EDITORIAL POLITIQUE
YOUSSEF CHAHED, UN AN DEJÀ …
PROLOGUE
Comme nous l’avions promis, au mois d’août 2016 , nous dressons un bilan politique , économique et social d’une année de gouvernance du premier ministre Tunisien , M. Youssef chahed . Après un début de mandat laborieux, que nous avions analysé dans notre éditorial « Les cent jours de M. Chahed, nous vous soumettons dans cet éditorial le bilan d’une année de gouvernance, somme toute positif qui honore le chef du gouvernement et son équipe .*
Nidaa Tounès plongé dans une crise sans fin à cause des querelles et scissions , affaiblissant le parti au pouvoir contrôlé par le fils du président de la République M. Béji Caïd Essebsi, au profit des islamistes d’Ennahda, tapis dans le noir, en embuscade .
Il y a des signes qui ne trompent pas . L’effervescence qui agite la scène politique tunisienne depuis quelques mois , n’est pas seulement dû à une préparation en ordre de bataille avant les élections municipales prévues au 17 décembre, septième anniversaire du déclenchement de la révolution.
En effet, après tant d’années d’attentes, la transition démocratique va enfin s’incarner au niveau local . Si la fièvre monte à ce point , c’est aussi parce que Nidaa Tounès , parti qui dominait la coalition au pouvoir à Tunis, traverse une crise majeure et que ses déboires libèrent une cohorte d’ambitions concurrentes .
Par ailleurs, le 2 avril 2017, un front de salut et de progrès s’est solennellement formé dans la capitale tunisienne .Ses inspirateurs le conçoivent comme un regroupement transversal de partis, visant à détrôner l’actuelle alliance dirigeante entre Nidaa Tounès et le parti islamiste Ennahda . Ils jouent sans fard sur la peur qu’inspire une frange de l’opinion publique , l’influence prêtée aux islamistes dans l’appareil de l’Etat . Selon eux, Nadaa tounès , dont le socle est pourtant l’anti-islamisme , est devenu trop faible pour s’opposer au jeu d’Ennahda . Depuis sa victoire aux élections législatives et présidentielles de 2014, Nidaa Tounès ruiné est, de fait rongé par des querelles d’appareils et une hémorragie de ses cadres au point de jeter le doute sur la solidité de la transition démocratique tunisienne, tant louée à l’étranger .
« il y a une descente aux abîmes « , s’alarme la député de Nidaa tounès L. C. Selon elle, la glissade commence véritablement au congrès du parti à Sousse en janvier 2016, quand , le fils du Président, H. Essebsi , prend les rênes du parti .
LA CONTROVERSE !
Quand le fils du président de la République, M. H. C. E. , avait mis la main sur deux fonctions stratégiques : directeur de l’exécutif et représentant légal de Nidaa Tounès . Ce congrès consacre, par ailleurs la rupture avec son grand rival d’alors , M. M. , ex-conseiller spécial du Président , qui avait claqué la porte du parti avec ses soutiens , pour fonder une nouvelle formation . « Haraket Machrouw Tounès « . Un mouvement , « néobourguibiste « . Le coup était très dur pour le groupe Nidaa Tounès à l’Assemblée des représentants du peuple . Une vingtaine de députés le quittant .
Du coup Nidaa Tounès perd son statut de premier groupe parlementaire au profit d’Ennahda.
La conquête de l’appareil politique par le fils du Président de la République, avait déchainé les passions . Le parti, déjà fragilisé par la disparition de sa raison d’être idéologique (l’anti-islamisme ), rendue caduque par la formation d’un gouvernement de coalition avec Ennahda , à partir de 2015. La violente controverse autour de « succession dynastique « (le fils remplaçant le père à la tête du parti), avait porté le coup de grâce à un parti en phase terminale de décomposition . Le malaise est à son paroxysme .
Par la suite, les défections se sont multipliées , touchant jusqu’au groupe qui avait servi de marchepied à H. C. E. , lors du congrès de Sousse . Parmi ses anciens alliés devenus dissidents figure R. B. , ex-directeur de cabinet du chef de l’Etat . Le groupe de M. B. , ayant tenté fin janvier , d’écarter de la direction du parti Hafeh Caïd Essebsi . Ce dernier avait porté l’affaire devant la justice .M. B. , est aussi l’un des inspirateurs , aux côtés de M. M. , du Front du salut récemment constitué .
