EDITOTIAL ECONOMIQUE
EDITORIAL ECONOMIQUE
SOMBRES PERSPECTIVES ECONOMIQUES POUR 2016 !
PROLOGUE
Le marasme du commerce mondial et les investissements internationaux semble traduire un épuisement du processus de la mondialisation . Une évolution qui suscite la quête de nouveaux cadres d’intégration , à l’échelle régionale et interrégionale . En effet, entre les incertitudes sur l’économie américaine , le coup de frein subi par les économies émergentes et les conflits qui se multiplient aux portes de l’Europe , l’environnement international n’est pas des plus rassurants .
Dans un monde instable, l’année 2015 avait confirmé que le prix du baril de pétrole pouvait rester durablement bas pour plusieurs raisons : l’Arabie saoudite , premier producteur mondial du pétrole , ayant fait le choix de maintenir sa production malgré la forte augmentation des quantités de pétrole extrait des schistes américains, ces dernières années .
Dans le même temps, les pays émergents , en premier lieu la Chine, ont vu leur croissance ralentir , et avec elle, leur consommation d’énergies fossiles . Ce double mouvement ayant accéléré la chute des cours et l’a inscrite dans la durée .
Cette situation va-t-elle changer en 2016 ? La croissance dans les pays émergents ne devrait pas accélérer notablement et l’Arabie saoudite , semble pour le moment, vouloir continuer son jeu de poker menteur avec les Etats-Unis, dont la production de pétrole extraite de schiste , plus cher à extraire , résiste pour l’instant à la baisse du prix du baril .
Par ailleurs, la production du pétrole irakien ne semble pas bouleverser , outre mesure par l’instabilité engendrée par Daech , au Nord du pays . Tandis que la levée des sanctions contre l’Iran, devrait provoquer un nouvel afflux d’hydrocarbures . Il est donc probable que le prix du baril ne remonte pas de manière significative et durable cette année .
Ce qui est certes soutenir l’activité dans les pays consommateurs , notamment l’Europe occidentale, mais aussi contribuer à déstabiliser d’avantage des pays producteurs comme le Venezuela , la Russie , l’Iran et surtout l’Arabie saoudite . Tout en freinant l’indispensable transition énergétique chère à ces pronostiqueurs qui se trompent souvent .
L’ONCLE SAM RELANCE SON « JOB MACHINE « GRÂCE AU SCHISTE !
Dopé par le pétrole de schiste, avec sa cohorte de conséquences négatives sur l’environnement , mais aussi , par les efforts massifs et répétés de la Banque centrale américaine (FED), les Etats –Unis, sont enfin parvenus à revenir à un taux de chômage de 5% et à sortir de leur « job –lees –recovry « . La reprise sans emploi , même si le taux de l’emploi est loin d’avoir retrouver son niveau d’avant la crise des « sub-prime « . En effet, en déversant plusieurs milliards de dollars sur l’économie, la FED avait réussi à compenser en bonne partie la politique d’austérité imposée à Barak Obama par les républicains , majoritaires au congrès . L’abondance des crédits déversés sur les banques et les marchés financiers ayant réussi à regonfler les bulles spéculatives .
Par ailleurs, les marchés boursiers avaient atteint des niveaux supérieurs à ceux qu’ils avaient atteint avant l’éclatement de la bulle financière de 2008 . L’inquiétude se porte en particulier sur le numérique , dont les actions se vendent aujourd’hui à prix d’or , alors qu’elles n’ont, le plus souvent toujours pas de modèles économiques réellement pérennes .
L’année 2016, risque donc d’être compliquée aux Etats-Unis : sortie progressive engagée par la FED de son programme «quantitative easing « faisant craindre un enrayement de la reprise suite à la hausse des taux et celle du dollar qu’elle allait entraîner .
Tout cela, à un moment où le Président sortant , en fin de mandat et, est largement paralysé . Et le pays violemment polarisé par la perspective de l’élection présidentielle de novembre 2016 .
