EDITORIAL POLITIQUE
CCG : CHRONIQUE D’UNE DESINTEGRATION ANNONCEE
SITUATION GENERALE
Le Conseil de coopération du Golfe ( CCG) avait vu le jour au début des années quatre vingt (1981), en réaction à la guerre Iran-Irak . La création de cette entité en tant qu’alliance économique et militaire regroupant les six « bédoucraties » * ( Arabie saoudite, Emirats arabes unis, le Koweït , Oman , le Qatar et Bahreïn ) . Le 5 mars dernier, l’Arabie saoudite , Les Emirats arabes unis et le Bahreïn ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs au Qatar . Un geste sans précédent dans l’histoire des relations entre les Etats du Conseil de coopération du Golfe (CCG), alliance économique et militaire qui regroupe les six pays de CCG ) Arabie saoudite, Koweït, Bahreïn. EAU, Qatar et Oman , tous monarchiques et partagent l’obscurantisme wahhabite pour les uns et chiite pour les autres . La crise actuelle est la plus importante au sein d’une entité qui s’était créée dans la peur des deux anciens puissants de la région en l’occurrence l’Iran et l’Irak qui ne cachent pas leur mépris pour ces « bédoucraties » qui se sont réveillés de leur sommeil séculaire , au début des années septante . Rappelons que le CCG était une réaction à la guerre Iran-Irak ainsi qu’à la révolution islamique chiite de Khomeiny en Iran, en 1979, dont la propagation aurait menacé l’existence même des monarchies sunnites du Golfe . En effet, dés les années quatre-vingt , les pays du CCG ont pu jouir de la protection des Etats-Unis qui, à travers la doctrine « Carter » qui considérait que toute tentative de contrôle du golfe resterait une menace à leur sécurité nationale . En échange de cette protection , l’accès aux réserves d’hydrocarbures à discrétion . Les Etats-Unis assureraient la sécurité ses Etats arabes du golfe . Cependant, la crise actuelle remet en question les fondements de la sécurité régionale qui ont prévalu ces trente dernières années . Elle est révélatrice d’une évolution de l’équilibre des forces qui pourrait être utilisé en trois phases à savoir : les révoltes populaires , qualifiées à tort ou à raison de « printemps arabe « ont ouvert une première brèche dans l’architecture sécuritaire traditionnelle du Golfe .
En effet, par leur soudaineté, et l’étendue de leur propagation , rendue possible , en grande partie, par les réseaux sociaux et la chaîne de télévision Al-Jazira , ces mouvements populaires ont représenté un défi majeur pour les régimes obscurantistes monarchiques, comme l’Arabie saoudite , des EAU et de Bahreïn . Ces derniers voyant dans la montée de l’islam politique incarné par les Frères musulmans , sous les oripeaux de la démocratie une menace directe à leur survie . En effet, le Qatar, à travers ses liens étroits , établis de longues dates , avec la confrérie égyptienne , notamment en offrant une terre d’asile à son éminence grise, le prédicateur égyptien , naturalisé au Qatar, cheikh Youssef Qadrawi , ayant vu dans ces révoltes , une opportunité de s’affranchir du grand frère saoudien et même de prendre le leadership de la région . Doha a ainsi mené une politique étrangère « indépendante « en soutenant ouvertement les Frères musulmans ainsi que d’autres mouvances de l’islam politique en Libye , Palestine, Syrie, Tunisie , Yémen et surtout en Egypte où , le gouvernement de Mohamed Morsi avait bénéficié de la manne financière du minuscule émirat . La chute de l’Egypte de Moubarak, quand à elle, représente un défi de taille pour l’Arabie saoudite , les EAU et le Bahreïn car elle était alliée à ces régimes , représentant ainsi , un rempart à la propagation des idées de la confrérie . Le changement de régime en Egypte ayant ouvert la voie à la deuxième phase de cette transformation géopolitique , à savoir un bouleversement des fondamentaux de la sécurité régionale dans le golfe . D’une part, le soutien américain des bédoucraties du CCG devint presque insignifiant après le rapprochement de Washington du nouveau régime iranien de Rohani . Ce qui affola les membres du CCG .
