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 EDITORIAL  ECONOMIQUE  


 LA POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE : LE SERPENT DE MER  DE L’UNION EUROPEENNE
 

 PROLOGUE      

 De réforme, en réforme, la politique agricole commune (PAC) s’est éloignée progressivement de ses objectifs initiaux : assurer des revenus décents aux agriculteurs    et fournir des aliments de qualité aux consommateurs .  2013, a marqué une nouvelle étape de ce  démantèlement méthodique , effectuée , au nom  du sacro-saint , libre-échange .   S’agit-il d’une politique agricole commune sans contenu ?  Avec plus de cinq cents millions de consommateurs potentiels , l’Union européenne constitue le premier marché agricole et alimentaire solvable de la planète .  Il s’agit en effet, de la première zone  importatrice et  exportatrice de produits agricoles , à égalité avec les Etats-Unis . Autant dire que rien ne peut se décider à l’Organisation Mondiale du Commerce, l’ancien GATT, *, sans l’approbation de l’Union européenne (UE),  un des acteurs majeurs de la dérégulation des échanges mondiaux .   En effet, ce qu’illustrent les décisions du conseil des ministres de l’agriculture, à l’occasion du « bilan  de  santé » de la politique agricole commune (PAC), qui avait été adopté, le 20 novembre 2008. Une prélude à l’actuelle réforme  arrêtée  déjà en 2003, pour la période 2005-2013, comportait une clause dite de « rendez-vous », afin de procéder à un état des lieux à mi-parcours et à d’éventuels ajustements . Cette clause avait été baptisée «  bilan de santé de la PAC .  

Rappelons au passage, que  la PAC  a été , longtemps considérée comme seule politique, décidée à Bruxelles  et financée collectivement  sur le budget de l’Union européenne, d’où son poids déterminant dans les dépenses communes, rabotées, cette année de 5% .  Cela explique également qu’elles aient longtemps, été considérées comme l’un des socles de la construction européenne .  Avant que les ultra-libéraux n’y voient qu’un gaspillage  budgétaire et une entrave à la compétitivité économique (…)   Mise en place, à la conférence de Stresa( Italie), en 1958, le PAC avait pour objectif explicite d’assurer la sécurité alimentaire de la défunte (CEE), remplacée par l’UE . Il fallait donc fixer les prix agricoles à un niveau suffisamment attractif afin d’inciter les agriculteurs à produire à des prix , somme toute, raisonnables pour les consommateurs . Il s’agit d’un soutien direct .

 Ce soutien des prix reposait sur un système d’achats publics à un tarif minimal garanti  et sur constitution de stoks régulateurs . Ce  choix revenait à reconnaître explicitement  que la référence aux cours mondiaux , n’était pas pertinente pour orienter  la production en fonction des besoins  à satisfaire  et que l’instabilité des marchés agricoles justifiait une intervention régulatrice  des pouvoirs publics .   Ainsi ont été mises en place , produit par produit, les organisations communes de marchés (OCM), visant à assurer la préférence communautaire . Il s’agissait, en effet, d’accorder la priorité à la production intérieure , grâce à un système de droits de douane prélevés sur les importations .  

Ces derniers étaient  ajustés en permanence selon le niveau des cours mondiaux , alors structurellement inférieurs aux prix européens . Par  ailleurs, il existait  toutefois, des brèches dans ce système .  L’exemple le plus flagrant reste l’entrée sans prélèvement des oléo-protéaginaux ( Colza , Tournesol , et surtout le Soja ), dont les sous-produits riches en protéines , les tour-taux , essentiellement utilisés pour les animaux . Il s’agit d’une concession effectuée dans le cadre de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) et/ce dès les années soixante  . 

 AGRICULTEUR, UNE RACE EN VOIE DE DISPARITION ? 