LA PANNE DURABLE DES PAYS EMERGENTS
Du côté des émergents, les anciens moteurs de la croissance, les tentatives de relance ne fonctionne plus . La chute des taux de croissance semble durable , en particulier en Chine . Officiellement son Produit Intérieur Brut (PIB), devrait croître , comme en 2015, de plus de 6% en 2016 . Cependant, nombreux sont les économistes qui pensent ce que les chiffres sont nettement surévalués . En effet, malgré les plans de relance à répétition , la Chine peine à dynamiser son économie sans provoquer d’importants déséquilibres . Que ce soit dans l’immobilier ou dans certains pans entiers de l’économie sont déjà en surcapacité chronique .
L’enjeu est de taille, le maintien de l’emploi est une condition sine qua non au pacte tacite qui lie le régime communiste à la population . D’importants soubresauts ont déjà secoué le pays l’été dernier, avec une chute vertigineuse des bourses chinoises , traduisant le manque de confiance des investisseurs dans la santé réelle de l’économie chinoise .
Du coup, l’Inde devait dépasser son voisin, avec7,5% de croissance en 2016 . Mais cela ne devrait pas suffire pour autant à créer les emplois nécessaires à l’absorption des millions de jeunes indiens qui entrent chaque année sur le marché du travail . Tandis que , le libéral en économie , Premier ministre, Narendra Modi, peine toujours à attirer les capitaux privés pour dynamiser et le tissu économique du pays .
Quant au Brésil, très dépendant du pétrole, ayant le plus de peine de sortir de la crise engendrée par la chute des cours de pétrole . Malgré les efforts de la Banque centrale pour relancer l’économie du pays , la colère des Brésiliens vis-à-vis du pouvoir est à son paroxysme . Il est toujours difficile de compter sur les émergents pour tirer l’économie mondiale ( surtout européenne) en 2016 .
LE MONDE GANGRAIGNÈ PAR L’INSTABILITÈ
A la fragilité économique , s’est greffé l’instabilité politique notamment dans les régions à haut risque , particulièrement , le Proche-Orient, l’Afrique , particulièrement en Syrie et en Irak . L’Afrique est devenue, depuis cinq ans le terrain de jeu des groupes djihadistes s’est élargit sur le continent africain ( le Sahel ) et l’Afrique du Nord . Les djihadistes ont réussi à établir des bases arrières grâce à la conquête de nouveaux territoires . Après les attentats de Paris, les Occidentaux ont décidé de frapper la Syrie , avec des objectifs ambitieux , pour affaiblir Daech , dans son fief du Moyen-Orient . Tandis qu’une coalition africaine s’attaque à Boko Haram, les regards se tournent désormais , de plus en plus vers la Libye , où les organisations djihadistes profitent du chaos . Et l’Arabie saoudite et les » bédoucraties « du Golfe se retrouvent eux aussi en première ligne , avec la guerre au Yémen .
Par ailleurs, sous l’impact de la crise syrienne , la situation pourrait bien dégénérer aussi en Turquie , où la guerre civile entre l’armée et la population Kurde est relancée . Même si à priori aucun de ces conflits ne devrait déboucher sur une confrontation mondiale de grande ampleur immédiatement, nous ne sommes pas à l’abri , en 2016, de mauvaises surprises susceptibles d’avoir un impact majeur sur l’économie mondiale, encore convalescente , surtout en Europe occidentale, notamment dans les pays du Sud : ( Italie, Espagne , Grèce, Chypre, Malte, Portugal ( etc. c’est d’ailleurs déjà le cas sous forme d’un flux extraordinaire de réfugiés .
AU SECOURS, L’EVASION FISCALE EST DE RETOUR …
Les conflits ouverts ne sont cependant pas les seuls dysfonctionnements mondiaux qui affectent négativement les sociétés occidentales et leurs économies . En effet, le dumping fiscal des paradis fiscaux ont terriblement nuis aux modèles sociaux occidentaux , aux cours de ces dernières décennies : les pertes de recettes sur l’impôt sur les sociétés pourrait atteindre entre 0,2 et 0,5 point de PIB (Produit Intérieur Brut(. En effet, en récupérant ces recettes, la France serait en mesure de tenir , sans difficulté son engagement vis-à-vis de Bruxelles et revenir à 3% de déficit public, en 2017 .
Ce sera donc des enjeux centraux de 2016 que de confirmer ou non le tournant majeur engagé ces dernières années en la matière . Par ailleurs, l’OCDE ayant dévoilé en octobre dernier , un plan d’action contre l’évasion fiscale des multinationales , le plan BEPS, qui a été validé ensuite par les pays du G20.