Bien que Washington n’ait pas modifié sa contribution militaire dans le Golfe, la chute de Moubarak , allié traditionnel des Etats-Unis, ainsi que leur non-intervention en Syrie, malgré l’insistance de Riad et ses vassaux les EAU et le Bahreïn, ont conforté les « bédoucraties » du Golfe dans leur perception que Washington mettait en pratique son orientation vers l’Asie qui consiste à recentrer ses priorités stratégiques afin de contrer l’hégémonie de la Chine . Sans oublier l’exploitation intensive du gaz de schiste qui rend l’Amérique , premier producteur mondial de pétrole , devant son éternel rival l’Arabie saoudite . En effet, la perception du désengagement américain a été renforcé par l’ouverture surprenante des Etats-Unis vis-à-vis de l’Iran, avec à la clé l’accord de Genève , en novembre 2013, brisant ainsi l’isolement de l’Iran . Cette ouverture diplomatique a été interprétée par les « bédoucraties « du Golfe comme un avertissement . Le parapluie sécuritaire américain ne pouvait plus être acquis et/ce d’autant plus que la dépendance énergétique des Etats-Unis , le premier producteur de pétrole , à l’horizon de 2015.
La conjugaison des exigences des Frères musulmans et la perception du désengagement américain de la région ont mis au grand jour les dissensions internes au sein du CCG qui surgissent à chaque nouveau défit à relever . En effet, aussi longtemps que le parapluie sécuritaire américain étant tenu pour acquis, ces tensions n’ont pas de conséquences majeures . En effet, tant que Washington se porte garant de la protection des « bédoucraties « du Golfe , les dynamiques enclenchées depuis 2011, ont forcé à contrario un repositionnement géostratégique de ces Etats . Les régimes d’Arabie saoudite , des EAU et de Bahreïn, virent dans la montée des Frères musulmans , ainsi que dans le dégel des relations avec l’Iran, une menace directe de leur survie . En effet, en décembre dernier , l’Arabie saoudite avait proposé une union politique des Etats du CCG qui aurait permis à Riyad d’affirmer son hégémonie régionale . Mais l’estocade est venue d’Oman qui a décliné fermement cette offre , épargnant ainsi au Qatar et aux EAU , d’en faire autant . Le Qatar a été prié de s’engager à ne plus soutenir les Frères musulmans ainsi que de ne plus leur offrir une caisse de résonance , à travers la chaine de télévision Al-Jazira . L’Arabie saoudite qui voyait dans l’arrivée au pouvoir en juin 2013 du nouvel émir du Qatar , le jeune cheikh Tamim Ben Hamed Al-Tahani , une opportunité de remettre le minuscule émirat sur le chemin de Riyad. Ce dernier, dans la continuité de son père , Cheikh Hamed Ben Khalifa Al-Tahani, ayant décliné la proposition saoudienne réaffirmant ainsi l’indépendance de son pays et provoquant ainsi l’ire de Riyad . Bien que maintenant, le Qatar ne montre pas de signes de concession, comme l’ont indiqué les résultats du dernier sommet de la Ligue arabe , il lui sera difficile maintenant de maintenir sa politique actuelle . En effet, l’échec politique des Frères musulmans en Egypte prive le petit émirat du bras de levier sur lequel reposait sa politique étrangère depuis 2011 qui consiste à semer la pagaille et la zizanie partout où il passait : Libye, Tunisie, Syrie, Afrique sub-sahériennne etc…) . Etant à la recherche d’alliés externes à travers un rapprochement avec l’Iran, sachant que le fondateur des Frères musulmans est d’origine iranienne et que le Cheikh du Qatar et sa troisième femme, d’origine égyptienne , sont acquis cœur et âme à cette confrérie . Cependant, un tel rapprochement serait difficile, voire, politiquement suicidaire d’un point de vue politique et surtout religieux . Les fondamentaux de ce minuscule émirat ( dont la superficie ne dépasse pas 1/3 d’un canton Romand) .
