analphabète qu’était celui du de  Zine El Abidine Ben Ali. Quant à ses  détracteurs, ils  s’en délectent  jusqu’à maintenant .   Libéré en 2004, cet ingénieur de formation participe « au collectif du 18 octobre pour les droits et libertés », une plate-forme politique réunissant une large opposition à ben Ali, islamistes laïques .  Son parcours au pouvoir  demeure, le moins qu’on puisse dire,  controversé .  En effet, après les élections  d’octobre 2011, Laryedh  prend la tête du ministère de l’intérieur, le portefeuille le plus sensible .  La « Dakhilia » , bras armé de Ben Ali, doit faire face à l’affaiblissement de l’Etat, la résistance au changements des policiers à leur contestation par les citoyens , à la montée en puissance des djihadistes . Par ailleurs, le leader islamiste, enregistre quelques réussites, cependant, sont mandat est surtout marqué par ses fiascos : La  brutalité policière lors des manifestations de l’opposition, le 9 avril .

La répression à la chevrotine de la fronde de Siliana, en décembre ainsi que l’échec à protéger l’Ambassade des Etats-Unis de l’assaut des islamistes radicaux de septembre . dernier . Certains disent qu’il n’a pas totalement le contrôle de son ministère , d’autres l’accusent d’avoir mis la main sur les rouages et de gérer son ministère en partisan . Larayedh  se voit aussi reprocher d’avoir laissé se développer le climat de violence , en faisant preuve de laxisme envers «  les ligues  de protection de  la révolution » , dénoncée comme milices pro-Ennahda, et envers les djihadistes.  Sa fermeté affichée , les descentes    parfois brutales contre les salafistes , lui  valent pourtant une haine tenace dans la  mouvance .   Quant à l’opposition, elle a au début vanté un « homme d’Etat », puis, face aux échecs à répétition, réclamé sa démission et la neutralité du Ministère .  En effet, dans ce contexte, sa nomination en fait grincer  beaucoup .  « Monsieur Larayedh, n’est pas un homme de consensus », avait  fustigé, Me Néjib Chebbi, l’un des principaux leaders de l’opposition . 

Ali Laryedh, a deux semaines pour former un nouveau cabinet digne de ce nom   . Plus que jamais, il doit prouver qu’il pourrait réunir   toutes les  conditions   qui détermineront si le futur exécutif sera à même  d’apaiser les tensions , notamment les concessions sur les ministères régaliens et  surtout la fixation d’une date  jusqu’aux élections  .   

 CONCLUSION     

 Après quatorze mois de tergiversation et de gouvernance chaotique, la Tunisie est devant un choix crucial : Achever  la rédaction de sa nouvelle constitution dans un délai de 40  jours au maximum  et appeler à des élections législatives et présidentielles ou sombrer dans le chao et l’anarchie .  A partir de sa nomination officielle, Ali larayedh, doit assumer ses responsabilités devant le peuple Tunisien .

Il doit veiller à l’assurance de la transition , tout en montrant son impartialité afin de doter la Tunisie d’un gouvernement de transition responsable . Il doit veiller à ce  que  les prochaines élections se passeront dans la transparence et l’honnêteté afin de pouvoir doter la Tunisie d’un Etat digne de ce nom .  Quant aux partis politiques qui, jusqu’à  présent nous ont montré leur hideux visage d’opportunistes  et de coureurs derrière les chimères du pouvoir, il est temps qu’ils prennent leurs responsabilités .   La formule « Troïka » a montré , preuves à l’appuie, que c’est le pire choix qui a engendré , pendant quatorze mois, tous ce que ne pas faire un homme politique responsable . A commencer par l’amateurisme de ses membres, leur incurie crasse, leur avidité du pouvoir et leur profonde détestation de leurs concitoyens . Ni Monsieur Marzouki, ni Monsieur Jebali et encore moins Monsieur Ben Jâfar, n’ont mis l’intérêt de la Tunisie au dessus de leurs intérêts personnels : Monsieur Marzouki est obsédé par le pouvoir , il veut être « Président » à tout prix , sans démontrer pour autant sa capacité d’être le « PRESIDENT » de tous les Tunisiens .

Quant à M. Hammadi Jebali, il s’est contenté de représenter son parti Ennahda, en se soumettant à son mentor Rached Ghannouchi , jusqu’à son  lâchage par ses militants en jetant son honneur aux chiens et essayer de le reprendre comme roue de secours déjà crevée . Reste Monsieur Ben Jâfar, égal à lui même, il s’est hissé sur le perchoir  regardant  les souffrances de ses concitoyens de haut , veillant à la rédaction d’un texte qui n’arrive pas encore à sa destination .

La Tunisie a montré son visage pitoyable à cause de vous, Monsieur Ben Jâfar . Vous êtes , jusqu’à présent, le garant de cette nouvelle constitution, qu’est ce que vous attendez pour en finir avec cette mascarade de potaches .  La Tunisie vaut mieux que ça .   Maintenant , que chokri Belaïd a payé le prix le plus fort qu’un citoyen  puisse devoir à son pays, il est temps que la gauche se fédère en un «  front progressiste citoyen  « qui défend ses couleurs dans l’adversité  et surtout sur le terrain démocratique   dans les urnes , pas dans la rue .  Il n’y a que les chiens errants qui battent le pavé pour un oui ou un non .  Battez-vous dans les instances politiques offertes par la  nouvelle constitution, formez des instances crédibles pour gagner à la loyale les élections qu’elles soient municipales, sénatoriales, législatives et présidentielles  et cessez de jouer les cassandres pour un oui ou un non . Montrez que vous êtes responsables  devant  votre  peuple qui   vous le rendra en vous élisant  . Honorez la mémoire de vos martyrs en vous montrant crédibles et  responsables .    Vive la République,  vive la Tunisie

 
        •          L’HEBDOMADAIRE « JEUNE AFRIQUE  *


          AVAIT PUBLIE UNE SERIE D’ARTICLES CONSACRES A

         A LA VEUVE DE  FEU SALAH BEN YOUSSEF  DURANT LE MOIS DE JUIN 1992
•          NOTRE EDITORIAL «  DEBÂCLE DE LA TROÏKA PARU SUR NOTRE SITE

        « Prises de  bec » Le canard enchaîné du 20/02/13
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        www.dr-ben-abdallah.ch  du  mois  d’Octobre   2012
                           

DR MOHAMED BEN ABDALLAH

 DR OF BUSINESS ADMINISTRATION

 
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB

AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU
MAGHREB
ENTRE LE POSSIBLE ET LE REALISABLE « ,

 EN  LIGNE SUR NOTRE SITE
www.dr-ben-abdallah.ch  

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EDITORIALISTE – REDACTEUR EN CHEF DU SITE


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   07/03/13