Cet accord reste incomplet, mais il contient tout de même de nombreuses avancées significatives . Plusieurs de ces mesures prévues doivent être mises en œuvre, en 2016. Il faudra suivre l’avancée réelle de ce dossier , comme le lait sur le feu , sachant que dans ces raouts de G20, souvent la montagne accouche d’une toute petite souris grise …
COOP21, IN CHÀ ALLAH, ON RASE GRATIS !!!
Enfin, un autre accord mondial qui va dans le bon sens, celui sur le climat , adopté dans le cadre de la COOP21, le 12 décembre 2015 dernier à Paris . Cet accord qualifié par ses auteurs d’historique, n’est certes pas contraignant , mais a pour mérite de fixer l’objectif ambitieux de maintenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2oC, par rapport au nivaux préindustriels , ainsi que de réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère , dans la deuxième partie du siècle (…) , in châa Allah . Mais après les paroles , il faut passer aux actes .
Après un creux marqué entre 2011 et 2013, du fait de l’écroulement des dépenses en Europe, sous l’effet de la crise de la zone euro , les investissements dans les énergies progressent de nouveau, mais à un rythme très faible . la crédibilité de l’arrord de Paris se jugera à la capacité d’accélérer ces investissements à l’échelle mondiale en 2016 .
LA RENTREE DISCRETE DE LA CHINE DANS LE CERCLE DES DST !
L’inclusion de la monnaie chinoise dans le panier de monnaies que constituent les droits de tirages spéciaux (DST) du FMI a été largement interprété comme une consécration de la puissance économique de la Chine . C’est exact , mais cela reste très symbolique et cela cache une réalité mal connue .
Pour comprendre les mécanismes complexes de fonctionnement de certaines Organisations internationales , il faut s’armer de patience et de saine curiosité , faute de quoi, vous passez à côté de votre sujet . Le Fonds Monétaire International n’échappe pas à la règle .
En effet, il y a peu de gens qui savent ce que sont les DST , et ils n’ont pas vraiment besoin de le savoir . Formellement, les DST sont l’l’unité de compte utilisée par le FMI pour toutes ses opérations . Lors de leur création, en 1969, l’idée était à se passer du dollar. On a alors constitué un panier de 15 monnaies , ramené à 5 devises en 1981, puis 4 devises lors de la création de l’euro en 1999 . Par construction, le DST fluctue comme une moyenne pondérée des monnaies constituantes . Autrement dit, ça n’a aucun intérêt , c’est la cuisine interne du FMI. C’est devenu plus important lorsque le FMI avait commencé à créer des DST à partir de rien , comme les banques centrales créent la monnaie , la planche à billets . Mais comme le FMI n’est pas une banque centrale, il ne peut créer des DST que si c’ est accepté à 85% des votes , sachant que les droits de vote de chaque pays sont déterminés par son quota qui est proportionnel à sa taille . Avec 16,7%, les Etats-Unis détiennent le droit de veto . La Suisse a droit à 1,4% . Les droits sont attribués à chaque pays dans les mêmes proportions .
Il y a eu plusieurs distributions , mais la somme totale reste relativement faible, donc largement symbolique . Les pays en développement ayant demandé que les distributions futures leurs soient réservées , il n’y a eu plus de nouvelle distribution depuis 1998 du fait de l’opposition de Etats-Unis et des Etats européens .
Une nouvelle distribution , suivant la règle habituelle, a été décidée en 2010 mais a été bloquée par le refus du Congrès américain pour de sombres raisons politiques . Le Congrès vient juste de changer d’avis . L’inclusion du renminbi est le petit nom affectueux du yuan. . Ainsi le RMB étant l’acronyme chinois de la « monnaie du peuple « l’inclusion de la monnaie chinoise , ne change rien aux règles du FMI et sa cuisine interne . En effet, quand un pays emprunte de l’argent au FMI, il peut choisir de le faire soit en DST , il peut librement les convertir dans les monnaies du panier , et donc , désormais en renminbi . Ainsi le RNB devient officiellement une monnaie de réserves internationales , si les pays emprunteurs le souhaitent .