Voir grand n’est pas une tare si on retourne aux fondamentaux des politiques étrangères des petits Etats basé sur les stratégies de niche qui semble plus appropriée pour Doha . Car jouer les grands quand on est minuscule ne peut être que ridicule … Mais si on a pas peur du ridicule , tout est permis, jusqu’au jour où la tuile arrive et on se fait écraser comme un insecte qui ne porte pas chance (…) Par ailleurs, la résistance déterminée du Qatar, la politique d’escalade menée par l’Arabie saoudite montre également ses limites car elle transforme toute concession par l’une des parties en désaveu public . Dans ces conditions , il devient difficile de sortir de la crise sans perdre la face . La crise actuelle représente donc, un jeu à somme nulle dont la résolution sera révélatrice du nouvel équilibre des forces dans la région . Il est fort probable, que l’Arabie saoudite remporte le match nul en tirant son épingle du jeu par une pirouette . Cependant il n’est pas à exclure une désintégration de cette entité née dans la peur et qui pourrait finir comme elle est née dans la confusion …
LES EMIRATS ARABES UNIS SCRUTENT LES RIVES DU DETROIT D’ORMUZ
Avec la reprise des négociations internationales sur le dossier nucléaire iranien fin 2013 , la perspective d’accéder à un marché de 73 millions d’habitants fait saliver les entreprises du monde entier , y compris les Suisses . Situés à 50 kilomètres à vol d’oiseau de la République islamique d’Iran, de l’autre côté du détroit d’Ormuz, les Emirats arabes Unis (EAU) se trouvent aux premières loges , dans l’attente d’un éventuel accord mettant un terme aux sanctions internationales contre l’Iran . D’autant que tous les hommes d’affaires de l’Emirat sont d’origine iranienne . En effet, les Emirats arabes unis (EAU) et l’Iran entretiennent depuis longtemps des relations , le moins qu’on puisse dire, ambiguës à cause d’un vieux conflit territorial : au large des plages de sables de Ras al-Khaimah , petit émirat au nord de Dubaï, les îles d’Abu Moussa et Tunb , sont occupés par Téhéran depuis le départ des Britanniques, à la fin des années soixante. Mais revendiquées par un autre émirat, celui de Charjah. Outre ce différent territorial , le Golfe sur lequel s’ouvre de détroit d’Ormuz est « persique » pour les uns , arabique pour les autres . Cependant, le destin des deux Etats riverains reste étroitement lié . Même si les Iraniens sont de confessions chiites et les Emiratis sunnites . Bien qu’aucun chiffre officiel ne soit disponible, on estime qu’au moins 400'000 Iraniens vivent aujourd’hui dans les Emirats , dont 80% à Dubaï . Les premiers dont arrivés au début du XXème siècle . Les autres ont fuit leur pays après la révolution islamique (1979) et la guerre avec l’Irak qui s’ensuivie (1980-1988) . Cette forte présence d’Iraniens , des marchands pour la plupart , ayant contribué au renforcement des relations commerciales entre les deux pays . Selon le chercheur M. Clément Therme , « l’existence même de Dubaï est étroitement liée à la République islamique «. En effet, ce n’est que dans les septante, que la place régionale forte en terme de commerce était Téhéran grâce à ses ports . Ce n’est qu’à la suite de la révolution islamique , et les sanctions qui ont frappé le pays que Dubaï ait pu devenir la zone de transit d’aujourd’hui . A la croisée de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique , le port de Djebel Ali, situé à 35 KM au Sud-Ouest de la ville , représente une plaque tournante pour le commerce mondial . Avec 13,6 millions de Conteneurs en 2013, il est devenu en quelques années l’un des plus importants ports commerciaux de la planète . Par ailleurs, pendant longtemps, les migrants iraniens installés aux émirats ont servis d’intermédiaires aux émirats afin de pouvoir éviter les sanctions internationales . Et permettre à l’Iran d’importer des produits visés par les sanctions . « Aujourd’hui encore, tout le monde utilise les banques de Dubaï pour contourner l’embargo « souligne un expatrié Français, résident sur place . C’est secret de polichinelle . Par ailleurs , la place financière de Dubaï a été régulièrement pointé du doigt par les puissances occidentales « . Il ne faut pas être dupe , prévient toutefois Clément Therme. Toutes les entreprises profitent de Dubaï pour faire des affaires avec l’Iran . Les intérêts économiques et politiques ne correspondent pas « .