 Ils sont encore environ neuf millions à faire vivre la terre en Europe occidentale. En Europe centrale, les derniers recensements fixaient le nombre d’agriculteurs à neuf millions et demi d’âmes . pour une population de 485 millions . 380 , à l’Ouest et 106, à l’Est . Ces chiffres  sont en forte diminution en Europe Occidentale .  En effet, à l’Ouest du continent, en trente ans, le nombre des agriculteurs avait diminué de moitié . Ils ne représentent , maintenant que 5,5% de la main d’œuvre totale .   Par ailleurs,  la diminution du nombre d’agriculteurs n’est pas le seul aspect du problème .  Le vieillissement de la population en est un autre .  Selon  les derniers chiffres  disponibles pour les pays de l’Union européenne , un agriculteur sur quatre a dépassé l’âge de 65 ans . Plus  d’un sur deux est âgé de plus de 55 ans .  seulement 8,3% des chefs d’exploitation ont moins de 35 ans .  Quant à la contribution de l’agriculture au produit intérieur brut (PIB)européen , elle est en nette diminution constante .  Actuellement, elle oscille entre 2,5 et 3%du PIB. A titre de comparaison, à l’aube de la CEE (Communauté Economique Européenne), en 1958, l’agriculture fournissait encore 10% de la production intérieure des six .   Cette proportion  est inférieure à la moyenne en Belgique, en Allemagne et au Royaume -Uni ; supérieure en Grèce , en Espagne, en Irlande et au Portugal. Inversement, dans les pays de l’Europe centrale et orientale, l’agriculture représente un secteur plus important, mobilisant une main-d’œuvre plus abondante (25% des forces du travail en moyenne) et pesant d’un poids économique plus lourd (8% du PIB), sans relation toutefois  avec le volume de la main d’œuvre employée . Mais dans ces pays aussi, le poids de l’agriculture est en  nette diminution  .   Depuis des années, l’agriculture européenne éprouve des difficultés à accepter sa remise en question par une opinion publique qui exige un changement radical de la  philosophie et de discours . Naguère, poussée à produire, à grand renfort  de propagande, de conseils et de primes, l’agriculteur est désormais accusé de créer  des excédents .   on lui impose des quotas  de production et on diminue les prix garantis . Afin qu’ il  produise moins, on lui  demande  de  mettre en jachère une partie de ses terres . L’Etat, lui avait  suggére , moyennant une rétribution qu’on lui donne  l’impression de devenir un assisté , de s’occuper autrement , avec des travaux  de moins en moins en rapport avec la fonction « noble » de l’agriculture . Nourrir la population.  Certains le considèrent , d’avantage  comme « jardinier du paysage »  et non un producteur à part entière .  Cependant, l’attitude de la population à l’égard de  l’agriculture a changé .  La sécurité alimentaire est désormais tenue pour assurée malgré quelques écarts d’indélicats comme la crise de la viande de cheval  utilisé dans la fabrication des lasagnes .  Un nombre  croissant de consommateurs s’inquiète des méthodes de production et de qualité des denrées  .

Parfois,  l’agriculteur qu’on célébrait  comme un père nourricier,  est désormais accusé ,  non sans fondement, de polluer la planète et surtout  de mettre l’équilibre écologique en péril et de produire dans des conditions ,  et avec des techniques  suspectes . Sans oublier qu’il coûtait cher , pour de faibles rapports , et par dessus du marché, , de se plaindre constamment .   Cette remise en question est autant plus difficile à supporter que l’agriculture  est l’une des activités à être touchées par la dégradation de l’environnement . Il  ne faut  pas aussi  oublier que les fermiers doivent eux aussi subir les contraintes liées à d’autres activités  humaines , en particulier l’urbanisation , activité industrielle et surtout le tourisme . 

 EFFICACITE & EFFICENCE  DE LA  PAC 

 En quelques années, la PAC s’est révélé efficace.  Grâce à la sécurité des prix, les  investissements  se sont développés massivement, permettant ainsi des rendements au dessus   de  toute espérance grâce  à la réduction drastique de la main d’œuvre . Les actifs en surnombre viennent grossir les rangs de l’industrie . Cependant, dès les années septante, le dispositif s’est grippé .  L’autosuffisance alimentaire , vielle obsession de l’Europe d’après-guerre, fut allègrement dépassé , dans  les principales productions , bénéficiant des prix les plus soutenus, comme le céréales et le lait . Par ailleurs, dans la mesure où il n’existe aucun plafonnement des volumes, ouvrant le droit à des prix garantis, les excédents s’étaient accumulés  au point de recourir à un stockage très coûteux  et  surtout très encombrant . Pour écouler ces stocks sur le marché mondial,  il fallait recourir à de coûteuses subventions à l’exportation .   Simultanément, l’exode agricole s’est poursuivit à un rythme soutenu, alors que l’emploi   industriel s’est raréfié .