« le parti a perdu le contact avec le citoyen « se désole Madame CH . Le gouvernement de M. Youssef Chahed , chargé de piloter des réformes sensibles sous la pression du Fonds Monétaire International (FMI ) , est ainsi affaibli , car il ne peut pas compter sur un appui partisan dynamique . « . « Le gouvernement n’est pas assez soutenu « , grince le député Moncef S. , qui avait jeté l’éponge après avoir présidé un éphémère (comité de sauvetage du parti ) .
Toutes ces tergiversations ont légitimé le parti islamiste des Frères musulmans Ennahda qui a renforcé son rôle de partenaire loyal et discipliné de la coalition , s’en trouve mécaniquement renforcé. « La majorité ne tient que grâce à Ennahda « , souligne M. S. . « Ennahda joue bien le jeu afin d’affaiblir son partenaire , abonde Madame CH . Il apparaît de plus en plus stable et équilibré , dont légitime sans prétention à gouverner « . C’est ce qui inquiète de nombreux militants historique de Nidaa Tounès qui avaient rejoint le parti pour contrer le projet islamiste , qualifié d’antinomique au modèle tunisien .
« Si Ennahda ne rencontre aucun contrepoids, il va inévitablement essayer de changer le modèle tunisien . La transition en Tunisie sera alors en danger « , avait averti M. B. , le chef de file des opposants à H. C. E. , fils du Président tunisien en exercice . Fondée , ou pas , par l’appréhension avait saisi une grande partie de l’électorat de Nidaa Tounès , sensible , dès lors , aux vents de la dissidence .
UN MEMBRE DU CLAN BEN ALI REVELE L’AMPLEUR DE LA CORRUPTION DE L’ANCIEN REGIME
Connivences, pots-de-vin, , documents falsifiés, contrebande …I.. T. , le neveu de l’ancienne régente de Carthage, et épouse de Zine El-Abi dine Ben Ali, l’ex-autocrate renversé par la révolution tunisienne de 2011, avait livré , vendredi 19 mai 2017, un témoignage exceptionnel sur les coulisses de la dynastie affairiste aux pratiques mafieuses qui avait mis la Tunisie en coupes réglée pendant les 22 ans de la dictature . Agé de 42 ans, I. T., condamné à un total de 108 ans de prison, dans différentes affaires, de malversations , s’est exprimé lors d’une audience publique de l’instance de vérité & dignité (IVD) sous la forme d’un enregistrement diffusé en différé .
Le document avait été réalisé en détention, à la prison de la Mornaguia , près de Tunis, où Imad T., en est détenu depuis 2011 .
Institution phare de la justice institutionnelle de la Tunisie, l’IVD, mandatée pour enquêter sur les violations des droits de l’homme et les crimes économiques, commis entre 1955 et 2013, avait décidé de consacrer sa séance des auditions de vendredi aux dossiers de corruption . Le choix n’est pas anodin, à l’heure où le président de la République , Béji Caïd Essebsi, tente de faire adopter par l’Assemblée des représentants du peuple un projet de loi de « réconciliation économique « amputant l’IVD de ses compétences en matière de corruption. Le projet de loi fait l’unanimité contre lui . Il est dénoncé par ses opposants comme permettant « un blanchiment de la corruption « commise sous le régime Ben Ali. Les tensions récurrentes entre l’IVD, opérationnelle depuis 2014, et la présidence de la République , n’ont cessé de perturber le processus de la justice traditionnelle en Tunisie .
DENONCIATION D’UN SYSTÈME OLIGARCHIQUE
En effet, avec le témoignage d’Imad T. , l’IVD tente par tous les moyens de démontrer la pertinence de son travail de dévoilement du système oligarchique mis en place par Ben Ali durant 23 ans passés au pouvoir , entre novembre 1987 et janvier 2011 . » Honnêtement, sincèrement, je reconnais mes erreurs, a déclaré Imad Trabelsi . Je ne suis pas un ange. Je m’excuse devant le peuple tunisien , je suis prêt à restituer les biens que j’ai détournés . J’aimerais bien redevenir propre et blanc comme j’étais avant « .