En effet, ces dernières années les pressions internationales se sont renforcées obligeant ainsi les Emirats de respecter davantage les sanctions internationales , en apparence, du moins . Ainsi, il est devenu impossible pour un Iranien d’ouvrir un compte dans une banque de Dubaï. En juillet 2010, les autorités de la zone franche de Ras -el -Khaimah ont même annoncé qu’elle n’attribueraient plus de licences aux Iraniens . Par ailleurs, les échanges commerciaux des deux Etats riverains du Golfe, ont été affectés par cette nouvelle politique . Selon les statistiques de la douane iranienne, les exportations de produits non pétroliers des EAU vers l’Iran ont chuté de 46% entre 2012 et 2013 . Avec 10,6 milliards d’échanges commerciaux annuels, les Emirats restent néanmoins , le premier exportateur vers l’Iran . Mais ils ont perdu le rôle d’intermédiaire qu’ils jouaient avec certains pays . La Chine , par exemple, continue d’exporter 276'000 tonnes d’acier chaque année vers la République islamique , selon l’Agence Bloomberg . Sans passer par les pays du Golfe . En effet, dans le port de Djebel Ali, on se souvient qu’avant les sanctions, 60% des marchandises qui transitaient par là repartaient directement vers l’Iran une fois chargées sur de petits cargos . « Si les activités reprennent avec la République islamique , tout le monde espère bien retrouver ces niveaux là « .
Pour l’heure, à Dubaï comme ailleurs, la question iranienne demeure encore taboue . Et la même ritournelle tourne en boucle auprès des entrepreneurs : « Nous ne traitons pas avec l’Iran tant que les sanctions internationales seront en place . Par contre, d’autres le font très bien « . Tandis que les Emirats se remettent d’une crise financière sans précédant qui les a frappés en 2009, les dirigeants du pays ont eux aussi , le regard tourné vers le détroit d’Ormuz . En janvier dernier, alors que les relations entre l’Iran et les Etats-Unis prenait l’amorce d’un dégel , Cheikh Mohamed Ben Rached Al-Maktoum, premier ministre des EAU , n’a pas hésité à se distancer du « grand frère « saoudien sur ce dossier hautement sensible pour la région . « L’Iran est votre voisin et nous ne voulons pas de problèmes « . a-t-il expliqué aux journalistes de la BBC avant d’ajouter « Que les sanctions soient levées et tout le monde en profitera « . Il est évident qu’une ouverture du marché iranien aurait des répercussions positives sur l’économie des Emirats .