 Et enfin, l’intensification et la spécialisation de la production s’est accompagnée d’une pression croissante sur l’environnement . La crise s’est exacerbée dans les années huitante , à la suite du tassement de la demande internationale et du développement de la production des pays émergeants .  Les prix mondiaux s’étaient effondrés et  les dépenses communautaires de subventions aux exportations avaient explosé.   Le Royaume-Uni qui avait rejoint la CEE en 1973, avait alors fait  beau jeu, de dénoncer les excès  de la   PAC : Le premier ministre, Margaret Tatcher trouva de plus en plus d’alliés à l’intérieur et à l’extérieur de la CEE, pour exiger une réforme en profondeur , à l’occasion  de la négociation commerciale qui s’ouvrait avec le GATT, fin 1986, à Punta de L’Este .   L’heure est désormais à la déréglementation, pour restaurer un libre jeu des marchés, censés profiter à tous : les consommateurs et les contribuables des pays développés verront les prix alimentaires et les impôts baisser  .  Vœux pieux . Quant à  la pantalonnade qui préconise que les pays du Sud pourraient s’enrichir en exportant les produits pour lesquels ils disposent  d’avantage de comparatifs , quitte à importer les denrées alimentaires de base que les pays développés se proposent de leur fournir à bas prix . Elle reste, une douce fiction . En effet, à partir de 1992, s’est enclenché un processus continu de déconstruction des OCM  et de leurs outils de régulation .  Seul le lait qui fut soumis depuis 1984, à un régime spécifique, de quotas  y échappait jusqu’à 2003.

 Les quotas  laitiers, outils de maîtrise  de volumes de production ,  permettaient de réduire, de manières spectaculaire, les dépenses  de soutien et de garantir des  prix à la production . pour les autres productions, les réformes successives de 1992, 1999, 2003 et 2008 visaient, par anticipation, à mettre le PAC en conformité avec les accords successifs , encore en discussion (cycle de  Doha, entamé en 2001, qui n’a pas encore abouti  et n’aboutira jamais) .  Les perspectives restent sombres , malgré le changement radical à la tête de l’OMC, le mois dernier .  Par ailleurs, les prélèvements douaniers variables avaient été remplacés par des prélèvements fixes progressivement réduits dans le cadre de l’ouverture des échanges .  Les prix intérieurs sont alignés sur les cours des transactions internationales qu’on appellent abusivement «  les prix mondiaux », ce qui permet de continuer à exporter sans subventions .   En compensation, les agriculteurs reçoivent des aides directes à l’hectare . A la suite du découplage de celles-ci en 2003 . Puisque ces aides restent liées à l’hectare , si bien qu’on continue , comme par le passé à subventionner , sur fonds publics , la substitution du capital  au travail .  Quant à la course à l’agrandissement des exploitation, elle  se fait au détriment de l’emploi .  

Par ailleurs, la fuite en avant productiviste est alimentée, pendant une récente période  par le démantèlement des outils de maîtrise de production, comme les quotas laitiers . En effet, la production, la collecte pouvaient se concentrer dans les exploitations et des régions plus productives , au gré des transformation, pouvant  restructurer leurs  bassins de production à leur convenance , afin d’optimiser leur coût .   Il s’agit bien entendu, d’un néolibéralisme en trompe-l’œil qui continue à verser des aides directes substantielles à l’agriculture . En effet, par-delà de l’incohérence du discours idéologique ,  on est en mesure d’entrevoir une explication à toutes ces évolutions .  Le soutien des prix ainsi que la protection du marché européen correspondent à l’objectif initial de consolider la  compétitivité de l’agriculture, en particulier, et l’agro-alimentaire en général . Et/ce sans oublier la distribution dentrée sur le développement d’un marché intérieur qui s’étend perpétuellement …   Cependant, lorsque les grandes entreprises de transformation et de distribution ont suffisamment musclé leurs compétitivité sur le marché européen, elles développeront leur activités vers l’extérieur de l’Union européenne .   En effet, l’aboutissement logique de ce processus , demeure la délocalisation de leurs activités de transformation , là où   elles  se fournissent , en l’occurrence , en dehors de l’Union européenne .   Cette politique provoque d’importants dégâts sociaux et environnementaux ,  tandis que la libéralisation des échanges s’accompagne d’une instabilité des échanges . Et pour couronner le tout , la libéralisation s’accompagne d’une instabilité accrue des cours mondiaux , avec à la clé, des fluctuations mondiaux  sans commune mesure avec les coûts  de production . 