Cheveux gominés , en chemise blanche, le fils d’un frère de Laila Trabelsi, l’épouse de Ben Ali, qui avait réussi à imposer sa parentèle au cœur des circuits économiques du pays, fait le récit de sa carrière en triturant nerveusement entre ses doigts un mouchoir en papier . Passant
de promotion immobilières à l’importation des bananes, en passant par le marché de l’alcool et la franchise de Bricorama , Trabelsi a raconté comment ses connexions familiales lui ont permis d’amasser une fortune de rapines en tout genre « Toutes les portes m’étaient ouvertes « , va-t-il résumé . « Si vous avez quelqu’un aux douanes, vous n’avez aucun problème « va-t-il ajouté , en évoquant de fausses déclarations aux douanes monnayées –pour l’importation –exportation au port de Radés près de Tunis . « J’étais généreux avec les douaniers va-t-il précisé . Ils savaient qu’il payait cinq fois plus que les autres . Trabelsi, cite notamment les manipulations autour des exportations –comportant prétendument de la valeur ajoutée locale – bénéficiant ainsi d’exemptions fiscales en vertu d’une loi datant de 1972.. Ainsi que du cuivre importé de Libye était exporté à partir de Radés sous de faux labels de téléviseurs montés en Tunisie .
Le sieur T. , avait également expliqué comment il réussit , en deux ans, à s’arroger 30% du marché de l’alcool légal et informel . « Cela rapportait un argent faramineux « a t- il souligné . Je n’imaginais pas que les Tunisiens buvaient autant « . Chacune des affaires était conclue en intelligence avec une administration coopérative . « Les fonctionnaires de l’Etat faisaient partie des clans, dit-il . Ils avaient une bourse politique et ils savaient qui montaient et qui descendaient « . Au passage , le sieur T. avait semé quelques grenades à retardement. « Il y avait eu une révolution , mais rien n’a changé « . « Selon mes échos, le même système est encore opérationnel « .
DECRYPTAGE
Par ailleurs, plusieurs personnalités qui ont été interpellées , sans explication officielle . Le chef de gouvernement , ayant évoqué « une guerre contre la corruption « . S’agit-il de la guerre contre la corruption , plusieurs fois annoncée par le gouvernement tunisien, ou un règlement de comptes entre élites économiques ? En effet, depuis le 23 mai 2017 , les arrestations de personnalités du monde des affaires se multiplient en Tunisie .
« Elles sont impliquées dans des affaires de corruption et soupçonnées de complots contre la sûreté de l’Etat par leur incitation et le financement présumé de mouvements de protestation à Al-Kamour (dans la région de Tataouine et d’autres régions « ,avait déclaré à l’AFP, un haut responsable tunisien , sous couvert de l’anonymat . Mais il n’ y a pas eu d’explication officielle sur les motifs de ces arrestations, et l’on ne sait pas où se trouvent les personnes en question .
Parmi elles, figure Ch. J , un homme d’affaires qui revendique des liens avec les partis politiques , et les médias, notamment une amitié avec A. B. , chef du parti islamiste libyen « Al Wantan « . Il y a également Y. Ch., lui aussi présenté comme un « homme d’affaires » , un ancien douanier et candidat à l’élection présidentielle de 2014 . Et la liste continue de s’allonger : au moins cinq personnalités auraient été interpellées .
A la suite de l’audition de cette personnalité emblématique du régime Ben Ali, le ministre de la justice Ghazi Jribi , a saisi le parquet . Toutefois , « aucun pôle du tribunal de première instance n’a été saisi pour l’arrestation des sieurs . J. et CH « . Aucun mandat d’amener n’a été émis « affirmait S. S , le porte-parole du tribunal , mercredi matin, au Monde Afrique .
RECOURS A L’ETAT D’URGENCE !
« La législation portant sur l’état d’urgence est la seule possibilité pour le ministre de l’intérieur de mettre aux arrêts des citoyens sans passer par la justice « , précise F. J , avocat de Chafik J. , qui a cherché son client dans différents services du ministère de l’intérieur , en vain . Me J. s’est également adressé à la caserne militaire d’Al-Acouina , qui avait nié la présence du sieur Jarraya .
Par ailleurs, le recours à la base légale de l’état d’urgence pour procéder aux arrestations pourrait toutefois fragiliser les poursuites : l’état d’urgence est régi par un décret présidentiel datant de 1998 . Il n’est pas en phase avec la nouvelle constitution tunisienne , qui prévoit un contrôle parlementaire de cet état d’exception . Dernièrement, certaines assignations à résidence basées sur ce décret ont même été cassées par le tribunal administratif .