C’est ce que veulent les dirigeants chinois . En effet, depuis quelques années ils rêvent de leur rôle international du dollar au profit du renminbi . Le hic , c’est que pour être utiles , les réserves doivent pouvoir être largement acceptées . Ils ont engagé une vaste opération de relations publiques , poussant les pays avec lesquels ils font des prêts à détenir des réserves en renminbi n’est pas librement convertible . La demande reste très faible , même si l’idée de réduire le rôle du dollar reste attrayante .
Finalement, le plus important , c’est que la chine s’est engagée à rendre sa monnaie entièrement convertible d’ici octobre 2016 . C’est une condition sine qua none pour rentrer dans le DST nouveau à cette date . Or pour cela , il faut libéraliser complètement ses marchés financiers . L’objectif de faire renminbi une monnaie de réserve internationale , et donc de rentrer dans les DST , est puissant argument au sein d’un pouvoir politique toujours ambivalent en matière de libéralisation financière . Paradoxalement, derrière ce triomphe , se cache une lourde lutte idéologique au sein de la direction du Parti communiste ..
Les DST , c’est un instrument de pression pour les réformateurs , et ça n’est symbolique. C’est sans doute la raison pour laquelle le FMI a décidé de sauter le pas, même si le renminbi n’est pas encore convertible .
LA CHUTE DU YUAN SE RESUME A LA REPONSE A TROIS QUESTIONS
Alors que Pékin alterne baisses et hausses de sa monnaie, les marchés oscillent au gré des inquiétudes sur la Chine . En effet, les bourses européennes ont terminé en hausse , mercredi dernier, grâce à une stabilisation ,mardi , du yuan après une semaine de fluctuations erratiques et relativement incompréhensibles de la monnaie chinoise . Fluctuations qui ont eu des répercussions sur les marchés .
EST-CE QUE LE YUAN BAISSE OU DESCEND ?
Vendredi dernier, le renminbi ( monnaie du peuple) , le nom officiel du yuan , ayant terminé à son niveau de clôture le plus faible depuis mi-février 2011. A l’origine de cette baisse, un mouvement de dévaluation , la semaine dernière : le cours de référence du yuan avait été abaissé de 1,4% jusqu’à jeudi dernier . C’est la deuxième fois que Pékin procède à un tel mouvement de baisse, après celui d’août 2015 .
En même temps, la Chine cherche à stabiliser sa devise ; c’est qu’elle avait tenté de faire à partir de vendredi , en remontant le cours de référence, sans toutefois retrouver son niveau d’avant la baisse de début janvier 2016 .
La centrale est intervenue su le yuan « offshore » , c’est-à-dire , le yuan utilisé pour les échanges commerciaux en dehors de la Chine et librement convertible , achetant d’importantes quantités . Ce dernier ayant réalisé un bond historique .
COMMENT FONCTIONNE-T-IL ?
Le fonctionnement de la monnaie de la deuxième économie mondiale et premier exportateur , est assez illisible .Ni totalement fixe , ni totalement flottant, le régime de change chinois peut-être qualifié d’intermédiaire . A la différence des Etats-Unis ou de la zone euro , qui laissent le niveau des changes s’établir librement . La Chine administrativement chaque matin , un cours pivot autour duquel sa monnaie ne peut varier de plus de 2%, à la hausse ou à la baisse .
Depuis 2005, le régime chinois avait décidé que le yuan serait ancré sur un panier de devises composé de dollars, d’euros et de yens japonais . Ce sont toujours les autorité qui définissent le taux de change officiel , ce qui se traduit par un cours qui évolue en paliers . mais en affirmant qu’elles fixent le niveau chaque matin par rapport au niveau de la veille ( en restant dans la fourchette de (+ ou -2 ) , les autorités signalent qu’elles prennent en compte le marché afin de se rapprocher autant que possible d’une fluctuation « libre » .
Car la Chine aspire à ce que sa monnaie , même si elle ne flotte pas librement , soit reconnue comme une monnaie de réserve , une manière de battre en brèche le dollar et les Etats-Unis . Car le yuan ne représente que 2,5% des transactions internationales, contre 29 %, pour l’euro et 43% pour le dollar .