 Par ailleurs, quand les cours sont au plus bas, les exploitations agricoles les plus productives des pays riches ne peuvent subsister sans la perfusion d’importantes aides directes .  Il serait de bonne aloi, de noter que celles-ci représentaient plus de 50% du revenu agricole moyen européen des années 2000 .   En effet, la question environnementale reste un point très sensible . Cependant, l’agriculture n’a pas attendu le début des années huitante pour polluer l’environnement . Déjà, à la fin du XIXe siècle, on se plaignait de la pollution des rivières par les activités de transformation des produits animaux et par la production végétale ( le rouissage , la macération du chanvre et du lin )  . Mais avec l’émergence du thème « changement global) , l’échelle des problèmes s’est trouvé modifié .  Les  inquiétudes sont désormais mêlées  allant des feux de forêts au écobuage (fertilisation par les cendres), en passant la déforestation , générant ainsi l’altération de couche d’ozone , effet de serre . Sans oublier les conséquences des manipulations génétiques .   En effet, cette mise en cause est venue amplifier les accusations  environnementales lancées précédemment contre l’agriculture (nitrates, pesticides etc.   

 LA CERIALISATION DU TERRITOIRE AU DETRIMENT DE L’EMPLOI ,
DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA SECURITE ALIMENTAIRE
  

 Ainsi, les céréaliers continuent de percevoir des subventions massives , alors même, que les prix des céréales ont triplé en dix ans .  le prix  de  la tonne est passé d’environ  100 euros  à 250 euros , en 2012 . Les revenus des céréaliers , ont donc triplé , sur cette période , pour atteindre , plus de 70'000 euros, en moyenne , par an , en France et 100'000 euros, en Ile-de-France , par exploitant ***. Des rentes parfaitement indues , entièrement subventionnées par le contribuable . A l’inverse, le revenu moyen en élevage reste beaucoup plus faible  et ne dépasse pas les 16'000 euros , en 2012, par bovin à viande . Tous  les ingrédients sont là pour une  grande » spécialisation sectorielle favorisant les céréaliers »  du territoire ,  au détriment de l’environnement  , de l’emploi et la sécurité alimentaire . 

 En effet, le bilan environnemental de la PAC, n’est pas meilleur . Pour bon effet, la Commission européenne avait argumenté toutes ses réformes d’un vernis environnemental tel que « l’éco-conditionnalité «  et développement rural , affiché , depuis 1999, comme 2epillier de la PAC . Cet habillage ne saurait toutefois, le mouvement de fond de libéralisation des marchés agricoles .  Avec ses corollaires , la sélection et la spécialisation des exploitations plus compétitives . Cette évolution s’était faite au détriment des systèmes les plus autonomes  et plus économes ( cultures herbagères  notamment ) , géniteurs d’effets positifs  sur le paysage et la biodiversité , la qualité de l’eau  et des sols .  Elles s’accompagnent d’une concentration de production dans les régions les plus compétitives et d’une désertification de celles qui sont plus défavorisées . En fait l’aménagement du territoire , ressemble plus à un déménagement des productions .   Pour les pays  les plus pauvres , les conséquences sont aussi très préoccupantes . Par ailleurs, la pratique du dumping  des  pays riches ont été normalisées , dans le cadre de l’OMC, avec à la clé, une baisse  des prix était compensé par des aides  directes massives , telles que les aides découplées de la PAC, considérées à l’OMC, comme sans effet de distorsion sur les échanges .   