LA LABORIEUSE TENTATIVE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE , POUR RASSURER UN PAYS INQUIET …
L’arrestation de Ch. J. avait fait en tout cas, un grand bruit . L’homme est un personnage sulfureux . Originaire de Sfax, à la tête de plusieurs entreprises (employant plus de 40^000 personnes dans le secteur agro-alimentaire . Il, se présente comme autodidacte : sorti de l’école trop jeune, puis vendeur ambulant . Ses liens avec les T. , particulièrement la belle-famille de Ben Ali, , lui ont permis de se faire une place dans le monde des affaires :il est notamment surnommé « Chafik la banana « , pour avoir dominé le marché de l’importation de bananes, avec le clan des « Trabelsi » .
SULFUREUX PERSONNAGE INFLUENT MANGEANT A TOUS LES RÂTELIERS …
Depuis 2012, le sieur J. , s’est aussi ullistré par ses sorties médiatiques : fin 2016, il affirmait avoir » acheté des journalistes » …L’homme ne s’est jamais présenté à une quelconque élection – même pas communale- Cependant, il est politiquement influent . Il a adhéré au parti Nidaa Tounès , fondé en 2012, par l’actuel président de la République , avant de s’en retirer en 2015 . Il dispose d’un réseau de politiciens et d’élus qui s’affichent en sa compagnie dans ses déplacements .
En effet, le sieur J. avait indiqué à plusieurs reprises d’être à la disposition des autorités judiciaires pour toute enquête sur sa fortune , que beaucoup attribuent à la contrebande et à des passe-droits obtenus grâce à des pots de vins . En octobre 2016, il avait même défié le chef du gouvernement , dans une intervention télévisée sur la chaîne « El-Hiwar Ettounsi « , en déclarant : » : Youssef Chahed n’est même pas en mesure de mettre une chèvre en prison « , avait affirmé . Il semble que l’intéressé ait décidé de relever le défi .
M. Chahed s’est succinctement exprimé mercredi soir : « Dans la guerre contre la corruption , il n’y a pas d’alternatives . C’est la corruption ou la Tunisie . Moi, comme tous les Tunisiens , j’ai choisi l’Etat . Je veux rassurer tous les Tunisiens , le gouvernement prend toutes ses responsabilités , il mène une guerre contre la corruption jusqu’au bout . Je demande aux Tunisiens de rester unis dans cette bataille et de rester debout pour la Tunisie « .
Pour Mouhoub Karwi, , cofondateur de l’association anti-corruption « I Watch, la prochaine étape de cette bataille contre la corruption « , devrait viser des hommes d’affaires du sérail, ceux qui sont intégrés à l’Uticia - Union tunisienne de l’industrie et de l’artisanat - , le syndicat des patrons en Tunisie .
BILAN ECONOMIQUE ET SOCIAL D’UNE ANNEE DIFFICILE
L’arrivée de Youssef Chahed au pouvoir, il y a exactement une année fut un soulagement . Le constat d’échec de la politique hasardeuse de l’ancien premier ministre, Habib Essid qui avait conduit le pays dans une quasi faillite : l’économie à l’arrêt depuis plusieurs années affichait des carences profondes, avec à l’appui une baisse de 3% du PIB , sur la période de 2012-2015 . Les secteurs porteurs comme le commerce et l’industrie souffrent des décisions calamiteuses de leurs ministères respectifs .
Le tourisme sinistré, par les attentats répétitifs ne décolle pas malgré l’injection massive de fonds publics pour le faire démarrer . Mais chaque tentative de démarrage se solde par un échec cuisant . Les observateurs économiques amputent cette situation calamiteuse à la personnalité de l’actuelle ministre du tourisme, la seule représentante du parti islamiste Ennahda, émanation des Frères musulmans qui avaient jeté leur dévolu sur ce ministère pour des raisons idéologiques . Il s’agit d’une curiosité , puisque la ministre d’Essid a été reconduite dans ses fonctions malgré les attentats à répétition .