QU’EST-CE QUE CA CHANGE ?
Les récentes dévaluations de la monnaie chinoise, les plus importantes depuis 1993, représentant un ensemble de risques non négligeables pour les autres pays , à savoir : la déstabilisation des marchés et des monnaies , renchérissement des importations et risque de guerre des monnaies .
Car l’outil monétaire , ici utilisé à la baisse, permet de jouer sur l’attractivité des exportations du pays ( moins chères par rapport à celles qui sont libellées dans d’autres monnaies ), ce qui les rend plus compétitives sur les marchés mondiaux . Un fait très mal accepté par ses grands partenaires commerciaux , au premier rang desquels , les Etats-Unis .
D’un autre côté, cette baisse progressive du yuan est destinée aussi , à rapprocher la monnaie chinoise du dollar, afin de préparer le terrain à une « libéralisation « du yuan. En clair, qu’il puisse , à terme passer en taux de change flottant, comme la majorité des autres monnaies .
Les Etats-Unis jugent que c’est prétexte : ils estiment que le yuan est déjà assez sous-évalué comme cela . Il est vrai qu’après une décennie de hausse qui avait culminé en 2014, le yuan n’a fait que reculer face au dollar .
UNION EUROPEENNE : PROJET D’UNION DES MARCHES DE CAPITAUX SUR LES RAILS ; BRUXELLES RALLUME LA MECHE …
Selon ses promoteurs, , la mise en place d’une union des marchés de capitaux d’ici 2019, devrait améliorer le financement des entreprises et stimuler l’investissement dans l’Union européenne . Cependant, ce projet défendu par le lobby bancaire et levé au rang de priorité par la nouvelle Commission européenne , fait craindre le retour de la crise financière .
Sept ans à peine après l’une des plus graves crise de l’histoire économique contemporaine , le train de la dérégulation financière s’ébranle de nouveau * . L’angoisse qui éreintait les dirigeants des banques à l’automne 2008 , ce n’est qu’un vague souvenir , tout comme la prévention la titrisation et autres acrobaties financières.
En Europe, ainsi que chez l’Oncle Sam, « il est temps de faire tomber les barrières pour faciliter la libre circulation des capitaux entre les vingt-huit Etats membres « **, selon le nouveau commissaire européen aux services financiers , un certain M. Hill . Pour réaliser cette ambition, la Commission européenne ayant inscrit au nombre de ses chantiers prioritaires futurs , l’Union des marchés de capitaux ( UMC). Son plan d’action , dévoilé en septembre 2015, prévoit une mise en œuvre progressive d’ici 2019, à travers d’une série d’initiatives , en consultation avec l’industrie , études d’impact, révisions des directives et nouvelles impositions législatives .
A ceux qu’une énième dérégulation du secteur laisse perplexe, Bruxelles oppose un argumentaire bien rôdé . Puisque , comme l’explique le sieur Hill, « le facteur de risque le plus important pour la stabilité c’est l’absence de croissance « , il importerait de stimuler l’investissement . Or ni les PME (Petites et Moyennes Entreprises) qui composent l’essentiel du tissu productif , ni les projets d’infrastructures gloutons en capitaux ne parviendraient à trouver des financements adéquats . En cause : des circuits traditionnels grippés . Les banques rechignent à prêter et les puissances publiques sont corsetées par les contraintes budgétaires . Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut adopter une série de réformes visant à organiser un recours accru à la finance de marché .
En effet, certaines mesures destinées aux entreprises visent à simplifier les formalités , à normaliser l’évaluation de leur solvabilité, et surtout à développer les « placements privés « . Ces derniers permettent aux sociétés non cotées de ne plus faire appel aux banques et de se tourner vers des investisseurs –fonds spécialisés , assurances - pour obtenir des financements selon une procédure moins stricte qui réduit le contrôle des autorités de marchés et les obligations de diffusion d’informations . Ce marché de placement privé connaît un formidable essor : il pourrait représenter les prochaines années soixante milliards d’euros , dont dix à quinze milliards en France , (7,5 milliards en 2013) .