DUBAI RENOUE AVEC LES EXTRAVAGANCES
« Le problème n’est pas que l’émir de Dubaï n’a rien appris de la crise de 2010,
mais c’est qu’il a vite oublié même ses origines bédouines » ,
explique un expatrié international . *** Depuis l’attribution de l’exposition universelle 2020, l’activité ayant repris de plus belle. Mais alors que les prix de l’immobilier explosent , certains craignent une répétition de la crise de 2009 . Elle devait s’appeler Burj Dubaï, mais la crise de janvier 2010, lors de son inauguration officielle , la plus haute tour du monde (828 mètres ) , à la pointe de son antenne , a été renommée « Burj Khalifa, en l’honneur de l’émir d’Abu Dhabi, cheikh Khalifa bin Zayed al-Nahyane . Deux mois plus tôt , en pleine crise financière , Abu-Dhabi avait prêté d’urgence 10 milliards de dollars à Dubaï , incapable de rembourser une dette arrivant à échéance .Une aide versée au nom de la « péréquation financière » qui prévaut entre les sept émirats arabes unis (EAU), depuis leur création en 1971 . Une aide aussi conséquente valait bien un changement de nom (…) sic ! Malgré le soutien de son voisin qui, par ailleurs détient 95% des réserves pétrolières des EAU, Dubaï n’a pas échappé à la crise , contractant ainsi son Produit Intérieur Brut (PIB), de 4,4%, en 2009, selon les chiffres officielles . Même s’il s’est repris l’année suivante …Tout le monde garde encore en mémoire, les voitures de luxe abandonnées à la va-vite par les expatriés surendettés souhaitant échapper aux autorités . Rappelons-nous de la sortie du Cheikh de Dubaï de son mutisme légendaire pour fustiger la presse internationale et les étrangers, les accusant d’être à la source de ses malheurs . Oubliant au passage que c’est sa démesure et sa mégalomanie qui furent ses malheurs …Un ange passe et quelques années ont suffit pour oublier la déconfiture de 2010 et repartir comme d’habitude dans un nouveau cycle de la mégalomanie .
Elle est majestueuse, la tour « Borj Khalifa » , elle illustre, aujourd’hui, le dynamisme retrouvé de la capitale mondiale du luxe et l’extravagance . Un nouveau souffle visible depuis la plate-forme ouverte au public . Perchée à 450 mètres au dessus du sol, coincée entre le désert et le golfe arabo-persique , Dubaï s’étend sur près de 140 kilomètres . Les chantiers en contrebas, se comptent par centaines et les bouchons ont fait leur retour , comme les listes d’attente dans les écoles internationales . En effet, le retour des expatriés , dont font parie quelque 3000 Suisses, avait été amorcé, quelques années plus tôt , avec le retour de la croissance . Cependant, à écouter ceux qui vivent sur place, le véritable déclic avait été l’attribution , en novembre dernier , l’Exposition universelle 2020 . L’émirat attend 25 millions de visiteurs (…) sic ! , contre 10 millions l’année dernière , et prévoit de doubler le nombre de chambres d’hôtel disponibles , d’ici là, pour le porter à 160'000 . Une nouvelle cité doit sortir de terre , pour l’occasion . Un tram en construction et il est même question de relier les Etas de la région par une ligne ferroviaire . En tout, Dubaï prévoit investir 24 milliards de dollars . Des entrepreneurs étrangers comptent bien profiter de l’aubaine financière . Des Suisses, mais aussi des Belges, des Indiens se bousculent au portillon . La part du lion revient incontestablement aux Français, protecteurs officiels des EAU et qui possèdent une base militaire sur place avec un aéroport militaire autonome , 500 militaires, quelques mirages 2000 et une escadrille de Rafale .