Rappelons-nous, que le secteur du tourisme représentait 7% du PIB (Produit Intérieur Brut ) , en 2011 . Soit 1,9 milliards de dollars . Les tours opérateurs opérant en Tunisie , prélevaient 76% de la manne, le reste est reversé au pays sous forme de taxes . Il s’agit d’une pantalonnade qui dure depuis 1992, année de la privatisation totale du secteur sous Ben Ali et sa clique de kleptomanes . Les islamistes d’Ennahda et leurs colistiers de Nida Tounès n’ont pas fait mieux . Ils ont reconduit le système Ben Ali avec toutes ses turpitudes à la sauce islamiste .
Quant à leur leader R. Ghannouchi, officiellement n’a aucun poste de commandement, il tire les ficelles et distribue les cartes . C’est lui, en manœuvrant habilement tous les protagonistes de la classe politique tunisienne : il a réussi à casser Nidaa Tounès en le scindant en plusieurs fractions rivales : les légitimistes bourghibistes ( un tiers des adhérents, le deuxième tiers revient à Hafedh Essebsi, fils du président de la République et allié du fils du Président . Le dernier tiers de Nidaa Tounès s’est éparpillé à travers les autres mouvements politiques , tout en essayant de créer un parti transcendant les partis , célébré en grande pompe le premier avril 2017 . Depuis l’eau a coulé sous les ponts de la Medjerda et le pays tangue au gré des turpitudes de sa classe politique .
Amputé de sa majorité parlementaire, , le premier ministre essaye de colmater les brèches et concilier l’inconciliable : un parlement à la dérive , sans majorités claires , un premier ministre soumis à toutes sortes de turpitudes avec des ministres mis d’office à la retraite , en l’occurrence les ministres de l’éducation nationale et la ministre de l’économie qui avait montré ses limites, malgré sa formation d’économiste . D’autres attendent leur révocation ou leur transfert à d’autres occupations . Bref un état délai taire objectivement ingérable. Mais malgré tout, l’Etat fonctionne normalement : aucun service de l’Etat est défaillant et soudain la justice s’est réveillé de sa torpeur . plusieurs potentats locaux goûtent aux délices de l’incarcération, d’autres ont vu leurs biens mis en sûreté à la Banque Centrale de Tunisie (BCT), notamment le député S.R. , propriétaire, entre autre du club sportif le « Club Africain « . Riche comme crésus , cependant, personne ne connaît l’origine de la fortune d’un quidam né en Tunisie , mais ayant vécu toute sa vie en Libye . Son père, était une ponte du négoce du pétrole . Les mauvaises langues attribuent sa fortune à sa proximité avec la famille Kadhafi, particulièrement, son fils Essâdi, joueur de foot, de ligue B , en Italie .
Maintenant son club de foot est au bord du gouffre. La dernière fois qu’il avait mis le nez dehors , il s’est fait copieusement sifflé par les supporters du club . La majorité des supporters l’ont hué avec un retentissant « dégage « qui rappelle curieusement le fameux « dégage « à l’encontre Ben Ali .
Pour le moment, protégé par son immunité parlementaire, la justice ne peut pas l’inquiéter pour ses turpitudes financières supposées . Mais la confiscation de ses biens est, selon certaines sources proches du dossier, n’est pas à exclure , surtout que la Banque Centrale du pays (BCT) , enquête depuis plusieurs mois sur les origines de sa colossale fortune . Pour le moment, il est intouchable !
Mais le bras de la justice est long : immunité ou pas, un jour viendra pour solder les comptes , surtout que l’intrépide a fait de solides ennemis bien placés dans les hautes sphères du pouvoir. C’est toujours comme ça, les moins qualifiés ,paient les pots cassés , plus qu’on est prétentieux, moins qu’on est habilité de jouer dans la cour des grands . De toute façon, son mandat législatif, prendra fin officiellement en 2020, donc bientôt ! Donc, le député R. rattrapé par ses turpitudes redeviendra comme un ovni comme il avait surgit de nulle part, ou une étoile filante qui finissait sa course nulle part …
LA LUTTE ANTICORRUPTION EN QUESTION
Le premier ministre, Youssef Chahed avait déclenché une opération « mains propres « sans précédent depuis la révolution de 2011. Officiellement, tout le monde est d’accord. Cependant, comment s’opposer à une campagne anticorruption ? « C’est soit la corruption, soit la Tunisie « , avait lui-même résumé le premier ministre, Youssef Chahed, en donnant le coup d’envoi , fin mai , d’un vaste coup de filet contre des réseaux de mafieux, voire de simples ripoux . L’affaire est sans précédent depuis la révolution de 2011. Elle se manifeste comme un sursaut du pouvoir exécutif face à une sombre perspective , celle de « voir la Tunisie devenir un Etat mafieux « , selon la mise en garde rituellement par Chawki Tabib , le président de l’instance nationale de la lutte contre la corruption ( Inclucc) .