Les autorités monétaires de ce pays, s’inscrivent dans ce processus de désintermédiation , autrement dit , le recours aux financements bancaires . La dernière loi de finance, voté par le parlement, supposée stimuler l’activité , favorise les crédits dits « interentreprises « , c’est à dire accordés par des sociétés entre-elles , sans passer par des banques …Et échappent ainsi à la régulation .
L’EXPANSION DES BANQUES DE L’OMBRE …
D’autres mesures facilitent le rachat par des investisseurs de dettes d’entrepises détenues par des banques . La commission propose d’encourager fiscalement les investisseurs institutionnels ( fonds de pension et compagnies d’assurances , notamment), à acquérir directement des dettes d’entreprises non cotées . Il s’agit d’un placement plus rentable, car plus risqué que le traditionnel emprunt d’Etat . Dans un pays comme la France, la Société générale, avait ainsi cédé à AXA 80% de son portefeuille de prêts à plus de cinq ans accordés aux entreprises , petites et moyennes (PME-PMI) ou de taille intermédiaire (ETI) , la banque conservant 20% dans son bilan . Le Crédit agricole , BNP Paribas , Natixis font de même avec d’autres compagnies d’assurances .
Cependant, la proposition phare de la Commission concerne le développement de la titrisation des prêts bancaires . Avec cette technique , les banques revendent leurs crédits sur le marché des capitaux sous forme de titres financiers , ce qui leur permet de se débarrasser de leurs risques , tout en empochant de juteuses commissions perçues à l’occasion de l’octroi des prêts . Ce qu’elles firent avec allégresse au milieu des années 2000 , en transférant aux investisseurs les emprunts immobiliers des ménages américains reconditionnés en actions . Or la titrisation déresponsabilise les banques (en transmettant les risques à d’autres ) et renforce , non seulement la complexité , mais aussi les interconnexions des marchés financiers , de sorte, qu’en 2008, lors de la crise de « subprime « , cette ingénierie favorisa à la fois l’éclatement de la bulle et la propagation de la crise dans le monde .
Consciente de l’énormité de la propagation , la Commission, en appelle à « une titrisation de qualité « , plus transparente … Mais en pratique, les lobbies bancaires ont œuvré à l’adoption des normes minimales . Avec succès : le sieur Hill, ayant d’ores et déjà annoncé qu’ils ne s’opposerait pas à un assouplissement des règles qui obligent les banques à garder dans leur bilan , une partie des risques de créances dont la titrisation n’est pas aussi évidente .
En effet, aux yeux des autorités européennes , le système américain , dominé par les marchés, représente un modèle de performance (…) ! Et une garantie de sécurité des entreprises … » La plus grande dépendance à l’égard des prêts bancaires rend l’économie européenne et, en particulier les PME plus vulnérables en cas de resserrement du crédit bancaire , comme lors de la crise financière de 2008 », explique doctement la Commission dans son « livre vert « ***. C’est oublier un peu vite que cette crise eut précisément pour causes de la finance de marché et sa dégradation .
D’ailleurs les promoteurs de la libéralisation peinent à convaincre . En alignant le système financier sur normes anglo-saxonnes , expliquent-ils , l’union ses marchés permettrait « un retour durable de la croissance et la création d’emplois « et une « amélioration de l’accès aux financements , surtout pour les PME « . Une thèse battue en brèche par M. G. H qui préconise « Pour l’immense majorité des petites entreprises , observe un responsable de recherche à l’Association européenne de l’artisanat et des PME « le crédit bancaire restera la principale source de financement . L’Union des marchés des capitaux ne peut pas compenser les dysfonctionnements du financement bancaire « . Les bookings Institutions , un Think Tank américain centriste considère pour sa part que « les avantages de l’union des marchés de capitaux pour les PME , sont largement surestimés » .
M. Hill, lui-même, admet exagérer le bénéfice de son projet pour les petites entreprises afin d’amadouer les gogos , en l’occurrence les citoyens européens : « Si les PME sont mises en avant dans le débat européen , relève-t-il devant un auditoire tiré sur le volet , c’est parce qu’elles sont perçues comme un élément important dans l’économie et qu’il n’est plus facile de convaincre le public des propositions qui les renforcent « . En somme il s’agit d’une escroquerie intellectuelle , pour le moment, mais qui pourrait aboutir sur une vraie . L’Organisation non gouvernementale « Finance Watch Et Associations des banques coopératives allemandes « dénoncent pour leur part une démarche visant à renforcer la rentabilité des grandes banques européennes .