Conjugué au démantèlement des protections douanières ( seule politique de protection accessible aux pays pauvres ) , ce dumping conduit à une destruction inexorable des capacités d’approvisionnement des pays les plus pauvres . Accouplés à une augmentation sensible de la dépendance alimentaire, le démantèlement dans la plupart des pays des mécanismes de soutien  des prix n’empêche pas toute réaction possible en cas de tensions sur les marchés .  Ainsi les stocks de céréales avaient diminué régulièrement , depuis 1995, jusqu’à atteindre , en 2008 le niveau le plus bas depuis vingt-cinq-ans .   Par ailleurs, une crise alimentaire mondiale ne doit donc pas étonner . Toujours à partir d’évènements conjoncturels que se révèlent les déséquilibres structurel . En effet, la  hausse brutale des prix alimentaires depuis 2007, avait aggravé une situation endémique ( avec un pic  d’un milliard de personnes sous-alimentées, en 2009, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO ( .  Elle renvoie à des inégalités mondiales produites par une série de choix économiques . Or ces choix, l’Union européenne les avaient soutenus , au Fonds Monétaire International (FMI), à la Banque Mondiale (BM), dans ses négociations bilatérales avec les pays du Sud et dans les négociations multilatérales . Afin de pouvoir accélérer l’émergence d’un compromis à l’OMC, elle avait réformé , par anticipation sa Politique Agricole Commune (PAC), en 2003 et en 2008, alors même qu’aucun accord  n’est pas encore en vue, en 2013, malgré le changement de directeur général , en la personne de M. Roberto Azevêdo,  de nationalité Brésilienne, ayant été élu par les pays émergents contre l’avis des institutions de Breton Wood , qui avait leur favoris qui attendait impatiemment d’être  adoubé  . 

Par ailleurs, compte tenu des indécisions de l’OMC, il est de bon aloi de se  demander : si l’OMC  n’est pas  seulement un prétexte pour accélérer la dérégulation des marchés agricoles .  De fait, les Etats-Unis, qui sont soumis aux mêmes règles de l’OMC que l’Union européenne , mènent une politique agricole bien différente .   Il ne s’agit, certes pas de réhabiliter la politique agricole commune (PAC), d’antan, dont les dégâts sociaux et environnementaux ont été soulignés . Cependant, cela peut conduire , à l’inverse , à justifier le démantèlement de tout mécanisme de régulation des marchés .   Certes, la plupart des prix agricoles sont en forte baisse  depuis 2011, cependant, on est pas à l’abri d’une nouvelle poussée spéculative, comparable à celle de 2007 . Par ailleurs, cette évolution des prix indique l’instabilité chroniques des marchés . A laquelle les instances communautaires et internationales proposent de laisser libre cours . Tout se passe comme si le retournement récent des cours avait été déjà fait oublier la crise aigüe de 2008, avec sa cohorte d’émeutes de la faim , pendant le printemps 2008, dans des dizaines de pays du Sud .   

 LE LOBBING INTENSE  GANGRENE LA PAC

Les instances communautaires continuent d’ignorer les  alertes multiples, lancées par le monde associatif, des chercheurs et un nombre croissant de responsables politiques et professionnels . Elles poursuivent , comme rien n’était , le démantèlement des outils de régulation des marchés agricoles .   Ainsi, en dépit de déclarations de principe, sur les nouvelles  demandes sociétales, force est de constater que l’objectif de la Commission européenne reste la poursuite, sous une forme  rénovée , de reproduction productiviste de l’agriculture .  Pourtant, l’Union européenne pourrait jouer un rôle déterminant dans la réorientation des négociations en cours et promouvoir un nouvel ordre mondial alimentaire (…) sic ! Et pourtant, des solutions existent .