En effet, depuis le 23 mai, les lignes ont bougé . Une quinzaine d’arrestations d’hommes d’affaires et de cadres dans l’administration , la plupart liés à la contrebande (spécialité des islamistes ), ont modifié le climat politique . » C’est très sérieux , cela augure un changement profond « , commente, M. Ayari, analyste pour la Tunisie de l’international Crisis Group (ICG). L’offensive a fait grimper sa cote de popularité du premier ministre , M. Chahed , le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire du pays (41 ans ) . Technocrate, jusqu’alors effacé …
Par ailleurs, si la classe politique applaudit en façade, les alliés du pouvoir s’enfièvrent de petites et grandes manœuvres . Nidaa Tounès et Ennahda , le parti « moderniste « et la formation « islamiste », issu des Frères musulmans , réconciliés , après une dure rivalité des années - 2012-2013 – au sein de la coalition dirigeante, sont sur leurs gardes face aux nouvelles ambitions de M. Chahed. La rumeur annonce un remaniement ministériel pour la seconde moitié de juillet . M. Chahed qui ne peut pas s’en passer de leur soutien parlementaire, risque de se voir davantage ligoté . « Ils veulent l’affaiblir « , commente un ex-député de Nidaa Tounès .
L’ELEMENT DECLENCHEUR DE CE CHARIVARI POLITIQUE
Par son action, le premier ministre avait perturbé bien des intérêts en s’attaquant frontalement à un certain Chafik Jarraya, figure emblématique de cette nouvelle caste d’entrepreneurs issue des activités de la contrebande . Ancien second couteau du clan Trabelsi, ( la belle-famille de Zine El Abidine Ben Ali, ex-dictateur chassé du pouvoir par la révolution de 2011, le sieur Jarraya avait prospéré après la révolution, jusqu’à devenir l’incontournable facilitateur dans les cercles du pouvoir . Il avait financé les campagnes électorales de Nidaa Tounès en 2014, tout en cultivant des connivences avec des islamistes libyens et tunisiens . Il se vantait lui-même d’avoir acheté environ vingt-cinq députés et nombre de journalistes . Sûr de son influence, et provocateur invétéré, il mettait M. Chahed au défi de l’arrêter, ce que ce dernier a fini par le faire .
Quant au rôle qui lui est prêté dans la récente » agitation sociale « dans le Sud tunisien est en liaison avec ses attaches avec les réseaux libyens , ont finalement fini par l’associer à une menace de type stratégique . En effet, l’élément déclencheur de son arrestation pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » , « trahison et intelligence avec une armée étrangère « , a été sa rencontre à Genève, le 18 mai , avec le chef islamiste Libyen A. Belhadj , doté de multiples liens avec des groupes armées dans son pays . La veille, le sieur J. aurait rencontré , dans le même hôtel , selon une source , ayant eu accès au dossier . Il s’agit d'un Français , ex-acteur dans l’ombre de la diplomatie parallèle en Afrique, du Temps de l’ancien Président Jacques Chirac .
Les conversations auraient porté sur une livraison d’armes destinées à un pays africain et devant transiter par le Sud de la Tunisie . Telles sont en tout cas les pièces figurant dans le dossier d’accusation, ce que contestent ses avocats . Quoi qu’il soit , l’arrestation du sieur Jarraya avait infligé de sévères dégâts collatéraux à Nidaa Tounès .
Le chef du groupe parlementaire du parti à l’Assemblée, S.Toubal, et deux autres députés de Nidaa Tounès ont été entendu par la justice militaire , en raison de leurs connexions avec le toxique homme d’affaires sulfureux . L’embarras est d’autant plus vif à Nidaa Tounès que ces députés sont très proche du chef du parti , Hafedh Caïd Essebsi. Ce dernier , qui doit son poste à sa qualité du fils du Président de la République , Béji Caïd Essebsi , espérait contrôler le premier ministre . Or M. Chahed ayant déclenché la campagne anticorruption sans le consulter.