De leur côté , les autorités estiment que l’organisation de l’événement devrait permettre à l’émirat de gagner des ponts de pourcentage de croissance supplémentaires . Afin d’atteindre une croissance moyenne de 5,5%, jusqu’en 2020, l’émirat doit maintenir une cadence infernale pour atteindre cet objectif . Toutefois cet optimisme n’est pas suffisant à dissiper certaines inquiétudes qui entourent Dubaï et surtout son modèle économique, le moins qu’on puisse dire déficient . D’autant plus, que la dette publique de Dubaï atteint toujours 140 milliards de dollars , soit plus que 100% de son PIB . Au mois de janvier , le Fonds monétaire International (FMI) avait lancé un premier signal d’alarme : « Si les méga-projets liés à l’Exposition 2020 ne sont pas réalisés avec prudence, ils pourraient exacerber les risques d’une bulle immobilière « . « Le problème n’est pas les Dubaïotes n’ont pas appris la crise, explique un scientifique Suisse implanté sur place, c’est qu’ils ont vite oublié « . Par ailleurs, dans certains quartiers , les prix immobiliers ont augmenté de plus de 50% depuis le mois de novembre dernier . « On voit , aujourd’hui, les mêmes signaux avant-coureurs qu’en 2009, poursuit l’expatrié : des appartements vendus sur plans , parfois deux fois, dans la même journée , et toujours plus de personnes vivent dans la périphérique où les loyers sont plus abordables « . L’immobilier est depuis longtemps une source d’inquiétude à Dubaï , personne ne sachant vraiment si les 9'000 tours –un record – sont occupées ou nom . Face à cette situation, le moins qu’on puisse dire, délicate , surtout si l’émirat compte bien se dégager de son fardeau pétrolier , qui représente quand même 4% de son Produit intérieur brut (PIB) , le pays s’applique à diversifier son économie , sans grand succès, aucun, puisque sa dette publique représente 100% de son PIB . A moins d’un miracle économique, qui, à notre connaissance , n’a jamais existé le petit émirat va droit dans le mur ! Finance, tourisme et aviation sont les centres de sa stratégie . Avec 45 appareils , fin 2013, la Compagnie publique des Emirats dispose de la plus importante flotte d’Airbus A380 de monde (…) ! Sans compter la centaine qui aient été commandés ces derniers temps . Quant à l’aéroport Al-Maktoum, ouvert en octobre dernier, ayant pour vocation de devenir le « plus grand du monde « , avec 160 millions de passagers par année Heathrow , à Londres , en a accueilli 72, 3 millions en 2013 . Ces dernières années , Dubaï est également devenu un hub international pour les marchandises . Situé à la croisée de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique , le port de Djebel Ali, à35 Km au Sud-Ouest de la ville représente, théoriquement, une plaque tournante pour le commerce et une porte d’entrée vers les Etats pétroliers , gourmands en importations . Avec 13,6 millions de conteneurs en 2013, il est devenu , en quelques années, l’un des plus importants ports commerciaux de la planète . Par ailleurs, la BCP (Banque de Commerce et de placement ), spécialisée dans le financement du commerce international , basée à Genève, ayant ressenti le besoin de s’installer à Dubaï . C’était en 2006 .
En effet, après une période de nette décélération liée à la crise, on observe , depuis 18 mois, une reprise de la demande . Avec des projets pharaoniques liés à l’Exposition 2020, un nouveau souffle balaie la ville et pourrait aussi être démographique . Au pic des travaux, ils étaient 12'000 à œuvrer ensemble sur les échafaudages du Borj Khalifa .
Les autorités prévoient que la population de l’émirat atteindra 2,8 millions de personnes d’ici la fin de la décennie , contre , 2,2 millions actuellement ( dont 95% d’étrangers , au moins) . Les quartiers où sont logés les ouvriers étrangers , sont bien à l’écart des immeubles luxueux du centre ville , qui pourrait lui aussi, être agrandi à son tour . Il arrivera le jour où ces ouvriers s’émanciperont en demandant un référendum sur leur autonomie . Is casseront leurs chaînes et deviendront les maîtres des lieux . Après tout , les bédouins ne sont que de vils négriers de père en fils qui ont eu la chance d’être nés sur un océan de pétrole et de gaz naturel qui appartient à l’humanité toute entière . La terre n’appartient-elle pas à celui qui l’exploite ?