Le projet de l’UMC, aura en outre pour conséquence la généralisation du système de « La Banque de l’ombre « « shadow banking system « qui avait joué un rôle décisif de la crise de 2008 . L’expression désigne le financement de l’économie par des acteurs qui ne sont pas soumis à des normes aussi strictes que les banques . Il s’agit d’une manière de contourner la régulation prudentielle bancaire en recourant aux marchés financiers .
En effet, associer , les assurances, les fonds de pension , et autres fonds spéculatifs au financement de l’économie revient à prendre un risque supplémentaire, à savoir : ces investisseurs n’ont pas l’expérience pour évaluer la qualité des prêts . Pour pallier à cette méconnaissance, ils remplacent l’expertise et la proximité des emprunteurs par des calculs de risques , qui , par le passé se sont révélés inaptes à prendre en compte les retournements impromptus des marchés financiers .
L’éclatement d’une bulle de crédit aurait des conséquences d’autant plus grandes que les investisseurs , ne pourraient pas , à la différence des établissements bancaires, bénéficier des mesures de protection et de sauvetage des banques centrales .
Pour financer ces activités , parfois hautement spéculatives, les banques ont besoins d’argent frais . Elles pourront désormais se retourner vers la banque Centrale européenne (BCE) , qui avait décidé d’accepter les crédits « titrisés » comme garantie d’échange en liquidités sonnantes la mauvaise foie de leur inventeur, en l’occurrence, l’actuel gouverneur de la BCE, qui rêve de « titriser le néant « pour prétendre stimuler l’économie réelle via le crédit (...) Tout porte à croire qu’il alimentera surtout la « banque de l’ombre « : les liquidités détenues auprès de la BCE offriront aux banques l’occasion de réaliser de juteux profits nouveaux , par exemple en les consacrant à des activités spéculatives . Ainsi naissent les bulles financières et ainsi crèvent-elles .
Par ailleurs, un système financier fondé sur la titrisation d’autant plus fragile , qu’en cas de crise , les actifs titrisés , ne sont plus acceptés en garantie , laissant les banques sans financement , comme nous l’avions vu avec le « subprime » . Le projet de l’Union des marchés de capitaux promet ainsi de transformer les grandes banques universelles en bombes financières à retardement . N’est-ce-pas M. Draghi , ? L’ancien directeur de chez Goldman Sachs ?
CONCLUSION
Protégée des regards du public par la technicité du sujet, la Commission européenne réuni tranquillement les ingrédients d’une nouvelle crise majeure . D’autant que le développement de l’Union des marchés de capitaux s’inscrit dans un contexte de démantèlement des maigres avancées obtenues depuis 2008.
Bénéfices discutables, risques considérables : L’UMC cumules les handicaps . Son fondement même repose sur un diagnostic erroné, puisque la Commission écarte d’emblée l’une des principales causes de la stagnation économique de l’espace européen : les politiques d’austérité budgétaire et salariales . Comme le démontrent de nombreuses enquêtes , dont celle de la BCE. Les entreprises n’investissent pas fautes de débouchés , par suite d’une demande déprimée par les politiques stupides et restrictives .
* DUI CRACH A LA BANQUEROUTE publié sur notre site www.dr-ben-abdallah.ch le 06/06/2009 ;
** CAPITAL MARKETTS UNION – Communiqué de la Commission européenne le 30/09/2015 ;
*** LIVRE VERT DE LA COMMISSION EUROPEENNE – Février 2015 ;
REFERENCES
-ALTERNATIVES ECONOMIQUES No353 DU MOIS DE JANVIER 2016 ;
-LE MONDE DIPLOMATIQUE No 742 –Janvier 2016 ;
-LA FACE CACHEE DES BANQUES – ERIC LAURENT – EDITIONS PLON – 2009 ;
DR BEN ABDALLAH MOHAMED ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR DE « L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE
LE POSSIBLE & LE REALISABLE « ;
EN LIGNE SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch ;
&
EDITORIALISTE – REDACTEUR EN CHEF DU SITE
DEMEURANT SIS 1202 GENEVE
04/02/2016 ;