CONCLUSION
« Le chef du gouvernement s’est autonomisé en jouant l’opinion publique contre les partis « , observe , un député dissident de Nidaa Tounès, R. Belhadj. Ainsi, les partis de la coalition , Nidaa Tounès et dans une moindre mesure, Ennahda , souhaitaient-ils rétablir leur ascendant sur l’exécutif .
Le Président Béji Caïd Essebsi, pilote la lutte anticorruption en tandem avec le premier ministre , Youssef Chahed, mais orfèvre en rapport des forces en présence, il laisse son premier ministre s’exposer seul, voire prendre les coups …
C’est un peu dire, que le chef du gouvernement avance en terrain miné . Sa principale faiblesse serait que l’offensive s’avère, à ce stade limitée . Elle cible surtout les entrepreneurs émergeants , nouveaux riches, ayant bâti des fortunes grâce à la contrebande , laquelle, a fleuri, sur l’affaiblissement de l’Etat, depuis la révolution, jusqu’à représenter 40% du PIB. Cependant , aucune figure de l’élite traditionnelle , économique, administrative et politique , n’a pour l’instant, été inquiétée . « Je pense que M. Chahed est sincère , mais il lui faut aller plus loin « , affirme le président de l’Inclucc « , M, CH. Tabib., en ajoutant « il doit s’attaquer plus profondément aux réseaux de l’administration ,notamment les marchés publics . Il y a tout un système hérité de Ben Ali à démanteler « .
Si M. Chahed veut échapper au soupçon, notamment celui de servir les intérêts de la Fédération patronale UTICA , qui a toujours appelé à combattre la concurrence déloyale infligée par la contrebande au secteur informel , il lui faudra aussi s’intéresser aux pratiques de certains groupes industriels ou financier , ayant pignon sur rue , soulignent de nombreux observateurs . A défaut de ses détracteurs, ou les sceptiques trouveront à leur angle d’attaque . « Les arrestations sont , pour l’instant, très sélectives « , dénonce Fayçal Jadlaoui , avocat de Chafik Jarraya . et ajoute « Pourquoi ne pas arrêter certaines grosses têtes de l’Etat ? Seuls les maillons faibles du système sont touchés « .
« S’il ne va pas plus loin , « , souligne un proche du parti islamiste Ennahda, » cela prouvera que la campagne n’est que la poudre aux yeux « .
Par ailleurs, la pression s’intensifie ainsi pour que le premier ministre porte le fer le plus radicalement dans la plaie . « S’il échoue, c’est que l’Etat qui tombe , « , averti , un homme d’affaires , car « cela signifiera que les mafia ont gagné « . Mais les rivaux sont à l’affût . Elargir le champ des arrestations , c’est aussi prendre le risque de faux pas politiques judiciaires susceptibles de se retourner contre lui .
Maintenant, le dernier mot revient au parlementaires Tunisien de décider . A notre connaissance, le Premier ministre, Chahed a fait du bon travail, malgré les obstacles et les rivalités politiciennes . Son action « mains propres « est nécessaire pour bâtir une Tunisie démocratique et libre de toutes entraves, particulièrement la corruption qui gangrène la vie politique tunisienne depuis 1989, quand le clan avait fait main-basse sur la Tunisie .
Quant au parlement tunisien, il est temps qu’il se réveille de son sommeil profond et fasse son travail d’arbitrage , faute de quoi, l’Histoire avec un grand H vous inscrira dans ses oubliettes et les martyrs de la Révolution se cacheront le visage pour ne pas voir vos hideux tête .
- Voir notre éditorial « Les cent jours du premier ministre Youssef Chahed » paru sur notre site www.dr-ben-abdallah.ch le 02/02/ 2017 .
VIVE LA REPUBLIQUE, VIVE LA TUNISIE
DR MOHAMED BEN ABDALLAH ;
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION ;
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB ;
AUTEUR DE L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE
LE POSSIBLE & LE REALISABLE ;
EN LIGNE SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch , depuis
LE 1er MARS 2009 ;
&
EDITORIALISTE –REDACTEUR EN CHEF DU SITE www.dr-ben-abdallah.ch ;
DEPUIS LE 1er MARS 2009 ;
DEMEURANT SIS 1202 Genève - CH
Jeudi 07 Septembre 2017