QUAND OMAN PREND DE L’AVANCE AVEC L’IRAN
Le sultanat a toujours entretenu des liens très forts avec l’Iran, dont une portion du territoire fait directement face à l’Iran, faire des affaires avec Téhéran est une question bien moins taboue dans les Emirats voisins . « Oman est le seul pays qui regarde ouvertement observe Manoj Vaidya , directeur « d’Oman Câble Industry « , une société qui fabrique des câbles en cuivre . Cela s’explique par les très bonnes relations qu’entretient le sultan Qabus avec Téhéran « . Preuves de ces bonnes relations de voisinage , Hassan Hohani, ayant choisi Mascate pour sa première visite « bilatérale » hors de l’Iran après son investiture en août 2013 . C’état au mois de mars , et la visite avait duré deux jours . « L’Iran tend la main de l’amitié et de la fraternité à tous les pays de la région et en particulier à ceux du sud du golfe persique « , avait alors déclaré le président iranien devant un parterre d’hommes d’affaires . Il avait ensuite affirmé que les portes de son pays étaient « ouvertes aux investisseurs de la région , notamment aux investisseurs omanais « .
PRECIEUX PETROLE IRANIEN …
Le voyage de Hassan Rohani avait été l’occasion pour les deux pays de signer un accord initial portant sur la construction d’un gazoduc sous-marin , d’une valeur d’un milliard de dollars – pour importer du gaz iranien à Oman, friand en énergie . Il s’agit d’un projet qui doit être achever à la fin 2017 . Un contrat portant sur la vente de 10 millions de mètres cubes de gaz iranien par année , durant 25 ans . Soit l’équivalent de 60 milliards , avait également été conclu entre les deux pays . Enfin , Oman et l’Iran ont prévu , à cette occasion de renforcer leurs échanges commerciaux qui ont atteint un milliards de dollars en 2013 . L’Iran entend ainsi investir 6 milliards de dollars dans des projets portuaires à Oman , notamment pour construire 100 réservoirs de stockage de pétrole et de gaz iranien au port de Dupqm, sur la mer d’Oman . Le sultanat , de son côté , prévoit investir 4 milliards de dollars en Iran , particulièrement dans la pétrochimie et l’exploitation pétrolière . Voici un modèle de coopération bilatérale à suivre …
LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS AFFLUENT ,
MALGRES LES SOULEVEMENTS DE CES TROIS DERNIERES ANNES !
Selon un rapport émis par l’Organisation arabe des garanties d’investissements et des crédits à l’exportation basé à Koweït, les investissements étrangers (IDE) avaient progressé , en 2012, de 9,8% . En effet, le flux des investissements directs étrangers (IDE), dans les pays arabes , y compris ceux du « Printemps arabe » avait augmenté de 9,8 %, en 2012, malgré la violence , mais il était deçà du niveau de 2010, ayant indiqué une étude, parue le 19-06-2013 . Selon cette étude , les pays arabes avaient attiré l’an dernier 42,9 milliards de dollars d’investissements étrangers directs (IDE) contre 42, 9 milliards de dollars en 2011, précise un rapport de l’Organisation arabe des garanties des investissements et des crédits à l’exportation , basée à Koweït .
Cependant ces investissements étaient inférieurs de 28% aux 66,2 milliards réalisés en 2010, année du début de soulèvements populaires dans les pays arabes . Le dit rapport couvre 20 des 22 membres de la Ligue arabe , à l’exception de la Syrie, exclue et les îles Comores . Par ailleurs, le flux des investissements étrangers directs (IDE) ayant augmenté dans 15 de ces pays , dont la Tunisie , l’Egypte , la Libye et le Yémen , secoués par la vague de violences , ces trois dernières années . L’Arabie saoudite , chef de file de l’OPPEP, figure en tête avec 12,2 milliards de dollars , soit 25,8% du total des capitaux étrangers investis dans les pays arabes , même si sa part avait chuté de 25% par rapport à 2011 . lors de la chute brutale de Moubarak . L’autre important contributeur, n’est autre que son vassal , les Emirats arabes unis qui avaient augmenté leurs investissements directs étrangers (IDE) de 25% , pour culmuner à 9,6 milliards de dollars , l’an dernier , soit 20,8% du total . Le Liban , arrive en 3ème position, avec 7,8 milliards de dollars , suivi de l’Algérie , avec 6,2 milliards de dollars .