Elles s’appuient sur le principe de la souveraineté  alimentaire qui implique une régulation concertée des échanges internationaux . Cependant, dans l’objectif des pays pauvres, elles passent par l’abandon des accorts préférentiels et des liens de libre-échange au profit des accords des préférentiels renforcés , et donc , par la renégociation des accords avec l’OMC .   Par ailleurs, dans le cadre de la PAC, la garantie des prix intérieurs stables reflètent les coûts réels de production .  Ce qui implique en retour, un renforcement des conditions sociales et environnementales de production , une maîtrise des volumes et une redistribution des aides entre agriculteurs .   Ainsi  serait donnée la priorité à une agriculture  pourvoyeuse  d’emplois et respectueuse  des ressources naturelles, partout, dans le territoire .   Ainsi donc, il faut sortir du mythe des circuits courts , qui ne sont que l’arbre qui cache la forêt , comme l’agriculture biologique qui est l’arbre qui cache les enjeux de réorganisation en profondeur de l’agriculture conventionnelle .  Il s’agit d’un prétexte pour ne rien faire ailleurs .   En effet, avec la concentration urbaine, plusieurs millions d’habitants , à Paris, Lyon , Marseille , il serait utopique de se bercer d’une douce rêverie que se réfugier dans des circuits courts .  Le vrai problème reste une réforme en profondeur des circuits conventionnels afin de pouvoir en contrôler le fonctionnement .   

 CONCLUSION  

 Les  chiffres sont sans appel : il y a de moins en moins d’agriculteurs en Europe . Et/ce  malgré une productivité en forte croissance . La contribution du secteur agricole à la richesse générale des Etat (Produit Intérieur Brut), le fameux PIB est en diminution constante .  

La situation  des agriculteurs est devenu , quand à elle, de plus en plus précaire .  Leurs revenus restent très fragile, avec à la clé de fortes disparités , selon les pays et les régions . Il s’agit d’une conséquence directe de la baisse des prix  des produits agricoles  et de la hausse des prix « intrants «  (semences engrais etc.) Il s’agit de l’endettement d’une production excédentaire et de profonds changements dans les habitudes alimentaires  .  Et  pour corser le tout, le fermier, que l’on considérait naguère «  père nourricier de la nation » , devint désormais  un facteur nuisible , accusé de ruiner l’Etat, en produisant trop , de polluer l’environnement  et surtout, de livrer des produits de qualités médiocre , voire franchement mauvaise .    Cependant, dans  ce  tableau catastrophique apparaissent des signes d’espoir, souvent impalpables .  En effet, malgré les maux  dont on la charge, la campagne  demeure un centre de l’imaginaire  individuel et collectif  occidental . Elle est incontournable .

Tout le monde est bien conscient que , comme dit le slogan «  il n’y a pas de pays sans paysan » . Les nouvelles politiques agricoles lentement mises en œuvres dans la plupart des pays européens de l’ouest visent à réconcilier l’agriculture aussi bien avec l’économie que l’environnement  et la société entière .   En effet, au cours de ce siècle , le paysage agricole européen a considérablement changé . Si le nombre des agriculteurs  a diminué dans des proportions inquiétantes , le rendement de la production  n’a pas cessé de croître . Ce qui fait de l’Europe  l’une des premières puissances agricoles du monde .   Cet opus s’interroge aussi , sur les défis agricoles de demain .Y a t-il opposition irréconciliable entre agriculture  super-compétitive et celle qui se développe au rythme naturel de l’environnement ? 
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 * Voir notre éditorial « l’OMC, la pieuvre aux pouvoirs occultes «  ·

    

 **  Voir le chapitre V de notre Thèse de doctorat intitulé «  L’ntégration économique  du Maghreb  entre le possible et le réalisable «

visible  depuis le 01/03/2009 sur notre site internet

 
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 L’EUROPE EN BREF – L’EUROPE & L’AGRICULTURE –

 Èditions Actes Sud , ·    


 No d’éditeur 3185, dépôt légal – France , décembre 1998 . ·     

Manière de Voir  No 129, Juin-Juillet 2013 .    


  DR MOHAMED BEN ABDALLAH

 DR OF BUSINESS  ADMINISTRATION

 SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB

 ATEUR DE : L’intégration économique du Maghreb entre le possible et le réalisable »,

EN LIGNE SUR NOTRE SITE INTERNET

www.dr-ben-abdallah.ch ,

 depuis le 1er mars 2009 .


 & Rédacteur en chef – Èditorialiste ,

du site Internet

 
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 4 juillet 2013
         
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