En Egypte, le volume des investissements directs étrangers (IDE), ayant passé d’un solde négatif de 483 millions de dollars, en 2011, à 2,8 milliards de dollars , l’an dernier , alors qu’en Tunisie , il avait progressé de 68% , s’établissant à 1,95 milliard de dollars . En Libye, ce volume est nul en 2011, s’établissant à 720 millions de dollars , l’an dernier , alors qu’au Yémen, il avait passé d’un solde négatif de 731 millions, en 2011,à 4 millions en 2012 .
Par ailleurs, les membres du CCG, ( les six bédoucraties ) du Golfe avaient attiré 26,4 milliards de dollars , soit 56% du total des investissements directs étrangers (IDE) dans le monde arabe . Une goutte d’eau dans l’océan des investissements des bédouins du golfe , comparé aux colossaux investissements globaux dans le monde qui se sont élevés en 2013 à quelques centaines de milliards de dollars , notamment, l’Union européenne, les Etats-Unis et surtout la Chine . Si le CCG disparaissait , ce ne serait pas un drame mondial . La terre tournera sans les bédouins qui, de pirates sont devenus des parvenus qui salissent tout ce qu’ils touchent en semant la désolation et le malheur, partout où ils passent avec leur ignorance crasse et leur fric . Si on jette un coup d’œil sur le rétroviseur des années soixante « Dubaï sentait le poisson pourri « , selon l’expression d’un journaliste occidental en mission dans les sept émirats de la côte des pirates, situés sur le rivage du golfe « Persique ou Arabique » , selon où on se trouve, là où la péninsule fait un coude pour remonter quelques kilomètres de la côte i iranienne .
CONCLUSION
Ces petits ports étaient, comme leur nom l’indique, des repaires de corsaires qui surveillaient l’entrée du Golfe et abordaient les navires marchands avec un savoir-faire dont Hollywood nous rappelait le style . Les habitants de ces émirats furent les plus pauvres et les plus misérables du Moyen-Orient . Ils n’avaient comme ressources que l’industrie perlière qui ne suffisait guère aux besoins des 86'000 habitants des sept émirats et des princes qui les gouvernent . Fondant leur espoir sur la découverte de l’or noir qui jaillissait … Quarante ans plus tard, on n’y rame plus . On construit des tours gigantesques, à moitié vides, des circuits automobiles , des patinoires, en plein désert, cependant, nos bédouins ne rechignent pas à assister à une course mortelle de dromadaires, ayant pour monture, un robot faisant office de « jokey » . Fini le temps où l’on courait dix fois d’une boutique à l’autre pour se faire répéter un prix, dans l’espoir d’une erreur providentielle , usant par là du stratagème de Géronte à l’égard d de Scapin . …Et un chamelier restera chamelier , même s’il habite une tour de 816 mètres. L’odeur du dromadaire lui collera à la peau comme un chagrin invisible .
* Terme utilisé , pour la première fois par le soussigné , pendant la première guerre du golfe, désignant un Etat obscurantiste qui fait appel à une puissance étrangère pour se protéger de l’ire de sa population . Le Koweït de 1990 , fut l’exemple à ne pas suivre
** Lire notre éditorial « la déconfiture de Dubaï « , paru sur notre site
www.dr-ben-abdallah.ch , le 07 janvier 2010 .
*** Lire notre éditorial intitulé « le Qatar rachète tout « paru sur notre
site www.dr-ben-abdallah.ch .
DR BEN ABDALLAH Mohamed
DR OF BUSINESS ADMINISTRATION
SPECIALISTE EN MACRO-ECONOMIE DU MAGHREB
AUTEUR DE
« L’INTEGRATIION ECONOMIQUE DU MAGHREB ENTRE & LE POSSIBLE & LE REALISABLE »
EN LIGNE SUR NOTRE SITE www.dr-ben-abdallah.ch
&
REDACTEUR EN CHEF –EDITORIALISTE
DU SITE www.dr-ben-abdallah.ch
DEPUIS le 1er mars 2009
BASE , SIS 1202 GENEVE II
01/05 /2014